Mickey Mouse drogué, Elon Musk en tueur de masse… Grok, l’IA génératrice d’images qui laisse tout passer (ou presque)

Mickey Mouse drogué, Elon Musk en tueur de masse… Grok, l’IA génératrice d’images qui laisse tout passer (ou presque)


La mécanique est connue : dès qu’un programme d’intelligence artificielle générative est mis en ligne, le grand jeu des internautes consiste à tenter de le faire dérailler. C’est ce qui s’est naturellement produit quand xAI, l’entreprise d’Elon Musk consacrée à l’intelligence artificielle, a sorti, mardi 13 août, la version 2.0 de son logiciel Grok. Accessible aux détenteurs d’un abonnement « premium » au réseau social X, ce chatbot permet de générer du texte, mais aussi, désormais, des images. Les internautes ont depuis réussi, avec une facilité déconcertante, à lui faire produire des images violentes et autres deepfakes.

Une représentation d’Elon Musk dans un lycée, arme à la main, entouré de cadavres d’adolescents ; Barack Obama s’apprêtant à consommer de la cocaïne ; Donald Trump et Kamala Harris en maillot de bain… Autant de contenus que les autres générateurs d’images grand public prohibent généralement : Dall-E (OpenAI), en particulier, refuse les représentations de personnalités publiques ou d’activités illégales.

Ces logiciels interdisent aussi, en théorie, les atteintes au droit d’auteur. Or, Grok génère facilement des contenus mettant en scène Mickey Mouse, Mario ou Bob l’éponge, par exemple – voire les trois en même temps, comme dans cette image où ils partagent du cannabis avec Elon Musk. S’il semble également facile d’utiliser Grok pour générer des images de personnalité en sous-vêtements, le logiciel refuse néanmoins de fabriquer des contenus pornographiques.

Elon Musk contre les IA « woke »

Grok n’est pas le premier système d’IA à permettre la création de ce type d’images. Néanmoins, les principaux outils commerciaux, dotés de restrictions strictes, nécessitent généralement d’user de stratagèmes plus ou moins poussés pour parvenir à contourner ces dernières.

Le cas de Grok est particulier : Elon Musk a toujours vilipendé les programmes d’intelligence artificielle générative de ses concurrents, soumis, selon lui, au politiquement correct et à l’agenda « woke ». Il avait férocement critiqué Google en février, quand son logiciel Gemini avait mis en scène des personnes noires pour incarner des soldats allemands de la seconde guerre mondiale ou les pères fondateurs des Etats-Unis. « Le virus woke est en train de tuer la civilisation occidentale », avait-il réagi, accusant Google de concevoir des programmes « racistes et anticivilisation ».

Alors qu’il travaillait sur le lancement de Grok, il avait confié à la chaîne américaine Fox News vouloir développer un chatbot qui cherchait avant tout la « vérité ». A sa sortie, en novembre, Grok, qui ne pouvait alors générer que du texte, n’intégrait quasiment aucune des protections contre les abus devenues standards chez ses concurrents.

Réagissant à un message saluant l’aspect « non censuré » de Grok 2.0 et son supposé respect de « la liberté d’expression », Elon Musk a déclaré mercredi : « Grok est l’IA la plus fun du monde ! », déchaînant les commentaires des internautes fans du multimilliardaire, multipliant en réponse les images générées par Grok et le mettant en scène, dans des poses héroïques, aux côtés de Donald Trump, dont il soutient la campagne.

Pas sûr que cette nouvelle version de Grok amuse les régulateurs, à quelques mois de l’élection présidentielle américaine, et alors que le réseau social X fait l’objet d’une enquête européenne : la Commission européenne le soupçonne de faillir à ses obligations en matière de modération des contenus illégaux et de la désinformation.

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Le Monde

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