Moins de bruit, moins de chances d’avoir un accident, plus d’autonomie ? Et si la réduction de la vitesse sur le périph était une bonne nouvelle ?
Un changement de limitation de vitesse peut-il être davantage bénéfique à un certain type de voitures ? Plus consommateurs en énergie à mesure que la vitesse augmente, les véhicules électriques seraient-ils les grands gagnants d’une réduction de la vitesse maximale sur le « périph » parisien ? En effet, depuis le 17 avril, une consultation citoyenne est une ouverte concernant des modifications sur les règles de circulation sur le périphérique. Quelle que soit l’issue du scrutin qui devrait être annoncée le 28 mai, la mairie de Paris compte bien modifier les usages sur cet axe très emprunté. Objectif : fluidifier le trafic pour les JO de 2024.
Parmi les options plausibles, deux mesures semblent d’ores et déjà actées. La première est la réservation d’une voie, la file de gauche en l’occurrence, à un certain type d’usagers. À des horaires spécifiques (de 6 h 30 à 11 h le matin et de 15 h 30 à 20 h le soir), cette voie réservée ne pourra être utilisée que pour les covoiturages, les transports en commun, les taxis et les véhicules d’intervention. L’autre mesure phare, celle qui suscite notre intérêt, c’est l’abaissement de la vitesse maximale autorisée de 70 à 50 km/h. Selon François Wouts, le directeur de la voirie à Paris, il s’agit de « limiter le risque d’accident lié à un trop grand écart de vitesse avec les voies de droite, notamment en cas de changement de file ».
Rouler moins vite pour rouler plus longtemps ?
Si cette mesure devait être adoptée et si elle devait perdurer au-delà des Jeux Olympiques, il convient d’analyser quel pourrait être ses conséquences, notamment pour les utilisateurs de véhicules électriques. Dans leur cas, généralement, une réduction de la vitesse correspond le plus souvent à une baisse de la consommation, et à une autonomie en hausse. Nous l’avions déjà évoqué dans un article consacré à la possible baisse de la vitesse sur autoroute de 130 km/h à 120 km/h, mais cette logique est également applicable à plus basse vitesse.
Certes, la consommation d’une voiture électrique n’est pas aussi élevée à 70 km/h et à 130 km/h, mais dans le cas du périphérique parisien, d’autres éléments doivent être pris en compte, à commencer par les conditions de circulation. En voiture électrique, les accélérations font partie des phases les plus gourmandes en matière de consommation. L’un des principes de base de l’éco-conduite consiste d’ailleurs à privilégier une allure stable. Or les bouchons traditionnels du « périph » impliquent au contraire des phases successives d’accélération et de freinage, peu propices à une conduite portée sur l’autonomie. Est-ce que la réduction de la vitesse va faire disparaitre les bouchons ? Certainement pas, mais elle pourrait effectivement fluidifier le trafic. Et pour cause, elle l’a déjà fait. Lors de l’abaissement de la vitesse sur le périphérique de 80 km/h à 70 km/h, la vitesse moyenne des usagers est passée de 32,6 km/h, en 2013, à 38,4 km/h, l’année suivante. Si l’histoire se répète, ce passage à 50 km/h pourrait non seulement réduire la durée des trajets, mais aussi diminuer la consommation.
Une histoire de baisses
Enfin, au-delà du cas spécifique des véhicules électriques, cette réduction de la vitesse maximale pourrait avoir des conséquences pour l’ensemble des automobilistes, quelle que soit leur motorisation. Ainsi, l’organisme Bruit Parif prédit une réduction du bruit de l’ordre de 2 à 3 décibels. En outre, le passage de 80 km/h à 70 km/h a permis de réduire le nombre d’accidents sur le « périph » de près de 15 % entre 2013 et 2014.
Depuis son inauguration en 1973, la vitesse de circulation sur le périphérique parisien a fait l’objet de nombreux débats. Cette nouvelle baisse à venir s’inscrit pourtant dans une tendance de fond. Lors de ses premières années de fonctionnement, le « périph » était limité à 90 km/h. Cette vitesse a été revue à la baisse une première fois en 1993 (80 km/h), avant d’être à nouveau ajustée en 2014 (70 km/h). Le passage à 50 km/h a donc tout d’une suite logique.