Près de six mois après son lancement global, Threads, le réseau social conçu par Meta pour concurrencer X (ex-Twitter), a été officiellement lancé en Europe jeudi 14 décembre. Déployé dans le reste du monde, le site de microblogging avait jusqu’ici laissé de côté l’Europe, l’entreprise américaine citant des problèmes de réglementation à étudier.
Qu’est-ce que Threads ?
Threads est la réponse de Meta à X. Le réseau social emprunte la plupart de ses fonctionnalités au site racheté par Elon Musk, avec la possibilité de poster des messages courts (un maximum de 500 caractères), des photos, des vidéos et de s’abonner à d’autres comptes. Certaines possibilités ont été ajoutées au fil de l’eau, comme la modification de posts déjà publiés, l’interface Web ou encore la recherche par mots-clés, explique Meta.
Deux fils d’actualités sont disponibles : un basé sur les abonnements de l’utilisateur et un autre dont les contenus sont choisis par les algorithmes de Meta. D’autres fonctionnalités classiques manquent encore à l’appel. Il n’est par exemple pas encore possible d’envoyer des messages privés dans l’application : il faut pour cela utiliser le système de messagerie privée d’Instagram.
Après un départ canon (100 millions d’inscrits dès la semaine de lancement en juillet), les nouvelles arrivées ont largement ralenti depuis. En octobre, le PDG de l’entreprise, Mark Zuckerberg, affirmait que Threads comptait près de 100 millions d’utilisateurs actifs par mois. En comparaison, le réseau social X compte en ce moment environ 245 millions d’utilisateurs actifs quotidiens.
Impossible de créer un profil sans compte Instagram
C’est l’une des grandes caractéristiques de Threads : pour créer un compte sur le réseau social, il est obligatoire de déjà posséder ou de créer un profil sur Instagram, les deux réseaux sociaux étant liés. Si vous n’êtes pas inscrit sur Instagram, il faudra d’abord y créer un compte avant de pouvoir rejoindre Threads.
Les citoyens de l’Union européenne ne souhaitant pas s’inscrire sur Instagram peuvent toutefois consulter Threads, à défaut de pouvoir y poster : « ils peuvent regarder du contenu et chercher des comptes (…) mais ne pourront pas créer de profil, suivre d’autres comptes ou interagir », explique Meta dans un communiqué.
Le lien obligatoire entre Threads et Instagram peut poser un problème aux personnes qui ont un usage différent des deux réseaux sociaux (par exemple une utilisation privée d’Instagram mais un compte Threads public). Interrogé, Meta a expliqué qu’il était possible, pour un utilisateur Instagram, de masquer le lien vers son compte Threads sur son profil, sans préciser si l’inverse était également faisable.
A terme, l’intégration à une fédération de réseaux décentralisés
Quid de l’interaction avec d’autres réseaux sociaux ? Mercredi 13 décembre, Mark Zuckerberg a annoncé lancer une expérimentation pour faire en sorte que les publications Threads soient visibles sur les réseaux sociaux décentralisés utilisant le protocole ActivityPub (comme Mastodon, autre concurrent à X, ou encore la plateforme vidéo Peertube). Dès la naissance de Threads, Meta avait expliqué sa volonté de le rendre compatible, à terme, avec ce que l’on appelle le « fédivers ». Cette intégration pose néanmoins de nombreux défis techniques à Meta, notamment sur la modération, l’entreprise n’ayant pas la main sur les contenus diffusés sur d’autres réseaux sociaux.
Des inconnues sur la modération
Sur la modération, justement, Meta n’a pas encore publié de données sur les ressources attribuées spécifiquement à Threads. On peut supputer que le site de microblogging s’appuiera sur les moyens techniques déjà mis en place pour Instagram et Facebook, qui reposent sur un mélange de détection automatique et de modérateurs. Selon le dernier rapport transmis par Meta à l’Union européenne, l’entreprise dispose d’environ 15 000 modérateurs dans le monde, en comptant ceux employés par les sous-traitants du groupe. Parmi ces effectifs, on compterait environ 226 locuteurs francophones, selon Meta. Par ailleurs, comme l’a repéré BFMTV, le patron d’Instagram, Adam Mosseri, s’est exprimé plus spécifiquement sur le sujet de la lutte contre la désinformation, souhaitant à terme que les partenaires de fact-checking de Meta (parmi lesquels Le Monde) puissent également évaluer des contenus diffusés sur Threads.