Alors que la Commission européenne doit publier dans les prochains jours les conclusions de sa consultation sur « l’avenir du secteur des communications électroniques et de ses infrastructures », qui vise à clarifier le vieux débat sur le financement des réseaux face à l’explosion du trafic Internet, les opérateurs télécoms affichent leur unité face aux grandes entreprises du numérique, comme Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsof (Gafam), mais aussi les plates-formes, telles que Netflix ou Disney+.
Dans une lettre ouverte publiée lundi 2 octobre, les dirigeants de vingt opérateurs, dont les Français Christel Heydemann, directrice générale d’Orange, et Edward Bouygues, président de Bouygues Telecom, appellent de nouveau de leurs vœux la création d’une « contribution juste et proportionnelle des plus grands générateurs de trafic aux coûts de l’infrastructure du réseau ». Une idée dont ne veulent pas entendre parler les Gafam, expliquant qu’ils investissent déjà dans des câbles sous-marins, des lignes de fibre optique et des centres de données pour soulager les réseaux des opérateurs.
Cette croisade contre les grands groupes du numérique, dirigée par les quatre grands opérateurs européens (Orange, l’espagnol Telefonica, l’allemand Deutsche Telekom et le britannique Vodafone), fait de plus en plus d’adeptes parmi les opérateurs. Quatre signataires ont rejoint le mouvement ces derniers mois. Parmi eux, le suédois Tele2 et le danois TDC, dont les gouvernements font partie des pays européens les plus mesurés à l’idée d’une contribution des grandes entreprises du numérique au financement des réseaux de télécoms. L’américain Liberty Global, présent dans six pays européens (Belgique, Irlande, Pays-Bas, Slovaquie, Suisse et Royaume-Uni), a également paraphé la lettre.
Inflation
Les conséquences de l’inflation sur les finances des opérateurs ne sont pas étrangères à ce large front commun. « Les plates-formes numériques ont pour la plupart augmenté les tarifs de leurs abonnements ces derniers mois, alors que les opérateurs n’arrivent pas à suivre l’inflation », insiste Nicolas Guérin, secrétaire général d’Orange.
Or, comme les opérateurs le rappellent dans leur lettre, alors que « l’UE a estimé qu’au moins 174 milliards d’euros de nouveaux investissements seront nécessaires d’ici à 2030 pour atteindre les objectifs de connectivité, le secteur des télécommunications n’est actuellement pas assez solide pour répondre à cette demande, de nombreux opérateurs atteignant à peine le coût de leur capital ».
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