Le fournisseur de service OpenDNS a annoncé vendredi dernier cesser de servir les utilisateurs français et portugais qui avaient recours à son outil de DNS. Pour justifier sa décision, la société invoque une décision des tribunaux français et une décision de la justice portugaise. Ils mentionnent l’article L.333-10 du Code des Sports en France et l’article Article 210-G(3) du code portugais du droit d’auteur. Mais Cisco ne donne pas plus de détail quant à la décision exacte ayant provoqué ce choix.
En mai dernier, OpenDNS s’était défendu en justice face à une plainte du groupe Canal+, comme l’avait rapporté l’Informé. Le plaignant lui demandait de bloquer une trentaine de noms de domaines accusés de retransmettre illégalement des matchs du championnat de Top14 de Rugby.
Canal+ contre Google, Cloudflare et OpenDNS
Aux côtés d’autres fournisseurs de DNS comme Google et Cloudflare, les avocats d’OpenDNS avaient tenté de faire valoir leurs arguments pour rejeter cette demande.
La justice avait finalement donné raison à Canal+. Et ce en confirmant l’obligation de blocage des noms de domaines visés.
D’autres procédures du même type visaient également OpenDNS pour des demandes de blocage visant des retransmissions d’autres événements sportifs.
OpenDNS arrête les frais
Plutôt que de multiplier les dépenses de son service juridique pour contester les demandes de blocages, il semble donc que OpenDNS ait préféré limiter les frais. Comment ? En coupant complètement l’accès à ses services sur le territoire français.
« Les services de résolution DNS ne contiennent ni n’hébergent de contenu » explique à ZDNET un porte-parole de Cisco. »Cisco (…) estime que si l’accès à un contenu doit être restreint, les demandes légales doivent être adressées aux fournisseurs de contenu ou aux services d’hébergement qui bénéficient du contenu en question et/ou en ont le contrôle, et non à des technologies neutres telles que la résolution DNS ».
« Cependant, en raison d’une décision de justice (…) Cisco a suspendu le service OpenDNS pour les utilisateurs en France ». Reste qu’il s’agit d’un choix radical et pour l’instant assez unique.
« C’est assez nouveau dans ce domaine, mais c’est aussi une des premières fois en France que ce type de procédure vise des fournisseurs de DNS publics », rappelle Stéphane Bortzmeyer, ingénieur à l’Afnic, qui a été l’un des premiers à constater sur son blog la décision d’OpenDNS. Un choix qui a provoqué plusieurs pannes chez des utilisateurs ayant choisi de s’appuyer sur le service gratuit d’OpenDNS pour assurer leurs services de DNS.
Blocages et contournements
La justice française dispose de plusieurs outils pour demander le blocage de noms de domaines soupçonnés de diffuser des œuvres soumises au droit d’auteur ou des événements sportifs.
D’un point de vue technique, ces demandes se traduisent généralement par une modification des informations transmises par les fournisseurs DNS, l’annuaire du réseau internet qui est utilisé pour traduire les noms de domaine en adresse IP.
Aller au delà des FAI traditionnels
Jusqu’alors, la plupart des décisions avaient visé les services de DNS fournis par les principaux fournisseurs d’accès français, et utilisés par la majorité des internautes.
Mais pour contourner ce type de décision, il est possible de se tourner vers des fournisseurs alternatifs de DNS qui n’appliquent pas toujours les décisions de la justice française.
Les services proposés par OpenDNS, Google ou Cloudflare sont ces alternatives les plus faciles à mettre en place par les internautes. Les ayants droits et représentants du monde de l’audiovisuel l’ont bien compris.