Sur Google Trends, l’outil qui permet de comparer l’évolution du nombre de recherches sur des mots-clés, les courbes sont impressionnantes : mi-août, le nombre de recherches pour des outils permettant de regarder illégalement la reprise du championnat de Ligue 1 a explosé. Cause probable de cette soudaine hausse, l’annonce officielle des tarifs de DAZN, le 8 août : le nouveau détenteur des droits du championnat propose un abonnement à 29,99 euros par mois, avec un engagement d’un an, soit environ le double du tarif du Pass Ligue 1 proposé en 2023 par Amazon, en comptant le prix d’un abonnement Prime Video.
Si Shay Segev, le PDG de DAZN, avait estimé que son offre à 29,99 euros par mois est un « juste prix », dans une interview au quotidien sportif L’Equipe, mercredi 14 août, nombre d’amateurs de football en doutent. Voire s’agacent clairement de devoir débourser près de 45 euros mensuels pour regarder l’intégralité de la Ligue 1 en direct (en intégrant l’offre de BeIN Sports).
Pour l’ouverture de la saison, vendredi 16 août, au moins 200 000 personnes se sont tournées vers la messagerie Telegram pour y regarder le match Le Havre – Paris-Saint-Germain, selon les estimations du Parisien. L’application, qui propose des canaux de discussion et un système de vidéos en direct, permet de facilement mettre en place un flux vidéo, et des comptes spécialisés y partagent les liens vers les directs de Ligue 1 ou d’autres compétitions sportives depuis plusieurs années.
La pratique était jusqu’à peu relativement marginale en France. Mais elle a explosé avec la reprise de la Ligue 1, note A., administrateur d’un canal Telegram qui diffuse les matchs et qui souhaite conserver son anonymat. Il a vu, samedi 17 août, « un stream avec plus de 100 000 spectateurs » chez un concurrent. Les ayants droit ont envoyé de multiples demandes à Telegram pour faire bloquer les flux ; si l’application s’est exécutée, « les délais de réponse de Telegram sont fluctuants (jusqu’à vingt-quatre heures) et sont incompatibles avec un retrait en temps utile de contenus diffusés en direct », se plaignait la Ligue de football professionnel (LFP) auprès du Parisien.
Sollicité par Le Monde, Telegram assure que ses « délais de réaction aux demandes sont tout à fait dans la norme du secteur », et que ses modérateurs « reçoivent des notifications quand des vidéos en direct accueillent un très grand nombre de spectateurs, ce qui permet de couper les diffusions illégales avant même qu’une plainte ne soit reçue ». Reste qu’en cas de coupure, il est facile pour les pirates de créer un nouveau direct : « On relance juste après », explique A., qui dit diffuser les matchs parce qu’il « kiffe faire ça », mais aussi pour l’argent.
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