Communiquer en haute montagne ou en plein désert est jusqu’à présent le privilège de professionnels aguerris ou d’utilisateurs fortunés. La téléphonie par satellite exige de s’équiper de terminaux plus lourds que les smartphones classiques et dotés d’une antenne externe, inesthétique, rappelant la toute première génération de GSM.
Le ticket d’entrée est élevé. Sans compter les coûts des communications –un minium d’euro la minute pour les appels vocaux -, les terminaux proposés par des fabricants spécialisés comme Iridium, Isatphone ou Thuraya coûtant plusieurs centaines d’euros et jusqu’à plus de 2 000 euros.
La donne est en train de changer. Demain, M. tout le monde pourrait se retrouver avec un « satphone », mot-valise né de la contraction de satellite et de smartphone. Des annonces récentes laissent augure la possibilité de se connecter aux réseaux satellitaires à l’aide d’un simple smartphone iOS ou Android.
Un investissement d’Apple de 450 millions de dollars
Dans ce domaine, Apple a tiré le premier. En septembre, la firme à la pomme annonçait que les propriétaires du nouvel iPhone 14 disposeront d’une fonctionnalité dédiée, baptisée Emergency SOS, leur permettant d’envoyer un message aux services d’urgence dans les zones les plus reculées.
En l’absence de couverture réseau cellulaire ou wifi, l’écran de l’iPhone affiche quelques questions essentielles dont les réponses sont transmises aux services de secours avec, bien entendu, la géolocalisation exacte de l’utilisateur mais aussi son niveau de batterie et, s’il l’a rempli, sa fiche médicale. Ce dernier devra néanmoins pointer son terminal dans la bonne direction pour assurer la connexion par satellite.
Pour déployer cette nouvelle fonctionnalité, Apple a prévu un investissement de 450 millions de dollars dans le cadre d’un fonds dédié, dont une partie sera allouée à l’opérateur satellitaire Globalstar. Ce service SOS d’urgence par satellite est disponible aux États-Unis et au Canada depuis mi-novembre, et en France, en Allemagne, en Irlande et au Royaume-Uni depuis décembre.
Pour les services d’urgence mais aussi les loisirs de plein air
Les terminaux Android entreront bientôt dans la course. A l’occasion du dernier CES de Las Vegas, début janvier, le fabricant de semi-conducteurs Qualcomm a annoncé un partenariat avec le réseau satellite Iridium (66 satellites) afin de proposer ce type service pour la prochaine génération de smartphones équipés de ses puces Snapdragon 8 Gen 2.
Baptisé Snapdragon Satellite, le service ne se limite pas à l’envoi des messages courts aux services d’urgence. Il sera aussi possible de communiquer à une liste prédéfinie de contacts. Qualcomm insiste aussi sur la dimension bidirectionnelle de sa messagerie, et donc la possibilité de recevoir des textes en retour.
Autre différence avec Apple, la puce de Qualcomm est appelée à intégrer d’autres terminaux que les smartphones tels que des tablettes, des montres connectés ou des voitures. Spécialiste des systèmes de navigation par GPS, Garmin a d’ores et déjà intégré cette technologie à ses produits.
Ce fabricant bien connu des randonneurs, des skieurs et autres plaisanciers est déjà sur ce créneau. En février, il lançait la deuxième version d’inReach Mini 2, un communicateur par satellite ultra-compact. Sa fonction SOS envoie un signal de détresse au centre international de coordination des interventions d’urgence de Garmin, disponible en 24/7.
Eradiquer définitivement les zones blanches
Combien coûtera pour cette nouvelle messagerie satellitaire ? Un porte-parole de Qualcomm a répondu, à The Verge, que cela dépendrait de la politique des équipementiers ou des opérateurs de téléphonie. A l’avenir, l’offre pourrait aussi s’étendre à l’envoi de SMS et aux appels vocaux mais cela supposerait alors l’ajout de la fameuse antenne externe disgracieuse.
Les opérateurs satellitaires devraient aussi profiter de cette nouvelle manne avec, on l’a vu, les partenariats passés par Apple et Qualcomm avec respectivement Globalstar et Iridium. En août, T-Mobile s’est associé à SpaceX pour utiliser les satellites de sa filiale Starlink afin de fournir une couverture dans les zones reculées dépourvues de service cellulaire.
Cette fonctionnalité de satphone pourrait, en effet, devenir un vrai « plus » dans des pays comptant encore de vastes zones blanches en Australie, en Afrique ou en Amérique du Nord. Dans d’autres pays, le cadre réglementaire devra être préalablement levé. Le quotidien Les Echos rappelle que les téléphones satellites ne sont pas actuellement autorisés en Inde ou en Chine.
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