Avec 62% de parts de marché, WordPress est aujourd’hui l’un des systèmes de gestion de contenu open source les plus populaires du web. Mais cet écosystème est aujourd’hui secoué par un conflit entre le fondateur du projet Matthew Mullenweg et l’un des principaux fournisseurs de cette technologie, WP Engine. Cette société fondée en 2010 par des entrepreneurs américains propose aux utilisateurs d’héberger des sites web en utilisant les technologies de gestion de contenu fournies par le projet open source WordPress. WP Engine propose également plusieurs plugins et ajouts permettant de personnaliser les sites web.
Premières escarmouches
Les hostilités ont commencé publiquement à la fin du mois de septembre, avec un post de blog de Matthew Mullenweg accusant WP Engine de profiter de l’image de marque de WordPress et des solutions open sources pour générer un chiffre d’affaires d’environ 500 millions de dollars, sans contribuer en retour au projet. Matthew Mullenweg s’exprime alors sur le site WordPress.com, un service d’hébergement de sites web WordPress proposé par sa société d’édition logicielle Automattic qu’il a fondée en 2005.
Mais pour le créateur du projet, les démarches de WP Engine et d’Automattic ne sont pas comparables : « Ils contribuent l’équivalent de 40 heures par semaine, quand Automattic, d’une taille similaire, contribue 3915 heures par semaine » assure Matthew Mullenweg, accusant au passage WP Engine de désactiver par défaut les fonctions de stockage des corrections apportées au contenu afin d’économiser sur les frais de serveurs liés.
Accusations et blocages
En retour, WP Engine a publié une lettre accusant Matthew Mullenweg d’avoir voulu forcer la main à WP Engine pour les obliger à accepter le paiement d’une licence commerciale pour l’utilisation de la marque commerciale « WordPress ». En réponse, Automattic a également publié une lettre d’avocat affirmant que WP Engine exploitait frauduleusement la marque WordPress, et les deux entreprises ont continué à se mettre des bâtons dans les roues.
Matthew Mullenweg a ainsi bloqué l’accès de WP Engine aux mises à jour automatiques fournies par WordPress.com, forçant la société affectée à mettre au point un mécanisme alternatif. Les choix du directeur d’Automattic ne font d’ailleurs pas l’unanimité au sein de ses employés, et un peu plus de 150 collaborateurs (sur les 1700 employés) de la société ont annoncé leur départ au début du mois d’octobre suite aux prises de position de Mullenweg.
Prise de contrôle d’extensions
Mais les mesures de rétorsion ont continué, samedi 12 octobre Automattic a ainsi décidé de supprimer de sa plateforme le plug-in Advanced Custom Fields, une extension commerciale pour WordPress développée par WP Engine et diffusée via WordPress.com, Matthew Mullenweg a justifié son choix de retirer le plugin de la plateforme WordPress.com en soulignant les vulnérabilités du projet de WP Engine et les risques potentiels que ceux ci font courir aux utilisateurs. Il propose une alternative, baptisée Secure Custom Field censée corriger les failles de sécurité du projet Advanced Custom Field de WP Engine.
Au début du mois d’octobre, Wp Engine a entamé un recours en justice devant le tribunal de Californie accusant Automattic, WordPress.com et Matthew Mullenweg d’abus de pouvoir. Une plainte jugée « sans fondement » par Automattic, qui a fait part de son intention de se défendre dans un communiqué.
Le conflit reste donc ouvert, et ne semble pas en voie de résolution. Les utilisateurs du logiciel WordPress, eux, assistent au conflit en se demandant si la centralisation de l’écosystème autour d’Automattic et de Matthew Mullenweg n’augure pas des problèmes similaires pour d’autres acteurs proposant des services similaires à ceux de WP Engine, menant à terme à une fragmentation du projet.