Depuis son lancement cet été, la MG4 est l’objet de tous les fantasmes. Annoncée comme la voiture électrique capable de chambouler le marché, la compacte a donné quelques frissons aux constructeurs concurrents à l’annonce de ses prix en septembre. Avec une version d’entrée de gamme à 23 000 euros (bonus écologique compris) et une finition suréquipée à 29 000 euros, la dernière-née de MG pourrait s’imposer comme le véhicule électrique incontournable de cette année.
Pour ce premier essai de la MG4, nous avons opté pour la version la plus chère du véhicule, c’est-à-dire la finition Luxury et sa batterie de 64 kWh. La raison de notre choix ? C’est tout simplement le modèle le plus plébiscité par les futurs clients ayant pré-réservé leur voiture. En effet, sur les 1 000 premières prises de commande, cette version haut de gamme à grande batterie à la faveur des consommateurs. Cependant, il nous paraît essentiel de tester également la version la plus accessible de la compacte. Si c’est la MG4 à 23 000 euros qui vous intéresse, un second essai arrivera prochainement. Néanmoins, mis à part la taille de la batterie, un moteur légèrement plus puissant (mais le même couple), et quelques options et autres aides à la conduite, les deux versions sont très proches aussi bien esthétiquement qu’au niveau des performances.
Design et finitions : sportive jusqu’au bout des ongles
Pour comprendre la philosophie derrière la fabrication de la MG4, il faut garder en tête que chez SAIC Motors, ce véhicule particulier a été spécifiquement pensé pour le marché européen. Avant son officialisation, le projet avait même pour nom de code en interne EH4 (European Hatchback 4). Mais le haillon, n’est pas la seule spécificité européenne de cette MG4. Ses finitions intérieures, plus sobres, son style sportif et surtout sa conduite, ont été adaptés pour plaire aux consommateurs du Vieux Continent.
D’un point de vue esthétique, cette orientation se traduit par un aspect très sportif, souligné par certaines peintures comme celle de notre modèle orange d’essai. Mais même dans une robe plus classique, grise ou blanche par exemple, la MG4 affiche ses lignes saillantes et quelques éléments tout droit issus de l’univers de la course. Les bas de caisse et autres becquets imitation carbone sont évidemment en plastique. Le diffuseur à lames verticales à l’arrière, le double spoiler ou la calandre à volets actifs (ces deux derniers étant réservés aux versions Confort et Luxury), sont autant d’éléments qui soulignent le caractère sportif de la compacte.
Enfin, comment parler du design de la MG4 sans évoquer sa partie arrière, particulièrement travaillée. L’optique à bandeau LED qui court d’un bord à l’autre du véhicule forme un becquet dont la partie supérieure est aussi couverte de LED pour donner le fameux « effet constellation » qui fait la fierté de la marque. On aime, ou on déteste, c’est selon, mais on reste rarement indifférent.
Habitacle : sobriété et modernité
C’est peu dire que MG a changé d’approche en matière d’habitacle. L’intérieur du Marvel R, de la ZS EV et même de la MG5 pouvaient mêler par moment des éléments d’un classicisme suranné à quelques touches au ton criard et assez peu élégant. Avec la MG4, la donne a changé. Le constructeur n’essaie plus d’imiter les marques premium avec un goût douteux, il opte pour le « less is more », un magnifique concept marketing qui consiste à faire croire que beauté rime avec pureté et simplicité. Qu’importe le concept invoqué, seul le résultat compte.
En matière d’habitacle, force est de constater que moins MG essaie d’en faire, mieux c’est. L’intérieur de la nouvelle compacte électrique est simple à souhait, mais plutôt moderne et agréable à vivre. Seuls deux écrans dépassent de la planche de bord. Devant le conducteur, un affichage de 7 pouces, celui de l’instrumentation, concentre les éléments indispensables à la conduite. Celui-ci est tout à fait nouveau chez MG et se présente plutôt bien puisqu’il est divisé en trois zones égales et personnalisables. On y retrouve la vitesse, le mode de conduite choisi, l’autonomie ou encore le niveau de récupération, appelé Kers chez MG, entre autres.
Pour interagir avec cet écran, il est nécessaire de passer par les commandes au volant. MG a opté pour des touches simples et deux sélecteurs de par et d’autre sous forme de sticks directionnels. Les deux tombent sous les pouces et se manipulent très facilement. L’autre bonne idée de ce volant, c’est d’avoir intégré deux touches Favoris, que le conducteur peut là aussi personnaliser. Sur celle de gauche, le propriétaire choisit un raccourci vers les modes de conduite, le niveau de régénération ou la caméra à 360°. La touche Favori à droite permet d’accéder plus rapidement au menu de la climatisation ou à la partie audio.
Avec l’écran central de 10,2 pouces, nous revenons à une approche plus classique puisque c’est l’OS iSmart, déjà à la manœuvre sur MG5, qui est présent. Celui-ci évolue légèrement même si la présentation des menus est toujours aussi sobre. Nous regretterons quelques traductions approximatives, la présence de polices aléatoires ou des ratios d’affichage quelque peu exotiques qui tous pourront être corrigés par mise à jour. Puis, nous nous attarderons sur l’essentiel, l’écran. MG a tenu à améliorer sa définition ainsi que celle des différentes caméras de sa compacte, bien lui en a pris. En revanche, l’écran tactile manque quelque peu de réactivité, ce qui oblige le conducteur à s’y reprendre parfois à plusieurs reprises pour naviguer dans les menus.
Fort heureusement, pour ceux qui sont allergiques aux OS des constructeurs automobiles, la MG4 propose une compatibilité Apple CarPlay et Android Auto, filaire uniquement. Néanmoins, le constructeur prend le soin de cacher un passage de câble sous la tablette de chargement à induction. C’est malin et bienvenu et cela empêche surtout que le fil de son smartphone en chargement se balade.
Autonomie : plus à l’aise en ville que sur l’autoroute
Notre version d’essai de la MG4, la Luxury, n’est pas celle qui affiche les meilleures performances d’autonomie. En effet, lors de son homologation WLTP, elle a obtenu un score de 435 km, là où la version Confort a atteint 450 km. Deux facteurs permettent d’expliquer cet écart de 15 km. Sur la version Luxury, on retrouve le spoiler arrière en deux parties, ainsi qu’une pompe à chaleur sous le capot. Par conséquent, le poids et l’aérodynamique s’en trouvent modifiés. Néanmoins, si au jeu de l’homologation, la version Confort garde un léger avantage, l’utilisation en conditions réelles pourrait être favorable à la Luxury. En effet, en fonction des conditions climatiques, l’apport de la pompe à chaleur pourrait très bien compenser le désavantage induit par son poids. Il s’agit là de théorie évidemment, mais c’est un point qui devra être surveillé par les futurs utilisateurs. Quoi qu’il en soit, sur ces deux versions, c’est la batterie CATL de 64 kWh (61 kWh de charge utile) qui a été mise à l’épreuve.
Lors de notre test, nous avons pu emmener notre MG4 aussi bien en milieu urbain que sur autoroute, nous nous sommes également aventurés en moyenne montagne après avoir fait crisser ses pneus sur le col de l’Espigoulier. Ce que nous avons constaté, c’est une grande différence de consommation entre la voie rapide et l’usage urbain.
Sur autoroute, la MG4 monte rapidement à 22 kWh/100 km. En roulant à allure modérée, elle serait sans doute capable d’approcher les 300 km. En revanche, en ville et sur le réseau secondaire, elle excelle. Pour peu que le pilote adopte une conduite douce et coulée, il pourra descendre sous les 16 kWh/100 km. Sur l’une de nos boucles d’essai de 120 km environ, nous sommes même parvenus à abaisser ce chiffre à 14,7 kWh/100 km. De manière générale, en usage mixte et en ayant une conduite plutôt dynamique sur le réseau secondaire et très douce en ville, notre moyenne oscillait entre 17 et 18 kWh/100 km ce qui est en phase avec les chiffres annoncés par le constructeur.
Ce qui peut également faire varier l’autonomie de la batterie, c’est l’usage des modes de récupération d’énergie. Chez MG, cette fonction s’appelle Kers et se déploie sur quatre niveaux (faible, moyen, fort et adaptatif). Les deux premiers sont légèrement perceptibles, le mode fort étant de loin celui qui nous paraît le plus utile. Quant au mode adaptatif, il utilise le radar de la MG4 pour anticiper le freinage en fonction de la circulation alentours. Contrairement à des marques premium comme Audi et Mercedes, ce mode automatique ne prend pas en compte la signalétique et la topographie, mais s’avère tout de même intéressant, notamment en ville. Nous regretterons cependant que MG n’ait pas poussé la logique de la récupération jusqu’au mode monopédale. En effet, le freinage régénératif ne va pas jusqu’à l’arrêt du véhicule, l’usage des freins est toujours nécessaire.
Qu’en est-il de la recharge ? En théorie, la MG4 accepte jusqu’à 135 kW de puissance en charge rapide DC. Un chiffre dans la moyenne du moment. Dans les faits, récupérer de 10 à 80% de batterie prendrait 35 mn. Lors de notre essai, nous n’avons pas eu l’occasion de faire un détour par une borne Ionity ou Fastned pour constater les performances réelles, mais de l’avis de nos quelques confrères qui se sont soumis à l’exercice, les promesses du constructeur seraient respectées. Quant à la charge domestique, elle atteint le plafond classique de 11 kW ce qui donne un plein complet en 6h30 environ. En revanche, MG se distingue malheureusement en ne livrant pas le câble de recharge domestique sur prise 220V (Type 2 Mode 2). Celui-ci est toujours en option, alors que ce mode de charge est très largement majoritaire.
Enfin, comme la MG5, le break électrique de la marque, la compacte propose la fonction V2L (Vehicle to Load). Cette fonctionnalité permet de charger, jusqu’à 2,2 kW, des gadgets dotés d’une batterie, un smartphone ou un vélo électrique par exemple, en utilisant le port de recharge de la voiture. Cette fonction est présente sur tous les niveaux de finition, mais nécessite l’achat d’un câble à 400 euros pour fonctionner.
Sur la route, la MG4 ça donne quoi ?
C’est le point sur lequel la MG4 était la plus attendue. Les deux précédentes années nous ont prouvé que le constructeur anglais, propriété de SAIC Motors, savait fabriquer des voitures électriques abordables et bien finies, mais aucune d’entre-elles n’avait vraiment réussi à séduire par son plaisir de conduite. Pour le dire autrement, la MG5 ou la ZS EV, sont de bonnes voitures, mais aucune des deux ne parvient à générer de l’émotion au volant.
Avec la MG4, le constructeur veut remédier à cela. Son principal argument pour y parvenir réside dans le processus de fabrication de la voiture. La MG4 est fabriquée sur une nouvelle plate-forme entièrement dédiée à l’électrique, là où ses prédécesseurs reposaient sur des plates-formes hybrides électrifiées a posteriori.
Avec son châssis entièrement revu, ses batteries placées au plus bas du plancher, et son moteur arrière (propulsion), la nouvelle représentante de MG avait de quoi intriguer. Et pour le dire sans détours, nous n’avons pas été déçus du voyage. La MG4 n’est pas seulement une voiture agréable à conduire, elle est particulièrement joueuse et dynamique. Son accélération n’est pas démentielle (7,9 secondes pour passer du 0 à 100 km/h), mais elle reste honnête alors que ses reprises sont saignantes et que sa direction ne manque pas de précision. L’autre très bonne surprise vient des freins, réactifs et mordants, qui sont généralement le point faible des véhicules électriques. Là encore, la MG surprend et offre en dernier ressort un cocktail assez truculent.
La MG4 se distingue aussi par un rayon de braquage très intéressant, de 10,6 mètres seulement, ce qui la rend très agile dans les manœuvres. La marque anglo-chinoise ne s’est pas contenté d’une compacte au style aguicheur, la MG4 est bien une petite sportive joueuse à souhait. Quant à la suspension, même si elle est plutôt ferme à faible allure, elle s’améliore à mesure que la voiture prend de la vitesse et filtre très bien les aspérités de la route au final. La MG4 reste plus dynamique que confortable, mais elle ne dissuade pas pour autant de prendre le volant pour plusieurs heures.
Cette conduite signature pour une voiture électrique donne assurément envie d’en voir plus sur les modèles plus sportifs que la marque prévoit de commercialiser… à commencer par une version très musclée de la MG4, dotée de deux moteurs et de plus de 450 ch.
Aides et assistances à la conduite : la déception
S’il fallait apporter un bémol à ce bilan particulièrement positif, il concernerait les aides à la conduite de MG. Le constructeur se targue d’en proposer un grand nombre, y compris sur sa version d’entrée de gamme. Des fonctionnalités qui sont souvent facturées au prix fort chez la majorité des constructeurs qui en font des options. Chez MG, leur nombre dépend du niveau de finition de la voiture. Avec la version Luxury de notre test, nous avons pu bénéficier du pack le plus complet et par conséquent constater les limites de la plupart. De manière générale, celles-ci sont particulièrement intrusives. L’alerte de franchissement de ligne s’active au moindre écart, le régulateur de vitesse adaptatif anticipe certains freinages même quand il n’y a pas lieu de le faire et le tout est ponctué d’alertes sonores, on ne peut plus agaçantes.
Plus que l’approximation de certaines aides, c’est leur incohérence qui nous a surpris, la voiture ne réagissant pas de la même manière dans des situations pourtant similaires. Étonnamment, sur ce point, MG est en recul par rapport à ses dernières productions. Le constructeur affirme que des correctifs peuvent être apportés via des mises à jour OTA (over the air), comme avec un smartphone, mais en attendant, les conducteurs les plus exigeants préféreront tout simplement désactiver ces options.
Qui peut faire trembler la MG4 ?
La MG4 a-t-elle vraiment un concurrent digne de ce nom ? À en juger par ses dimensions et son segment, la logique voudrait qu’on lui oppose une Renault Mégane EV60 ou une Volkswagen ID.3. Nous nous sommes déjà livrés à l’exercice du duel avec la compacte française avant même notre prise en main de la MG4. Nos conclusions d’alors, basées sur les données techniques et chiffrées, n’en sont que confirmées à l’issue de cet essai.
Pire : la Mégane est également battue sur son principal point fort, le plaisir de conduite. Quant à l’opposition avec une VW ID.3, elle ne tient pas plus de quelques secondes tant la proposition de MG paraît meilleure à la fois en matière de performance, de niveau de finition et surtout de prix. Car l’avantage de la chinoise par rapport à ses concurrents européens, c’est d’être non seulement à leur niveau, voire supérieure sur un grand nombre de critères, mais surtout d’être beaucoup moins chère tout en étant mieux équipée.
Concrètement, la plus chère des MG4, la version Luxury à 34 990 euros, est 5 200 euros moins chère que la moins chère des Mégane E-Tech EV60, nettement moins bien dotée en options. À équipement équivalent, la différence peut être estimée à plus ou moins 12 000 euros. Certes, la Mégane offre l’avantage d’être fabriquée en France, mais à ce niveau de tarifs, le patriotisme économique n’est plus à la portée de toutes les bourses.
En conséquence, la MG4 se retrouve dans une situation très particulière. Elle est à la fois l’un des, sinon le meilleur modèle de sa catégorie, les compactes électriques, et aussi le moins cher. Cette situation, seul Tesla l’a connue lorsque sa Model 3 était éligible au bonus écologique à taux plein. Le constructeur californien en a profité pour faire exploser ses ventes. MG pourrait bien suivre cette trajectoire.
Verdict de l’essai
La concurrence a des raisons de trembler. La compacte de MG est non seulement le modèle électrique le plus intéressant du moment, mais elle s’affiche parfois à des tarifs inférieurs à certains modèles thermiques équivalents avec son entrée de gamme. On savait MG capable de produire des voitures rationnelles, plutôt équilibrées et particulièrement bien équipées. On découvre désormais qu’il est aussi à même de proposer une voiture plaisir, l’une de celles dont on n’a pas toujours besoin de justifier l’achat par le rapport qualité/prix. Mis à part des aides à la conduite capricieuses et un coffre assez petit pour le segment, la Chinoise n’a pas beaucoup de faiblesses. Elle a surtout énormément de qualités, ce qui compte tenu de son prix très attractif, devrait se traduire par des ventes canons dès les prochains mois.