En montant dans le cloud, les opérateurs télécoms perdent-ils leu …

En montant dans le cloud, les opérateurs télécoms perdent-ils leu ...



L’informatisation des infrastructures télécoms n’est pas une tendance nouvelle mais elle tend à s’accélérer avec l’essor du cloud et de l’intelligence artificielle. Elle remonte à 2012 selon une note sur les réseaux du futur de l’Arcep, le régulateur du secteur. Cette transformation, connue sous l’appellation des « telcos vers les technos » procède en plusieurs étapes.

La première tendance porte sur la virtualisation des fonctions réseaux (NFV). Cette virtualisation permet le déploiement de ces services réseaux sous la forme de logiciels, s’affranchissant ainsi de la couche matérielle sous-jacente.

Elle apporte aux opérateurs davantage de flexibilité et d’agilité dans la gestion de leurs réseaux et une plus grande indépendance à l’égard des équipementiers.

Du cloud public à l’edge computing

Étape suivante : la cloudification des fonctions réseaux. Les opérateurs bénéficient des ressources potentiellement illimitées du cloud pour passer à l’échelle des services réseaux virtualisées. Avec le principe de scalabilité, ils peuvent ajuster leurs capacités en fonction de la fluctuation de la demande.

Comme n’importe qu’elle entreprise, un opérateur télécom fait appel à des environnements de cloud public, de cloud privé, de cloud hybride ou multicloud. Ce qui suppose s’assurer un certain niveau d’interopérabilité entre les différents cloud. Les opérateurs peuvent aussi ouvrir l’accès à leurs réseaux mobiles à des acteurs tiers via des interfaces de programmation (APIs) et monétiser ainsi leurs actifs.

A l’inverse de cette volonté d’ouverture, l’edge computing répond, lui, aux exigences de latence et de confidentialité du traitement des données des services critiques tout en permettant de désengorger en partie le réseau. Il consiste à localiser certaines infrastructures en périphérie du réseau, au plus proche du client et des des sources de génération de données.

Enfin, « le recours à l’IA pourrait devenir critique aux prochaines étapes de l’informatisation des réseaux », juge l’Arcep. « La virtualisation des réseaux augmente les possibilités d’intégration de « briques d’IA » afin de programmer, d’optimiser et d’automatiser certaines tâches et certaines fonctions, notamment en matière de supervision et d’anticipation des charges. » Comme le fait déjà Orange.

Accélérer le cycle d’innovation

Les opérateurs historiques adoptent une approche progressive et « prudente » d’informatisation de leurs réseaux, tandis que les nouveaux entrants comme Dish aux Etas-Unis, 1&1 en Allemagne ou Rakuten au Japon ont fait le choix de déployer directement un réseau entièrement virtualisé.

« Le déploiement de la 5G stand alone, dont la normalisation du cœur de réseau reprend les concepts hérités du monde de l’informatique, est un facteur d’accélération de l’informatisation des réseaux mobile », avance l’Arcep.

La virtualisation des réseaux suppose toutefois pour les opérateurs des investissements importants en infrastructures cloud et en technologies de virtualisation mais aussi des coûts de migration et de formation du personnel. En contrepartie, l’informatisation devrait faire émerger de nouveaux services. D’ores et déjà, elle permet d’optimiser la diffusion de continus vidéos en streaming en attendant demain les jeux vidéo du cloud gaming.

Plus généralement, les opérateurs gagneront en agilité en déployant plus rapidement de nouvelles fonctionnalités à l’échelle. « Le développement de l’informatisation des réseaux est susceptible de permettre une accélération des cycles d’innovation et potentiellement la naissance de plus en plus rapide de nouveaux usages et de nouveaux marchés », résume l’Arcep. Le potentiel est surtout sur le marché du BtoB. L’informatisation de réseaux facilite le déploie à la volée des réseaux privés 5G avec des niveaux de services différenciés.

Risques cyber et enjeu environnemental

La cloudification des infrastructures augmente de facto la surface d’expositions aux risques cyber avec une partie des données transportée sans protocole de chiffrement.

La multiplication des interfaces ouvertes aux développeurs d’applications introduit de nouvelles vulnérabilités. En termes de résilience, les taux de disponibilité du cloud public ne répond pas « aux exigences en temps de rétablissement attendues sur des réseaux nationaux ».

Par ailleurs, l’informatisation pose des questions sur son impact environnemental. Si la mutualisation des ressources, propre au cloud public, peut être un levier de baisse significative de la consommation énergétique des réseaux, « les premiers déploiements de solutions télécoms s’appuyant sur du matériel générique (à base d’Open RAN notamment) se montrent aujourd’hui plus énergivores que leurs équivalents dédiés et optimisés. »

Dépendance aux géants du cloud

Dernier sujet de préoccupation et pas le moindre : la dépendance aux cloud providers et plus particulièrement des hyperscalers qui multiplient les solutions dédiées. Ils « sont d’ores et déjà des partenaires privilégiés des entreprises, que ce soit dans la fourniture d’offres IaaS ou de SaaS », constate l’Arcep.

En développant des offres de réseaux répondant aux usages professionnels des entreprises, ces hyperscalers pourraient se positionner comme les interlocuteurs principaux de ces dernières. « Les opérateurs, s’appuyant alors sur l’infrastructure fournie par l’hyperscaler, deviendraient de simples sous-traitants de la partie connectivité de l’offre. »

« Même si pour les accès fixes, la capillarité du dernier kilomètre restera chez les opérateurs, et que pour les accès mobile, l’expertise radio devrait rester une compétence davantage maîtrisée par les opérateurs », « les hyperscalers joueraient alors un rôle structurel dans la fourniture de connectivité aux entreprises ».

Les opérateurs peuvent toutefois miser sur le lien de proximité et une « certaine confiance » qu’ils ont pu développer auprès de leurs clients, faisant d’eux des interlocuteurs naturels. Dans une vision positive du marché, ils pourraient être mieux à même de proposer des offres groupées associant des services de connectivité et des solutions collaboratives dans le cloud. La visioconférence étant, par exemple, un sujet à la fois telco et techno.

Visuel généré par IA, Microsoft Designer



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