« Si j’ai un processeur AMD Ryzen 5 dans ma bécane, ce n’est pas du tout pareil que si j’ai un Ryzen 9 ! Comment est-ce qu’on fait la différence ? » Les questions d’experts fusent, mardi 12 décembre, dans l’une des salles de conférences du Cargo, à Paris. Ce jour-là, Geoffrey Marmonier y présente Jyros, un calculateur d’empreinte carbone conçu spécifiquement pour mesurer l’impact environnemental du développement de jeux vidéo.
Face à lui, cinq responsables de studios français venus se familiariser avec un outil qui devrait bientôt être indispensable à leur industrie. Elaboré à l’initiative d’associations régionales d’entreprises du jeu vidéo et des deux organisations patronales du secteur, le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV) et le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, Jyros a été dévoilé mi-octobre, sept mois seulement après être entré en développement.
« Ecoconditionnalité des aides »
Un calendrier quelque peu précipité par une échéance qui préoccupe nombre d’acteurs du jeu vidéo à la française. Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a en effet annoncé l’imminente « écoconditionnalité des aides » accordées au secteur : à moins qu’elle n’intègre un bilan carbone à sa candidature, une entreprise ne pourra prochainement plus prétendre au soutien financier que représente le Fonds d’aide au jeu vidéo.
Alors qu’une mesure similaire doit entrer en application au 1er janvier 2024 pour les œuvres en prises de vues réelles (films de fiction, séries, documentaires…), le CNC n’a pas encore communiqué de date précise aux studios de jeux vidéo. L’établissement public estime toutefois auprès du Monde qu’ils devraient être concernés « dans les mois qui viennent ». Pas de temps à perdre, donc. « Le processus d’homologation de Jyros par le CNC devrait débuter en janvier », annonce Geoffrey Marmonier. Depuis plusieurs semaines, celui qui pilote le projet voyage à la rencontre des studios pour dispenser des formations payantes à la prise en main du calculateur.
Matthieu Schneider, directeur de publication et des studios chez Fabloo Games, présent à la formation parisienne pour « mieux comprendre le processus qui sera mis en place sur les aides », compte bien à l’avenir s’en emparer. Aux dernières nouvelles, seul un dixième des studios français ont réalisé un bilan carbone, d’après le baromètre de 2023 du SNJV.
Pour s’assurer de les impliquer davantage, Geoffrey Marmonier a fait appel à vingt-sept entreprises « pilotes », chargées de mettre à l’épreuve Jyros, conçu sous la forme d’un questionnaire, avec des données concrètes. « C’était l’occasion de participer à l’élaboration d’un outil qui soit le même pour tous et d’accéder à un réseau de décideurs pour collectivement apprendre à faire mieux », commente Judith Tripard, responsable des ressources humaines du studio de jeux mobiles Oh Bibi.
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