Starlink, OneWeb, Kuiper et maintenant Iris²… Jusqu’à peu, la concurrence entre ces différents réseaux de satellites pour fournir l’Internet haut débit sur toute la planète se déroulait dans l’indifférence générale. Seuls les professionnels concernés ou les passionnés de l’espace s’y intéressaient.
La guerre en Ukraine a révélé au grand jour leur importance stratégique, les militaires de ce pays ayant pu rétablir leurs liaisons Internet et téléphoniques grâce à la constellation Starlink d’Elon Musk. Dès le début du conflit, le 24 février, le milliardaire américain a mis ses 3 200 satellites à la disposition de Kiev, les infrastructures terrestres de télécommunications ayant été en partie détruites par les Russes. Cela a permis à l’armée de mieux s’organiser pour lancer ses contre-offensives. Fort de cette initiative, l’entrepreneur libertarien s’imagine désormais influencer le processus de paix.
Subitement, ce qui relevait de la science-fiction – un investisseur privé venant à l’aide d’un Etat avec ses équipements spatiaux – est devenu réalité. Cela a fait naître des interrogations quant au risque d’un pouvoir concentré entre les mains d’une seule personne, et poussé les Etats à réagir afin de conserver leur souveraineté – ce que fait l’Europe aujourd’hui avec son projet Iris², mais aussi le Canada, avec sa constellation Lightspeed.
Tout a commencé il y a une quinzaine d’années, quand trois milliardaires américains – Greg Wyler, le pionnier, Elon Musk, le disrupteur, et Jeff Bezos, l’outsider – ont commencé à lorgner l’espace. Conscient que les infrastructures terrestres ne permettraient pas à l’ensemble de la population d’être connectée, M. Wyler imagine, en 2007, O3b pour « Other 3 Billion », un réseau de satellites destiné à relier les 3 milliards d’internautes de la planète n’y ayant pas accès, d’où le nom de sa société. Très rapidement, par manque de moyens, il cède sa société à l’opérateur luxembourgeois SES.
Sept ans plus tard, en 2014, ne renonçant pas à son idée, Greg Wyler propose à Elon Musk de participer à la création de OneWeb, un réseau de 500 satellites couvrant l’ensemble du globe, à 1 200 kilomètres de la Terre. Une orbite beaucoup plus proche que celle des satellites d’O3b (8 000 kilomètres) censée réduire autant que possible le temps de latence pour s’approcher de celui des réseaux terrestres. Cela est indispensable pour le fonctionnement en temps réel des voitures et objets connectés, mais aussi des transactions financières et du transport aérien, sans parler des jeux vidéo.
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