Ce sont trois lettres qui signent une promesse : celle d’être labellisé crème de la crème des « maths app » (mathématiques appliquées) et de l’intelligence artificielle (IA). Le MVA, master « mathématiques vision et apprentissage », est un must des formations en IA. Les connaisseurs du petit écosystème de l’IA parlent d’une « référence », voire d’une nouvelle « voie royale ». Les candidatures affluent, les géants du numérique s’arrachent ses diplômés, un signal faible accrédite la montée en puissance de la formation : les entreprises qui veulent participer au forum des stages du master jouent désormais des coudes, selon les responsables de la formation, pour avoir un ticket d’entrée – et séduire ce vivier de hauts potentiels.
Tel le réputé master « probabilités et finance » (organisé conjointement par Sorbonne Université et l’Ecole polytechnique), surnommé le « El Karoui » du nom de la mathématicienne Nicole El Karoui et qui forme les analystes quantitatifs, les fameux quants de la City, le MVA jouit d’une forte image de marque. Créé en 1996 par le mathématicien Robert Azencott, piloté par le département de mathématiques de l’Ecole normale supérieure (ENS) Paris-Saclay, en collaboration avec plusieurs établissements réputés du plateau de Saclay et deux grandes universités de la région parisienne, ce master sélectif forme des étudiants à « la théorie, la modélisation, les algorithmes et les applications réelles autour de la science des données et de l’intelligence artificielle ». Dit autrement, des profils en or, à même de participer à la révolution de l’IA.
Au début des années 2000, une petite cinquantaine d’étudiants suivent alors le MVA. Au milieu des années 2010, la croissance de débouchés pour les datascientists dans les entreprises combinée à l’essoufflement de toute l’industrie financière postcrise des subprimes déplace le centre de gravité des mathématiques appliquées vers les statistiques. Cela produit un choc de la demande pour les formations en IA. « Nous sommes passés de 50 à 100 puis à 200 étudiants formés par an. Ce qui est complètement hors norme pour un master 2 de recherche », explique Nicolas Vayatis, directeur du master, professeur à l’ENS Paris-Saclay et directeur du Centre Borelli. Le nombre de cours a aussi augmenté, passant de 24 à 47 et nécessitant de recruter des enseignants-chercheurs parmi les meilleurs spécialistes des différentes branches de l’IA. « La spécificité de ce master est de former des mathématiciens à la science des données numériques autour de cas d’usages concrets », déroule Nicolas Vayatis.
Il vous reste 74.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.