Il y a quelques années, il est soudain devenu inconvenant de passer un séjour dans une des résidences Trump, tant le président des Etats-Unis était un repoussoir. Demain, pourra-t-on parader en Tesla, comme le font les riches geeks démocrates de la Silicon Valley, ou son association avec son patron, Elon Musk, 51 ans, sera-t-elle devenue un repoussoir ?
Si les clients sont pour l’instant fidèles, l’image de Tesla se dégrade brutalement. Selon une enquête de Yougov, la perception de la marque est devenue globalement négative en novembre. Celle-ci devient partisane. Selon Morningconsult, républicains et démocrates avaient une image très favorable de Tesla en janvier : les opinions positives dépassaient les opinions négatives de 31 points. Ce taux s’est effrité à 26,5 points pour les républicains et, surtout, s’est effondré à 10,4 pour les démocrates. En cause, le comportement d’Elon Musk depuis qu’il a pris le contrôle de Twitter.
Le nouveau propriétaire ne se comporte pas en gestionnaire neutre de la plate-forme. Il n’a même pas l’attitude d’un patron de presse traditionnel, poussant son agenda politique mais restant prudemment en retrait. Il multiplie les sorties politiques tous azimuts, contre la culture « woke », contre Joe Biden, contre la banque centrale américaine, contre la politique anti-Covid-19.
Dernière en date, la suspension de comptes de journalistes de grands médias, accusés de donner indirectement sa position en temps réel et de menacer sa sécurité et celle de sa famille. Le Washington Post estime que M. Musk « n’a fourni aucune preuve que l’un des journalistes l’ait fait ». Le Monde n’a pas pu examiner le contenu des comptes concernés, ceux-ci étant suspendus. L’intéressé se défendait, vendredi 16 décembre matin, face au tollé : « Si quelqu’un publiait en temps réel les emplacements et les adresses des journalistes du New York Times, le FBI enquêterait, il y aurait des audiences au Congrès et Biden prononcerait des discours sur la fin de la démocratie ! » Il n’empêche, ces prises de position ruinent la réputation de Twitter et ses recettes publicitaires, sans qu’on sache où ce combat va mener le milliardaire.
« Une mauvaise allocation massive de temps et de talent »
Né sud-africain, Elon Musk ne peut nullement prétendre à la présidence des Etats-Unis, mais ce quinquagénaire libertarien est devenu l’un des principaux acteurs politiques à droite de l’échiquier américain. Les républicains jubilent de la croisade anti « woke » menée par Musk, la gauche crie au scandale. « Interdire de manière erratique les journalistes ne fait qu’augmenter l’intensité autour de vous. Faites une pause et repoussez le néofascisme. Essayez peut-être de poser votre téléphone », enjoint la représentante démocrate au Congrès Alexandria Ocasio-Cortez. De leur côté, les Européens envisagent de bannir Twitter.
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