La question du changement climatique devient de plus en plus pressante en France et ailleurs. Après une année 2022 marqué par de puissants épisodes de canicule, l’hiver est marqué par une sécheresse exceptionnelle avec une absence de pluie significative depuis plus de 30 jours alors qu’il s’agit de la période de recharge hydrique du territoire.
Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu en est déjà à préparer les esprits sur des mesures de restriction des usages de l’eau qui pourraient intervenir dès le mois de mars afin d’éviter des situations catastrophiques durant l’été.
Plus largement, le ministre veut préparer le pays face à une augmentation des températures moyennes qui ne sera pas de +1,5 ou +2 degrés Celsius, tels que définis comme seuils à atteindre lors des Accords de Paris de 2015, mais qui se rapprochera plutôt de +4 degrés Celsius.
Revenir à un objectif réaliste
La conférence COP 27 de Charm El Cheikh avait déjà quasiment fait le deuil d’une possibilité de contrôle de la hausse des températures moyennes à +1,5 degré, voire même à +2 degrés.
De son côté, le sixième rapport du GIEC notait que la trajectoire actuelle orientait plutôt vers une hausse comprise en 3,5 et 4 degrés au rythme actuel de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et un peu moins en intensifiant les efforts.
Mais ce ne sera pas assez pour éviter des scénarios climatiques catastrophiques avec des conséquences lourdes sur les écosystèmes et, in fine, sur nos modes de vie.
Illustration d’un rapport de l’OMM diffusé en septembre 2022
Les modèles prévisionnels sont déjà en train d’être affinés pour coller à cette nouvelle réalité, l’ambition d’une freinage massif sur la hausse des températures n’étant plus vraiment envisagée ni même possible.
Cela suggère donc que les températures vont fortement augmenter sur le territoire, avec des épisodes climatiques importants et destructeurs. Le ministre de la Transition écologique avertit donc qu’il va falloir « construire une trajectoire à quatre degrés » et « regarder les conséquences sur les investissements, sur les normes, sur les sols, sur l’eau« .
Préparer déjà un avenir à +4 degrés C
Il appelle ainsi à « sortir du déni » sur le réchauffement climatique et de conséquences qui ne seraient que marginales ou minimalistes, afin de prendre le taureau par les cornes pour anticiper, même si une partie du problème « ne dépend pas de nous, parce que c’est aussi ce qui se passe à l’échelle mondiale« .
« A 4 degrés, les deux tiers des stations de ski manqueront de neige dans les Alpes. A 4 degrés, on aura cinq fois plus de sécheresse et des jours de canicule beaucoup plus intenses. C’est aussi 1m20 d’augmentation de montée des eaux dans la deuxième moitié du siècle« , indique-t-il.
Des réunions sont donc prévues avec les autorités et organismes pour préparer cette évolution du climat à l’aune d’une augmentation de 4 degrés qui devient de fait le nouveau référentiel pour la stratégie à venir.