Dans une lettre ouverte aux annonceurs de Twitter publiée récemment, Elon Musk disait vouloir « maintenir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine sans recourir à la violence ». Nous lui disons : chiche !
Twitter est aujourd’hui un réseau social que l’on pourrait dire atrophié par le peu de fonctionnalités qu’il offre. Malgré cela et malgré son faible nombre d’utilisateurs, ce réseau joue un rôle considérable dans le débat public, et donc dans le fonctionnement de notre démocratie. Au-delà du cas de Twitter, nous croyons que les réseaux sociaux n’en sont encore qu’à leurs balbutiements, car contingentés par des fonctionnalités développées au hasard des idées de leurs dirigeants.
A l’inverse, il est impérieux de considérer que ce qui se joue sur les réseaux sociaux, c’est en réalité l’ensemble de nos constructions sociales et que, par conséquent, l’évolution des réseaux sociaux devrait être ouverte à la proposition et à l’appréciation de tous. En laissant plus de latitude aux développeurs et plus de choix aux utilisateurs, nous pourrons non seulement répondre aux problèmes posés, mais également enrichir nos relations sociales grâce à des outils que nous maîtrisons, que nous avons choisis et que nous pouvons faire évoluer. Pour cela, une voie s’impose : l’ouverture des réseaux sociaux.
Asseoir une régulation pertinente
Ouvrir Twitter peut vouloir dire plusieurs choses. Cela peut vouloir dire, pour commencer, ouvrir aux régulateurs, aux chercheurs, aux associations l’accès aux données qui nous permettront de mieux comprendre comment le réseau fonctionne. Il est encore difficile avec les données dont nous disposons de saisir comment se créent les mécanismes de propagation de certaines informations, de polarisation ou de manipulation de l’opinion. Il est très difficile de mesurer le nombre de robots parmi le nombre d’utilisateurs, ou encore d’apprécier les rouages et effets de la publicité. En imposant un partage d’informations beaucoup plus large de la part des réseaux sociaux, le règlement européen sur les marchés numériques (Digital Services Act) est une étape importante vers cette ouverture. Donc, à vrai dire, l’ouverture s’imposera à Twitter par la loi. Ce qui est bienvenu, car, comme nous l’apprend la régulation des télécoms, l’accès aux données est une étape fondamentale pour asseoir une régulation pertinente.
Ouvrir Twitter peut aussi vouloir dire ouvrir le réseau social à l’imagination et la créativité de tous. Aujourd’hui, nous avons accès à Twitter à travers les applications et interfaces de ses seuls ingénieurs ou celles approuvées par l’entreprise. Nous n’avons quasiment aucune liberté de choisir quoi que soit. Des extensions disponibles sur certains navigateurs nous laissent pourtant entrevoir à quoi pourraient ressembler d’autres formes de recommandations sur Twitter, d’autres ergonomies et nous laissent ainsi entrevoir ce que nous pourrions faire si l’on nous en laissait la capacité.
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