Quelques jours avant les fêtes de Noël, le quotidien britannique The Guardian subissait une grave cyberattaque, forçant l’ensemble de sa rédaction au télétravail. L’enquête, toujours en cours, suggère que les criminels auraient utilisé un rançongiciel. Soit un programme informatique malveillant qui prend le contrôle de données privées et exige, en échange du déblocage de leur accès, une importante somme d’argent. Le mot-valise est une traduction littérale de l’anglais « ransomware » : « ransom » pour « rançon » et le suffixe « ware » venant de « software », « logiciel ».
Le terme remplace l’extorsion numérique, mentionnée à quelques reprises au début des années 2000 quand Internet devient grand public. Le mot « rançongiciel » apparaît, lui, dans les pages du Monde pour la première fois le 20 décembre 2012, dans la chronique « C’est tout Net ! », de Marlène Duretz, titrée « La rançon de la gloire ». La journaliste interroge, avec une pointe d’humour : « Son ordinateur pris en otage par des rançonneurs du Web, sans blague ? » Mais cette année-là, 1 400 plaintes ont déjà été déposées pour ce type de cybercriminalité et le phénomène « pourrait s’amplifier », précise-t-elle.
Il faut attendre plusieurs années pour vérifier cette prédiction. En février 2016, Olivier Dumons s’intéresse aux « hôpitaux victimes de chantage informatique ». Le journaliste évoque un cas au groupe de laboratoires d’analyses médicales Labio, datant de 2015. Dans les entreprises privées, personne ne serait spécialisé sur la question dans « 95 % des cas ».
Les craintes d’un « cyber chaos »
A la mi-mai 2017, une cyberattaque inédite touche la planète, rapportent Philippe Bernard, Nathalie Guibert et Damien Leloup. « Des dizaines de milliers d’ordinateurs, dans au moins 99 pays, ont été infectés par un logiciel malveillant bloquant leur utilisation », expliquent les journalistes à propos de cette offensive de très grande ampleur, qui marque les esprits avec son programme nommé WannaCry.
Le Monde en fait sa couverture, le 16 mai 2017, et raconte les craintes d’un « cyber chaos » au lendemain de cette attaque aux 200 000 victimes, qui se sont vues réclamer 300 dollars, payés en bitcoins, une cryptomonnaie, pour libérer leurs données. « Les chiffres annoncés par Europol en font la plus importante diffusion d’un logiciel de ce type de l’histoire », précise l’article. Le programme informatique provoque notamment l’arrêt de la production dans plusieurs usines Renault. Dans sa chronique, Philippe Escande évoque cet événement qui « marquera à jamais l’histoire d’Internet ». Pour les particuliers, les entreprises ou les Etats, tous victimes, cette attaque rappelle que « le nouveau monde est aussi dangereux que l’ancien mais que ses armes sont nouvelles », conclut le journaliste.
Il vous reste 58.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.