Avec une levée de fonds de 8 millions d’euros, annoncée le jeudi 13 octobre, l’entreprise française Poiscaille ne va pas tutoyer les records établis par les champions de la French Tech. On est très loin en effet des centaines de millions levés par les grandes licornes françaises – ces sociétés valorisées 1 milliard d’euros (1,02 milliard d’euros). Pour autant, cette opération consacre une entreprise originale, fondée en 2015, qu’on aurait imaginée très loin des circuits de financement de la nouvelle économie.
Le commerce de Poiscaille : la vente de poissons et de fruits de mer. Avec cette originalité qu’elle procède par abonnement. La société promet une livraison rapide (soixante-douze heures au maximum après la sortie de l’eau) qui garantit aux clients des produits frais. Même si elle n’est pas encore rentable, elle comptabilise déjà 21 000 clients et en escompte 80 000 d’ici à 2026. Pour Charles Guirriec, fondateur de la start-up, « le modèle d’abonnement permet de gérer la variabilité des coûts », sur un marché où les prix sont naturellement fluctuants.
« Solutions numériques »
L’exemple de Poiscaille conforte Tien Tzuo dans ses convictions, lui qui revendique la paternité du terme de l’« économie de l’abonnement ». Ce Taïwanais fut l’un des premiers salariés du spécialiste Salesforce. Au sein de la société américaine, il a été chargé de convaincre ses clients à adopter le modèle de l’abonnement plutôt que celui de la vente à l’unité. Depuis, presque toutes les sociétés du secteur sont passées se sont converties au SAAS (software as a service ).
En 2008, M. Tzuo a lancé sa société, Zuora, avec le projet d’offrir aux entreprises qui souhaiteraient proposer des modèles d’abonnement tous les outils nécessaires (outils de commande, de facturation, de paiement, de comptabilité, d’analyse). « A l’époque on nous prenait pour des fous, on achetait encore des CD, DVD, des livres, autant de choses pour lesquelles, on a maintenant des solutions numériques », explique-t-il au Monde. Inspirés par les succès remportés par les acteurs du logiciel et des services culturels (Netflix, Amazon Prime, Deezer, Spotify), plus aucun secteur n’exclut le modèle de l’abonnement : on peut contracter un abonnement chez Porsche pour changer de véhicule au gré de ses envies, chez Breitling pour changer régulièrement la montre à son poignet, ou chez HP pour renouveler les cartouches d’encre de son imprimante.
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