Dans son classement des voitures les plus respectueuses de l’environnement, l’organisme indépendant Green NCAP a couronné la Dacia Spring. Quel sérieux à cette distinction ?
L’organisme Green NCAP a élu la Dacia Spring voiture la plus « Green » de l’histoire. La petite citadine électrique a obtenu la meilleure note jamais attribuée depuis que le programme européen indépendant se penche sur l’impact écologique des véhicules qu’il teste. Mais que vaut vraiment cette distinction ? Est-elle seulement plausible ?
En effet, Green NCAP est un organisme jumeau de l’Euro NCAP, la référence en Europe en matière de sécurité routière. C’est lui qui attribue les fameuses étoiles chères aux marques et aux consommateurs. Depuis quelques années, sa branche « Green » s’intéresse à l’impact écologique des véhicules, qu’ils soient thermiques, hybrides ou électriques. L’impact environnemental est analysé sous plusieurs aspects, l’objectif étant d’aboutir à une note finale évaluant le coût écologique de chaque voiture et de lui attribuer des étoiles en conséquence.
Cette année, c’est donc la Dacia Spring, l’un des véhicules électriques les moins chers du marché qui remporte la palme de la voiture la plus « écolo ». Légère, peu puissante et dotée d’une batterie de taille contenue, la voiture du constructeur roumain, sous pavillon Renault, a effectivement des arguments à faire valoir. Mais de là à en faire le modèle référence en matière d’impact environnemental, il y a un pas que Green NCAP franchit peut-être trop facilement.
@GreenNCAP announces 2022 winner with lowest impact on #environment as #DaciaSpring. Light weight & equipped with electric powertrain, it achieved an overall 5-star rating outperforming the Tesla Model 3 & achieving record score in #energyefficiency 👏
👉https://t.co/oGyVKVdIaq pic.twitter.com/QHhzRrnEOy— Green NCAP (@GreenNCAP) February 2, 2023
Une méthode de calcul partiale et incomplète
En effet, lorsqu’on se penche sur le protocole de test utilisé par l’organisme et sur les critères choisis ou écartés, il y a matière à contester le résultat, voire le dénoncer. Green NCAP s’appuie essentiellement sur trois critères pour parvenir à sa conclusion. Chaque véhicule est noté selon la quantité de rejets polluants qu’il génère, l’efficience de son moteur et l’énergie nécessaire à la fabrication des usines produisant le carburant ou l’électricité indispensable à son fonctionnement.
Compte tenu de ces critères, les véhicules électriques partent avec une longueur d’avance. C’est pourquoi, ils obtiennent traditionnellement les meilleures notes. Ainsi, Green NCAP explique que « La Dacia Spring a obtenu une note globale de 9,9, suivie de la Tesla Model 3 (9,8). La NIO ET7, la Renault Mégane E-Tech et la Cupra Born ont obtenu des notes globales de 9,6. L’Audi Q4 e-Tron et la Hyundai Ioniq 5 ont également eu de bonnes notes ». Au royaume de la voiture zéro émission, il n’y aurait donc que de bons élèves ! Ce qui permettrait à Dacia et sa Spring de se distinguer serait son meilleur rendement par rapport à la concurrence et une efficience permise grâce à son poids contenu.
Mais Green NCAP ne va-t-il pas un peu vite en besogne ? Et n’oublie-t-il pas quelques critères importants dans sa méthode de calcul ? En effet, lorsqu’on regarde de plus près la méthode de test de l’organisme, on remarque l’absence de paramètres aussi importants que le coût de production du véhicule, l’impact écologique des matériaux utilisés (notamment pour les batteries) ou encore son coût d’acheminement et son indice de recyclabilité. Ces critères essentiels constituent le LCA (Life Cycle Assessment). Or, de telles données auraient sans doute diminué les chances de la Spring de figurer au sommet du classement, la voiture étant, entre autres, produite en Chine.
Des études scientifiques pas assez scientifiques ?
Reconnaissons tout de même à Green NCAP une certaine honnêteté. L’organisme reconnaît volontiers ne pas prendre compte de ces critères : « les valeurs finales du LCA représentent des estimations scientifiques. Compte tenu des approximations impliquées et des limites de l’approche LCA de données de haut niveau, il n’est actuellement pas possible d’utiliser les résultats pour évaluer les véhicules en fonction de leur impact sur le cycle de vie. Par conséquent, Green NCAP met les détails de son analyse du cycle de vie à disposition à des fins d’information uniquement, sans classement des voitures meilleures ou moins bonnes ». Le lecteur jugera du bien fondé des arguments de l’organisme européen indépendant.
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