Personne n’échappe aux IA, pas même la défense française. Lors du salon de l’armement Eurosatory qui s’ouvrait hier, le ministère des armées a rappelé les principaux enjeux de l’intelligence artificielle pour les armées françaises.
Le ministre Sébastien Lecornu a rappelé les principaux enjeux de l’armée en la matière :
- Disposer d’un financement suffisant pour soutenir le développement de ces technologies
- Avoir des talents pour mettre en œuvre ces technologies
- Bénéficier de la puissance de calcul nécessaire
En axant la stratégie des armées sur ces trois enjeux, Sébastien Lecornu assure que la France sera « la puissance européenne la mieux préparée » en termes d’intelligence artificielle.
Trois enjeux en ligne de mire
« Sur le financement, la prochaine loi de finance devrait nous permettre d’affecter l’équivalent de deux milliards d’euros pour soutenir le développement de l’intelligence artificielle en matière militaire » a rappelé le ministre.
Sur la question des compétences, il a rappelé que l’armée pouvait compter sur ses écoles d’ingénieurs. Il note bien cependant un risque « d’évaporation » des talents, attirées par le secteur du privé et ses salaires plus attractifs.
Enfin sur la puissance de calcul, le ministère a récemment annoncé l’arrivée d’un supercalculateur dédié au développement de technologies d’intelligence artificielle. Cet outil doit être opérationnel à compter de 2025. Il doit entraîner des modèles d’intelligence artificielle sur des données confidentielles de l’armée. Thales et le CEA ont ainsi officialisé lundi un partenariat portant sur le développement de l’IA générative de confiance appliquée à la défense et à la sécurité.
Retour à une organisation des années 60
« La révolution de l’IA est comparable à celle de l’atome dans les années 60 » assure le ministre. Le ministère a donc choisi de décliner le modèle mis en œuvre à l’époque via la création d’une nouvelle agence dédiée, l’Amiad (Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense).
Les missions et les contours de cette agence s’inspirent en effet largement de celles fixées pour le CEA dans les années 60. Elle porte un rôle de point central pour ces technologies mais doit aussi identifier les applications pouvant être déclinées auprès des populations civiles.
Annoncée en mars, l’Amiad liste déjà les cas d’usage de l’IA pour le domaine militaire, en faisant l’inventaire des initiatives déjà engagées par les différents corps d’armées.
Oreilles d’or et maintenance prédictive : voici les premiers cas d’usage des militaires
Car l’armée n’a pas attendu 2024 pour déployer des outils d’IA au sein de ses forces. La Marine a déjà mis en œuvre des outils d’intelligence artificielle à destination des « oreilles d’or ». Ces sous mariniers étudient les signatures sonores afin d’identifier les bâtiments ennemis. Ici, les technologies d’IA sont utilisées pour éliminer les bruits parasites dans les extraits analysés. Et faciliter ainsi la tâche des analystes.
L’armée utilise également l’IA en matière de maintenance prédictive du matériel terrestre. Un programme est en cours de développement pour identifier automatiquement les pièces de rechange de différents véhicules.
Baptisé Rora, il prend la forme d’une application mobile. Les opérateurs chargés de l’entretien prennent une photo d’une pièce, ce qui l’identifie automatiquement, sans nécessiter de connexion.
Optique et modèles de langage sur les canons Caesar et les blindés Griffon
L’intelligence artificielle est aussi déjà utilisée par l’Armée de l’Air pour former ses pilotes. Via un simulateur, l’IA utilise les données de vol des pilotes pour analyser leurs performances. Et recommander des pistes d’amélioration.
Par ailleurs, l’IA est utilisée dans les dispositifs de ciblage de l’artillerie. A titre d’exemple, Sébastien Lecornu a rappelé que les nouveaux canons Caesar livrées aux forces ukrainiennes embarquent cette technologie.
Dans la même logique, le ministère de la défense a présenté son outil DeMAIA, un dispositif d’assistance destiné aux véhicules blindés Griffon. Celui-ci équipe les véhicules et permet de procéder à une analyse en temps réel des flux vidéos des caméras du véhicule afin d’identifier automatiquement des cibles aux alentours.