“Jamais une technologie n’est allée aussi vite dans son adoption, à la fois par le grand public et aussi par les entreprises”, commentait le 6 décembre, lors de la Matinale Data & AI, Mick Levy, directeur stratégie & innovation digital services d’Orange Business.
Il fait référence en particulier aux 200 millions d’utilisateurs actifs hebdomadaires totalisés par ChatGPT d’OpenAI. Les technologies de GenAI, dans leur ensemble, ont fortement progressé au cours des deux dernières années.
L’IA générative en entreprise à la croisée des chemins
Les usages professionnels gagnent du terrain eux aussi. Les bénéfices économiques sont-ils pour autant indiscutables ? Ils ne sont pas systématiques. Pour le cadre de l’ESN française, l’IA générative en entreprise se situe à la croisée des chemins.
Oui, assure-t-il, l’IA promet énormément de valeur. Néanmoins, Elle “n’a pas encore été pleinement trouvée par toutes les entreprises.” Pour les organisations, le cap est clair : dégager de la valeur à l’échelle et “durable.”
Après l’euphorie de 2022 et 2023, les doutes se font plus insistants en 2024. “On observe des valorisations déconnectées des fondamentaux économiques et des ROI, dans certains cas incertains”, reconnaît Aliette Mousnier-Lompré, la CEO d’Orange Business.
Enthousiasme, réalisme et pragmatisme de rigueur pour transformer
La dirigeante appelle dans ce contexte les décideurs à “observer avec discernement les opportunités qui s’offrent à eux, les risques et à avoir une attitude fondée simultanément sur l’enthousiasme, le réalisme et le pragmatisme.”
Réalisme et pragmatisme car “la création de valeur n’est pas automatique et instantanée.” L’adoption de la GenAI se prépare et s’accompagne, poursuit la patronne de l’ESN, en référence notamment à la gouvernance des données, l’identification de cas d’usage prioritaires, la formation, etc.
L’expérimentation et les PoC ne sont pas une fin en soi. Cependant, “c’est en faisant, en tâtonnant, en expérimentant que les entreprises gagneront en maturité et en maîtrise. Ce sont des conditions essentielles pour toucher du doigt les sujets de fond que sont la qualité des données et l’accompagnement humain du changement”, insiste Aliette Mousnier-Lompré.
Data, change, prix, impact carbone et infrastructures
Pour Orange Business, cinq variables sont à prendre en compte dans l’équation de la valeur : les données, l’accompagnement au changement, le prix (et à travers les risques de lock-in), l’impact carbone et les infrastructures (l’ESN plaide ici pour sa paroisse).
Ces différents paramètres, les groupes BPCE et Pierre Fabre, tout comme la région Ile-de-France, les pilotent dans le cadre de leur stratégie IA (dont la GenAI est une composante).
“La prédiction est au cœur de notre stratégie. La seconde composante, c’est la mise en place d’une IA générative”, témoigne Clara Thibault, Chief AI, Data & Analytics Officer des laboratoires Pierre Fabre.
Depuis son lancement il y a 6 mois, Playground GPT – un ChatGPT interne – a été adopté par 50% des collaborateurs de l’entreprise et a dépassé les 100.000 conversations. BPCE (MaIA) et la région (GénIAl) disposent également de leur outil conversationnel.
L’Ile-de-France tirée par la GenAI
Dans la collectivité francilienne, les développements en IA restent récents (2022) et tirés par la GenAI, confie Antoine Carette, son directeur de la Donnée. La région ambitionne de déployer des cas d’usage sécurisés et adaptés à ses métiers, dont le soutien à l’innovation et au développement économique.
Elle affiche un backlog d’une centaine de cas d’usage, parmi lesquels un Tech Assistant en production. Robot conversationnel, il améliore l’assistance informatique via un accès simplifié aux données stockées dans les bases de connaissances.
Dans sa stratégie, BPCE a défini deux axes complémentaires : l’IA pour tous pour améliorer les performances individuelles et l’IA transformante via la transformation de processus business.
IA pour tous et IA pour transformer chez BPCE
Pour mettre en œuvre sa feuille de route, le groupe bancaire s’appuie sur une approche orientée produit, des actions sur la qualité des bases documentaires, et plus seulement sur les données structurées, tout comme sur des mesures en matière de formation et d’acculturation.
Sur ce volet, BPCE a d’ailleurs enrichi les modules accessibles au sein de sa Data & IA Academy. “L’humain doit conserver son discernement. Nous avons encore un cerveau et il est extrêmement complémentaire de tout ce que peuvent apporter les technologies”, souligne Luc Barnaud, Chief Data & AI Officer.
La direction Data, une structure transverse, entend s’appuyer sur les métiers, responsables d’organiser leurs propres déploiements en GenAI. Le métier du paiement de BPCE s’est par exemple doté d’un programme et d’une cinquantaine d’ambassadeurs, des relais au plus proche du business.