Depuis la pandémie, nous utilisons de moins en moins les billets de banque traditionnels émis par la Banque centrale européenne (BCE) pour régler nos achats. Afin de reprendre en partie la main sur le système de paiement du continent, la BCE milite aujourd’hui pour la création d’un euro numérique, projet qui doit faire l’objet d’un vote, le 22 avril, au Parlement européen, à Strasbourg.
Le changement apparent serait faible pour le grand public. Comme aujourd’hui, on continuerait à utiliser une carte de crédit ou un smartphone pour payer à la caisse. Mais en réalité, c’est toute une mécanique qui serait transformée. Les sommes dépensées en e-euros ne seraient plus prélevées sur des comptes dans des banques privées. Cet argent numérique serait géré directement par la BCE comme les billets et les pièces, avec des comptes individuels spécifiques.
On imagine bien les réticences des banques de dépôt qui font fructifier en continu l’argent déposé sur les comptes courants, souvent sans reverser d’intérêt à leurs clients. Si l’e-euro était créé à côté de l’euro habituel, les banques se verraient privées d’une partie de leurs activités et de leurs gains. Le milieu bancaire bataille donc pour un plafonnement aussi bas que possible des éventuels e-portefeuilles individuels.
Dans de nombreux pays
En revanche, les start-up de technologie financière, les fintech, peuvent avoir beaucoup à gagner dans ce projet de grande envergure. Dès à présent, les e-monnaies des banques centrales se développent dans de nombreux pays. En Chine, l’e-yuan est déjà presque en vigueur. En Inde, la banque centrale est en train de développer l’e-roupie. La maîtrise de ces technologies pourrait constituer un avantage compétitif important.
Aux Etats-Unis, le projet d’e-dollar est sur la table et fait la « une » des quotidiens. Trump y est absolument opposé, Biden, plutôt favorable. Mais en Europe, quels politiques s’expriment sur le sujet, en pour ou en contre ? Quasiment aucun. Alors même que le projet d’euro numérique se précise, que des groupes de travail planchent à la BCE depuis juillet 2021 et qu’un cadre législatif est en passe d’être adopté par le Parlement européen, le grand public n’est, curieusement, pas du tout associé au débat.
Celui-ci mérite pourtant une attention soutenue.
La BCE met en avant les avantages de l’euro numérique, notamment le renforcement de la souveraineté européenne face aux autres puissances en passe d’adopter de telles monnaies. Cet e-euro permettrait, par ailleurs, de rendre les transactions plus rapides et moins chères qu’avec des virements bancaires. Les paiements internationaux deviendraient quasi gratuits.
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