Face à la flopée d’initiatives visant à interdire TikTok qui s’abat sur le réseau social aux États-Unis, les cadres dirigeants du réseau social envisagent de couper définitivement les liens de la plateforme avec ByteDance et la Chine.
C’était l’objectif de Donald Trump lorsqu’il était président des États-Unis : pousser ByteDance, la maison-mère de TikTok, à se séparer de son réseau social. Cette solution de dernier recours serait étudiée de près par la direction de la plateforme chinoise en cas d’échec des négociations avec les autorités américaines, nous apprend Bloomberg, ce mercredi 15 mars. Car les négociations entamées en 2019 avec le Comité sur l’investissement étranger aux États-Unis (CFIUS), censées arrêter de nouvelles normes visant à mettre fin aux soupçons d’espionnage, sont au point mort. Et le « project Texas », présenté l’année dernière comme un arsenal de mesures permettant de couper tout lien avec Pékin, notamment en cloisonnant les activités américaines de TikTok dans une nouvelle filiale, n’aura visiblement pas fait infléchir les fonctionnaires fédéraux américains.
Depuis plusieurs mois, l’étau réglementaire se resserre en effet sur TikTok. Selon ses détracteurs, le réseau social aurait d’abord un effet nocif sur la santé mentale des jeunes adultes. Il serait ensuite au service de Pékin, notamment en raison d’une loi nationale qui oblige toute entreprise chinoise à répondre aux demandes du renseignement chinois – des accusations régulièrement contestées par le réseau social. Plusieurs propositions de loi, discutées en ce moment au Congrès américain, visent même à bannir le réseau social du sol américain, après l’avoir exclu des smartphones des fonctionnaires.
Combien faudrait-il mettre sur la table pour racheter le réseau social ?
Ces initiatives tous azimuts expliquent pourquoi ByteDance envisagerait très sérieusement de se séparer de son réseau social – on ignore s’il est question d’une cession totale ou uniquement des activités américaines de la plateforme, les deux options pourraient être étudiées. Selon des sources de nos confrères, cette cession pourrait prendre plusieurs formes : le réseau social pourrait devenir une société indépendante et être introduite en Bourse. Il pourrait aussi être vendu à une société tierce – une telle transaction devrait recevoir, au préalable, l’autorisation du gouvernement chinois, détaillent les sources de Bloomberg. Plus qu’un concurrent direct comme Meta, Microsoft pourrait faire partie des candidats à un tel rachat, estiment les analystes de Bloomberg. Cela lui permettrait d’ajouter une branche sociale à son arc, après avoir mis l’accent sur ChatGPT.
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Reste à savoir combien il faudrait mettre sur la table pour acquérir le réseau social au 1,7 milliard d’utilisateurs. On estime que la plateforme, qui n’est pas cotée en Bourse – et donc non soumise à une obligation de divulguer des données financières – aurait réalisé un chiffre d’affaires mondial de 9,4 milliards de dollars en 2022. Le fait qu’elle serait aux États-Unis sur le point de dépasser Netflix en temps journalier passé, selon une récente étude, pourrait faire monter les enchères. Des analystes de Bloomberg Intelligence, Mandeep Singh et Damian Reimertz, ont estimé que les activités du réseau social aux États-Unis, qui compte une centaine de millions d’utilisateurs américains, pourraient valoir un montant entre 40 et 50 milliards de dollars.
Source :
Bloomberg