Microsoft enterre définitivement son célèbre navigateur Internet Explorer

Microsoft enterre définitivement son célèbre navigateur Internet Explorer


Icône du web pour toute une génération, Internet Explorer va progressivement disparaître des ordinateurs à partir du mercredi 15 juin. L’annonce avait été faite par Microsoft il y a un an : après vingt-sept années de service, le plus célèbre des navigateurs vit ses derniers instants, l’entreprise américaine ayant décidé de mettre fin à son support technique, poussant les utilisateurs à adopter leur nouveau navigateur. « Le futur d’Internet Explorer sur Windows est Microsoft Edge. Non seulement Microsoft Edge est plus rapide, mais aussi plus sécurisé », justifie l’entreprise américaine.

Initialement publié en 1995 en tant que contenu additionnel du système d’exploitation Windows 95, Internet Explorer est alors minoritaire face au géant de l’époque, Netscape, qui cumule plus de 75 % des parts de marché.

Mais Microsoft va ruser pour faire de l’icône bleutée le logo le plus connu de la décennie à venir. Si vous avez allumé un ordinateur au début des années 2000, vous vous rappelez sûrement que le petit « e » entouré d’un cercle jaune était déjà présent comme par magie sur votre machine. Et pour cause, Internet Explorer était installé par défaut.

Des bugs qui feront sa légende

Une stratégie payante, puisqu’il va rapidement rattraper Netscape, pour le dépasser à la fin de l’année 1998, soit moins de trois ans après son lancement. Il devient ultra-dominant sur le marché, avec un pic de popularité en 2003, où 95 % des internautes se servent alors du navigateur de Microsoft pour leurs usages quotidiens.

Mais cette ascension fulgurante pose question, en premier lieu aux Etats-Unis, où Microsoft est accusé en 2001 d’avoir eu recours à des pratiques agressives et anticoncurrentielles pour maintenir son monopole. Douze ans plus tard, en 2013, la Commission européenne lui inflige une amende record de 561 millions d’euros, pour avoir imposé le logiciel au consommateur.

Grâce à cette stratégie, Internet Explorer est devenu le navigateur phare qui a bercé tous les utilisateurs du Web au début des années 2000. Faire une recherche signifiait passer par lui, son design si caractéristique… et son optimisation bancale. Qui ne s’est jamais énervé sur sa lenteur récurrente, généralement accompagnée, quelques secondes après avoir cliqué frénétiquement sur la croix rouge, de la mention « Internet Explorer ne répond plus » ? Les plus courageux attendaient alors sagement qu’il daigne remplir son rôle à nouveau, tandis que les plus nerveux s’impatientaient et faisaient planter davantage le logiciel. Une situation qui a tellement marqué les usagers qu’un site recrée l’un des plus célèbres bugs d’Internet Explorer.

Les bugs du navigateur ont, au fil des années, largement inspiré Internet .

« Ça reste un mème Internet classique : c’est obsolète, rien ne fonctionne dessus, ça rappelle les vieux ordinateurs de CDI dans les collèges où c’était le seul navigateur… Ça en devient marrant tellement c’est mal optimisé ! », témoigne auprès de nos confrères de Franceinfo le créateur du compte Twitter @intrnetexp qui, depuis trois ans, fait rire les réseaux sociaux avec ses détournements humoristiques.

Internet Explorer était également la bête noire des développeurs Web, dont nombre d’entre eux ont trimé pour produire une page Internet ergonomique sur un navigateur qui ne prenait pas en compte tous les standards de son époque. « Si vous êtes un développeur Web travaillant sur des sites modernes ou des applications, nous savons que vous attendiez ce jour depuis longtemps », plaisante d’ailleurs à ce sujet Microsoft dans son communiqué annonçant la fin du navigateur. Au fil du temps, le logiciel était devenu la cible des hackers, qui profitaient régulièrement de ses bugs et failles de sécurité. En 2008, par exemple, une brèche, réparée par la suite, permettait, grâce à une simple visite sur un site Web, d’installer à votre insu un programme sur votre machine pour ensuite en infecter des milliers d’autres.

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Écrasé par la concurrence

Microsoft s’est longtemps cantonné aux internautes munis d’un ordinateur, alors que les usages ont évolué et que 59 % du trafic Internet mondial se fait désormais depuis un téléphone. Combinés, ces éléments ont contribué à le faire passer au fil des années du statut de leader du marché à celui de blague récurrente entre geeks : Internet Explorer est devenu le logiciel des novices et des boomers. C’est aussi le navigateur que, petit à petit, tout le monde utilisait dans l’unique but de télécharger Chrome (Google), Safari (Apple), ou encore Firefox (Mozilla), bien plus performants et optimisés pour les usages modernes. À tel point qu’en avril 2022, seulement 0,39 % des internautes lui étaient restés fidèles, tandis que Chrome affichait fièrement 64,34 % de parts de marché, selon le site GlobalStatsCounter.

La sortie de Microsoft Edge en juillet 2015 actait déjà le début de la fin pour Internet Explorer puisque tous les efforts de la firme américaine se sont concentrés sur ce nouveau produit, plus moderne et performant que son aïeul. Si bien que, quatre ans plus tard, le chef de la cybersécurité de Microsoft appelait même à cesser d’utiliser Internet Explorer pour des raisons pratiques, dans un post intitulé « Le risque que présente l’utilisation d’Internet Explorer comme navigateur par défaut ». Un comble pour une entreprise qui l’a longtemps imposé comme tel à ses clients.

Un mode « Internet Explorer » reste intégré à Edge jusqu’en 2029 pour permettre à certaines entreprises, encore dépendantes du vieux logiciel, de continuer à travailler. Mais Microsoft encourage fortement entreprises et développeurs Web à faire la transition au plus vite. Certains ne semblent pourtant pas prêts à faire le deuil du célèbre navigateur, à l’image de la vague de nostalgie qui a déferlé ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Lent, peu fonctionnel, il n’en reste pas moins la première porte d’entrée sur Internet de la génération Y.

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