Apple n’en pipe mot en public, mais en coulisse le constructeur sait bien qu’il va devoir ouvrir l’App Store en Europe, et l’échéance approche. À tel point que l’exigence fait partie des « risques » qui pèsent sur l’activité, selon l’entreprise.
Le règlement européen sur les marchés numériques (DMA) est désormais bien en place, la Commission ayant désigné en septembre dernier les contrôleurs d’accès ainsi que les « services essentiels » qui devront être régulés (quelques uns de ces services sont encore en suspens, à l’instar d’iMessage). Parmi ces « gatekeepers » se trouve bien sûr Apple, qui opère l’App Store.
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Le DMA, un risque pour le business d’Apple
À partir du mois de mars 2024, la boutique d’applications devrait, si le processus suit bien son cours, autoriser des services de paiement alternatifs au sein des apps. Il sera aussi possible d’accéder à d’autres échoppes d’apps concurrentes de l’App Store. À l’échelle d’Apple, c’est une véritable révolution qui bouleverse complètement le modèle économique mis en place dès le lancement du magasin d’applications, en 2008. Et qui permet au constructeur d’engranger de fructueuses commissions, entre 15 et 30 %, sur les ventes d’abonnements et de contenus.
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Apple ne laisse rien paraître du tremblement de terre qui va secouer les fondations de son écosystème dans les prochains mois. Ces changements vont pourtant impliquer de profondes modifications techniques dans iOS, et on imagine que le constructeur informatique s’attelle actuellement à la tâche, sans gaieté de cœur.
Si la firme à la pomme a encore une poignée de semaines pour se mettre au diapason du DMA, elle est parfaitement au courant des risques que fait peser le règlement européen sur son activité. Dans le document K-10 envoyé à la SEC, le gendarme américain de la Bourse, à l’occasion de la présentation de ses résultats trimestriels, Apple confirme noir sur blanc qu’elle devra faire des changements dans l’App Store en réponse aux exigences réglementaires.
« L’entreprise prévoit d’apporter d’autres changements à l’avenir, notamment à la suite d’initiatives législatives ayant un impact sur l’App Store comme la loi sur les marchés numériques de l’Union européenne, à laquelle la société est tenue de se conformer d’ici mars 2024 », peut-on lire dans le document.
Ces changements pourraient modifier la manière dont Apple gère la distribution d’applications en dehors de l’App Store et la façon dont les développeurs communiquent avec les consommateurs concernant des mécanismes d’achats alternatifs, poursuit le groupe. « Si le taux de commission [qu’Apple] applique sur ces ventes est réduit, ou s’il est restreint ou supprimé, le résultat d’exploitation et la situation financière de la société pourraient être considérablement affectés ».
Ce document officiel à la lecture aride décrit évidemment le pire : il s’agit en effet de lister des risques potentiels à l’activité de l’entreprise. Dans le nouveau paysage concurrentiel imposé par le DMA, Apple conserve pourtant toutes ses chances face à ses futurs rivaux, ne serait-ce qu’en misant sur les atouts de sécurité, de confidentialité et la facilité d’usage de sa boutique.
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Source :
TechCrunch