5 choses que vous ne savez peut-être pas sur l’OS le plus populaire au monde

5 choses que vous ne savez peut-être pas sur l’OS le plus populaire au monde


C’était il y a 15 ans… et une semaine, le 5 novembre 2007. Après des mois de spéculation autour d’un potentiel rival de l’iPhone, lancé quelques mois plus tôt, Google révélait tout autre chose. Non, il n’allait pas lancer de « GPhone », mais quelque chose de bien plus ambitieux : Android. Une plate-forme complète pour les terminaux mobiles, que le géant du Web avait concocté depuis deux ans ans en partenariat avec des grands noms de l’industrie, comme Qualcomm, Motorola, HTC ou l’opérateur T-Mobile.

Android représentait ainsi un tout nouveau modèle pour l’industrie naissante du smartphone, qui tranchait avec la logique tout intégrée d’Apple ou de Blackberry. Mais aussi avec celle de Microsoft (qui proposait un Windows Mobile monolithique sous licence) ou de Nokia, la star de l’époque, qui ronronnait avec Symbian OS. Car, inspirée par la philosophie open source, Android offrait aux fabricants de smartphones une plate-forme accessible gratuitement : un OS customisable basé sur le noyau Linux, une interface commune… Mais aussi une place de marché pour les applications et des outils gratuits pour les développeurs d’applications. Google, lui, y voyait un excellent moyen de rentabiliser ses propres services et applications sur les terminaux mobiles, dont l’usage émergeait à peine.

Crédit : HTC // Le HTC Dream, premier smartphone sous Android

Le premier smartphone sous Android ne verra le jour que l’année suivante, le 23 septembre 2008. Le HTC Dream était alors loin d’égaler les performances et l’interface révolutionnaire de l’iPhone. Mais l’engouement des fabricants autour de l’écosystème Android et les mises à jour annuelles de l’OS vont vite permettre à Google et ses partenaires de remonter la pente face à Apple. Dès 2010, notamment grâce au succès des Motorola Droid et du lancement de la gamme Galaxy S, de Samsung, l’usage d’Android explose. A la fin 2011, il devient le système d’exploitation dominant sur smartphone. Une place qu’il conserve plus que jamais aujourd’hui, avec une part de marché écrasante de 71 % en octobre 2022, selon Statcounter. Contre 28,4 % pour iOS, désormais son unique concurrent sérieux.

Pour célébrer dignement les quinze ans de ce qui est désormais l’OS le plus populaire du monde, on ne va pas vous faire l’intégralité de l’historique de ses versions aux noms de gâteaux divers et variés. On a préféré sélectionner quelques petites anecdotes que ne vous connaissez peut-être pas !

Android était au départ un OS pour appareils photo

Nous sommes en 2003 et Andy Rubin fait le saut de l’ange. Cet ingénieur vétéran, qui a déjà longtemps travaillé pour Apple, quitte Danger, une entreprise qu’il a cofondé quelques années plus tôt. Danger produit le Sidekick pour l’opérateur T-Mobile : c’est un « proto-smartphone », qui offre un grand écran (pour l’époque) ainsi qu’un clavier complet, de quoi échanger des messages et surfer (un peu). C’est plutôt un succès commercial, mais Rubin voit plus loin. Il fonde Android, avec pour ambition de concevoir un OS open source… à destination des appareils photo !

Il faut dire qu’à l’époque, les ventes d’appareils photo numériques explosent, et que le smartphone moderne n’existe pas encore. Rubin imagine donc initialement une plate-forme ouverte pour « caméras intelligentes ». L’idée est non seulement de proposer un OS gratuit, mais aussi un service de stockage des photos dans le cloud, baptisé « Android Datacenter », avec lequel il pourrait faire de l’argent.

L'une des premières présentations d'Android
Crédit : Android via Business Insider // Un extrait d’une des premières présentations d’Android. Rubin visait le marché des features phones au départ.

Mais il va changer son fusil d’épaule dès 2004, estimant le marché des téléphones portables potentiellement bien plus juteux. Il ne vise d’ailleurs pas à concurrencer au départ les rois du « PDA » de l’époque : il entrevoit plutôt Android dans un segment situé entre des téléphones portables basiques et les terminaux haut de gamme que proposent Microsoft (avec ses PocketPC) ou Palm. L’idée reste la même : offrir le software, et se rémunérer sur la vente de contenus supplémentaires : services, applications, etc.

Samsung a bien rigolé en découvrant Android (et s’en est mordu les doigts)

Les débuts d’Android ne sont pas faciles. Rubin peine à vendre son idée à des fabricants de matériel. Il ne dispose que d’une toute petite équipe de moins de dix personnes, et son idée passe mal chez certains industriels qu’il souhaite séduire. Le livre Dogfight: How Apple and Google Went to War and Started a Revolution, de Fred Vogelstein, offre une croustillante anecdote à ce sujet. Rubin y raconte un meeting tendu à Séoul en 2005, alors qu’il présentait Android à Samsung.

« J’entre dans la salle de réunion avec mon équipe complète – moi et six personnes. Les 20 dirigeants de Samsung entrent à leur tour et se positionnent de l’autre côté de la table. Nous nous asseyons les premiers, car je n’étais pas accoutumé à la culture asiatique à l’époque. Le CEO débarque. Tout le monde attend qu’il s’assoie avant de prendre place, comme dans un tribunal militaire. Alors, je commence mon pitch. Je leur explique ma vision d’Android, comme s’ils étaient des experts du capital-risque. Et à la fin, alors que j’ai tout dit, que je n’ai plus de souffle… je n’obtiens qu’un grand silence comme réponse. Un silence complet. Puis j’entends des chuchotements en coréen, et l’un des lieutenants du CEO, après lui avoir murmuré à l’oreille, me dit : “non, mais vous rêvez ? Vous et votre petite armée vont créer tout ceci ? Vous n’avez que six personnes. Avez-vous pris de la drogue ?” Ils se sont marrés jusqu’à ce qu’on sorte de la pièce. »

Samsung Galaxy S
Crédit : Samsung // Le tout premier Galaxy S, lancé avec Android Eclair (2.1). Samsung a raté le rachat d’Android, mais s’est vite rattrapé avec les Galaxy S, qui figurent toujours parmi les smartphones les plus attendus de l’année

Deux semaines plus tard, Google rachetait Android pour 50 millions de dollars. Une bonne affaire. Opérée au grand dam de Samsung : au lendemain de l’acquisition, Rubin reçut un coup de fil du dirigeant de Samsung qui l’avait moqué quelques jours plus tôt, exigeant une nouvelle réunion pour discuter de sa « très intéressante proposition ». Trop tard, mais Samsung a bien été à deux doigts de prendre le contrôle d’Android.

L’iPhone a complètement bouleversé les plans de Google

Nous sommes le 9 janvier 2007. Voilà déjà deux ans que Google a racheté Android. Le CES, l’incontournable salon des technologies, vient de débuter… Andy Rubin est à Las Vegas, dans une voiture avec chauffeur, en route pour un meeting avec un quelconque opérateur ou fabricant de smartphone. Et en streaming, il regarde Steve Jobs… qui va voler la vedette à un salon entier, en présentant l’iPhone pour la première fois. Une révolution. Comme le rappelle un passionnant article de The Atlantic, Rubin a été tellement abasourdi par la présentation du patron d’Apple qu’il a demandé à son chauffeur de s’arrêter pour qu’il puisse voir la conférence jusqu’au bout !

Le premier smartphone sous Android, Sooner
Crédit : Google / Le Sooner, premier smartphone sous Android, ressemblait beaucoup à un BlackBerry. La présentation de l’iPhone a poussé Google a revoir entièrement sa copie.

« La vache ! » a-t-il clamé à un collègue présent dans le véhicule. « Je crois que nous n’allons pas pouvoir commercialiser ce téléphone ». Le téléphone en question, le premier « Google Phone » sous Android, répond au nom de code Sooner et, même s’il dispose de nombreuses fonctions intelligentes, paraissait en effet un peu ridicule face au grand écran de l’iPhone et sa technologie tactile multitouch.

Les équipes en charge d’Android sont donc très vite reparties au travail pour corriger le tir et proposer une alternative crédible à l’iPhone. Le Sooner, conçu en partenariat avec HTC, a ainsi été enterré au profit d’un autre projet, le Dream, donc. Lui aussi conçu en partenariat avec la marque taïwanaise, ce smartphone au grand écran tactile sortira du coup l’année suivante… sans complètement se débarrasser du clavier physique.

Le célèbre logo d’Android s’inspire de… la porte des toilettes

Impossible de penser à Android sans évoquer son incontournable logo, ce petit androïde vert stylisé. Il est l’œuvre d’Irina Blok, designeuse qui travaillait en 2007 pour Google. Son logo est intéressant à plusieurs titres. D’abord parce qu’il est open source, un peu comme l’OS qu’il représente. Autrement dit, tout un chacun peut le reproduire, le modifier, le transformer à sa guise, à condition de respecter la licence Creative Commons.

Android Logo
Crédit : Google, Irina Blok

C’est aussi ce qui a contribué à son succès : le petit personnage a été détourné des dizaines de milliers de fois ! Google s’est aussi servi de son image bonhomme pour humaniser Android : à chaque lancement de version majeure, il poursuit la tradition qui consiste à ériger une statue à son effigie. On se souvient particulièrement de celle d’Android Nougat (7.x) que Google avait malicieusement dressée… à Montélimar, évidemment.

Android Nougat à Montélimar
Crédit : Google // La statue exposée à Montélimar au lancement d’Android Nougat

La simplicité du logo d’Android, Irina Blok n’est pas allée bien loin pour la trouver. Citée dans un article du New York Times, elle explique s’être tout simplement inspirée… des pictogrammes simplistes qui figurent les hommes et les femmes sur les portes des toilettes. Quoi de plus universel ?

Android a beau être open source, Google est le vrai maître à bord

Google s’est beaucoup vanté d’avoir conçu un écosystème « ouvert » pour le mobile avec Android. Et effectivement, il existe une version d’Android gratuite et open source, Android Open Source Project, que tout un chacun peut télécharger librement et utiliser pour ses propres projets. Mais ce n’est pas celle que vous trouverez sur l’immense majorité des téléphones du commerce. En effet, AOSP ne propose pas certaines briques, pour le coup 100 % propriétaires, qui rendent votre smartphone vraiment utile. C’est par exemple le cas du Google Play Store, indispensable pour télécharger des applications facilement. Mais aussi de certaines applications clés, comme Maps, ou YouTube. Et enfin des services Google, qui sont utilisés par de nombreuses applications pour fonctionner correctement. Pour obtenir ces logiciels indispensables, les fabricants de smartphones doivent tous signer un épais contrat avec Google, qui comprend de nombreuses obligations, notamment la présence du store de Google et de ses logiciels phares. Huawei, ancien champion du smartphone qui a été privé de travailler avec Google en 2019 par les autorités américaines, en est la preuve : sans son support, tout peut s’effondrer très, très vite.



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