Alors que la France peine à réduire ses émissions de gaz à effet de serre selon les trajectoires attendues pour atteindre les objectifs européens d’ici 2050, le CNRS donne de nouvelles raisons de s’inquiéter du réchauffement climatique à venir au niveau de l’Hexagone.
De nouveaux modèles prédictifs suggèrent que le réchauffement climatique pourrait être 50% plus intense au XXIème siècle que ce que l’on prévoyait jusqu’à présent. Au rythme actuel d’émissions de carbone, la température moyenne en 2100 sera ainsi 3,8 degrés Celsius supérieure à celle du début du XXème siècle.
Ces résultats inquiétants viennent d’une nouvelle méthodologie déjà appliquée par le GIEC pour les données du premier volet de son sixième rapport diffusé l’an dernier. Des équipes du CNRS, de Météo France et du Cerfacs (Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique).
Descendre les échelles au niveau national
Elle permet de confronter les modèles théoriques aux mesures de températures récoltées depuis plus d’un siècle et de sélectionner les projections s’y accordant le mieux, réduisant ainsi un certain nombre d’incertitudes et le champ des possibles. des hypothèses.
L’intérêt est aussi de préciser l’effet du réchauffement climatique à un niveau plus local que les grandes prévisions planétaires du GIEC qui s’arrêtent à des zones géographiques grandes comme l’Europe ou le bassin méditerranéen.
Or, les décideurs politiques ont besoin de données plus fines, à une échelle nationale, pour anticiper et prendre en compte le contexte local. Pour la France, les modèles climatiques peuvent être affinés grâce aux mesures régulières de température relevées dans le réseau de stations météorologiques depuis 1899.
Les nouvelles données indiquent ainsi que la température moyenne actuelle en France est plus élevée de 1,7 degré Celsius par rapport à la période 1900-1930, dans la lignée des données du GIEC pour les températures continentales (+1,6 degré).
L’ensemble des scénarios climatiques sont en rose, l’estimation resserrée grâce à la nouvelle méthodologie est en rouge
Par ailleurs, les hausses de température moyenne attendues sont directement proportionnelles aux émissions de gaz à effet de serre. Pour le CNRS, « l’origine humaine du changement climatique français ne fait aucun doute« .
Les données montrent toutefois que jusque dans les années 80, la pollution des aérosols a masqué l’effet du réchauffement climatique. Les particules en suspension ont joué un rôle de refroidisseur qui compensaient le réchauffement climatique.
Depuis, les réglementations ont fait chuter la concentration dans l’atmosphère des aérosols, annulant l’effet de refroidissement et emballant la hausse des températures moyennes.
Des étés brûlants en 2100
Dans le scénario resserré entrevu dans les modèles climatiques, avec une température moyenne plus élevée de 3,8 degrés, les périodes estivales en 2100 pourraient connaître des températures supérieures de 5 degrés par rapport aux moyennes des décennies 1900 à 1930.
« Ceci aura des impacts très forts sur les écosystèmes et les cultures. On aura des pics de chaleur beaucoup plus fréquents et chauds, et des sécheresses plus intenses et prolongées« , indique-t-on encore au CNRS.
Les canicules et la sécheresse marquée observées durant cet été 2022 ne sont ainsi qu’un prélude à des situations beaucoup plus intenses dans un futur pas si lointain de quelques décennies, avec l’immense problématique de la gestion de l’eau en point d’orgue pour ne pas aboutir à des zones désertiques.
Le CNRS compte encore affiner les modèles climatiques pour « simuler l’avenir climatique des régions françaises« . La méthodologie est accessible aux autres équipes de recherche dans le monde pour anticiper l’évolution plus fine du climat dans d’autres régions du monde.