« Sur l’intelligence artificielle, la priorité, c’est de faire du en même temps : réguler et innover », a lancé Emmanuel Macron, en référence à son slogan de campagne de 2017, mercredi 14 juin à Vivatech. Devant le public acquis de ce salon des technologies parisien, le président a toutefois surtout insisté sur la nécessité de produire des « champions » français capables de rivaliser dans les IA génératives, capable de créer des textes, comme ChatGPT. Sur la régulation, il a suggéré que les projets en cours en Europe pourraient freiner l’innovation.
« Comment consolider nos champions de l’IA ? On va continuer d’investir, beaucoup plus », a expliqué M. Macron, souhaitant une « deuxième génération du plan IA », lancé en 2017 et doté de 1,5 milliard d’euros. Le président a annoncé mercredi des financements de 500 millions d’euros pour « faire émerger sur le territoire français cinq à dix clusters (des pôles régionaux associant des universités et des entreprises) et avoir deux ou trois pôles d’excellence de niveau mondial ».
Plus précisément, M. Macron a dit souhaiter faire apparaître des « grands modèles » de traitement du langage concurrent de GPT-4 ou PaLM, d’OpenAI ou Google, les logiciels sur lesquels s’appuient les robots conversationnels comme ChatGPT ou Bard. « On va accélérer pour qu’il y ait d’autres Mistral. AI et LightOn », a-t-il dit en référence à deux start-up françaises développant des grands modèles de traitement du langage. Alors que Mistral. IA, fondée très récemment par des ingénieurs de Google-Deepmind et Meta, vient déjà de lever 105 millions d’euros, M. Macron a annoncé « un grand challenge d’IA générative » doté de 40 millions d’euros de financements publics, censés attirer davantage de capitaux privés.
Combler le « retard » français
« Pour cela, il faut aussi créer des bases de données en français. Sinon nous utiliserons des modèles qui auront des biais hérités des Anglo-Saxons », a expliqué le président, voyant dans l’utilisation de la langue française dans l’IA un enjeu de souveraineté et de « soft power » culturel. Pour permettre l’entraînement des IA, l’Etat devra donc « ouvrir » ses bases de données, a-t-il dit. « Nous croyons à l’open source », a-t-il ajouté. Il rejoint ici les acteurs, comme les entreprises Linagora, Mistral. AI ou Meta (Facebook, Instagram), pour lesquels rendre accessible les logiciels est meilleur pour l’innovation et la sécurité que d’en garder le contrôle, comme le fait désormais OpenAI.
Enfin, le chef de l’Etat a annoncé des investissements pour combler le « retard » français dans les capacités de calcul informatique nécessaires pour entraîner les modèles d’IA : 50 millions d’euros pour quadrupler les capacités du supercalculateur Jean Zay, puis 500 millions pour créer Exascale, au niveau européen, d’ici à 2025.
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