Ça y est ! Suite à la réélection de Donald Trump et la nomination d’Elon Musk dans son gouvernement, les utilisateurs migrent vers Bluesky.
Pour le moment, tout le monde ou presque en parle comme d’un « safe space », ce qu’il n’est pas.
C’est peut-être l’occasion de perdre les sales habitudes que vous avez prises sur Twitter.
Les captures d’écran des articles
Imaginez : vous écrivez un article, vous le documentez, vous réfléchissez, vous sortez votre meilleure plume, vous le mettez en ligne (ou vous l’envoyez à votre rédacteur en chef) et là, vous avez Jean-Kévin en mal de reach qui fait un screenshot du texte pour le balancer sur un réseau social, avec un commentaire qu’il croit être un trait d’esprit.
Arrêtez ces conneries. D’une part, vous tuez la rémunération des journalistes ou des auteurs, surtout si l’article est derrière un paywall et cela ne vous fera pas gagner les « faveurs » ou la reconnaissance de ceux qui ont écrit. Dans le meilleur des cas, vous ne vous ferez pas insulter.
Si on s’embête – pour ne pas dire autre chose – avec l’iconographie d’un article et qu’on paie des banques d’images ou des agences de presse, c’est justement pour que ça fasse joli quand on partage un lien sur les réseaux sociaux.
Donc, merci d’arrêter d’entretenir votre notoriété sur notre dos.
Bien écrire
Des fautes, on en fait tous. Un moment d’inattention et hop, une coquille est passée par là. Cela arrive, ce n’est pas dramatique et on aime les réseaux sociaux tels que Mastodon qui permettent de réécrire certains messages.
Pour autant, les messages de type « jveux ken envoyer tweet » ou « Les gens je faits que des dingz avec les bra ket j’ai vu la lumière je crois maintenant j’aime l’algèbre linéaire. », il faut arrêter. C’est insupportable, on a l’impression de lire des hiéroglyphes.
Même chose pour les mélanges français et autres langues : on ne comprend rien. On se doute qu’il s’agit d’une plaisanterie ou d’un trait d’esprit, mais, si vous êtes la seule personne à la comprendre, cela n’a aucun intérêt.
Respectez ceux qui vous lisent : faites un effort d’écriture ou contentez-vous de faire des vidéos pour Instagram. En ce qui me concerne, j’ai décidé de masquer systématiquement les personnes qui écrivent de cette manière. Je n’ai pas de temps de cerveau à consacrer à des gens qui ne font pas l’effort d’être lisible. J’ai aussi décidé de supprimer les messages de mes groupes Facebook qui ont le même défaut.
Les fils à rallonge
Je suis sûre qu’il existe une place particulière en enfer pour les gens qui font des fils (threads) à rallonge. Dans certains cas, cela peut se justifier : un fil qu’on commence un jour et qu’on alimente sur plusieurs mois voire années, au fil de l’actualité par exemple ou les live-tweets d’audiences judiciaires.
Mais, ceux qui me fatiguent sont ceux qui font des fils « voilà pourquoi [insérer ce que vous voulez] 1/75 ». Faites-nous plaisir : ouvrez un blog. Bluesky est une plateforme de microblogging certes, mais le mot important est micro.
« Je ne suis pas technicien/je n’ai pas d’argent pour un nom de domaine » pourrez-vous rétorquer. Je vous dirais qu’il existe des plateformes de blog totalement gratuites. D’autant que si vous estimez que ce que vous racontez à de la valeur, pourquoi ne le valoriser en dehors d’un réseau social ?
Le jour où X ou Bluesky ou Instagram ou autre disparaît, vous faites quoi ?
Les injonctions de toutes sortes
Sauf quand il y a une visée professionnelle, on va sur un réseau social pour se distraire. Par principe, on fait ce que l’on veut. Cela peut paraître contradictoire avec le paragraphe précédent, cela ne l’est pas. En fait, cela le complète.
On est sur quelque chose d’assez simple : la politesse. Quand vous allez chez quelqu’un, vous ne critiquez pas sa décoration, son repas ou ce qu’il a sur ces murs. Sur un réseau social, c’est pareil. Ne dites pas à quelqu’un « fais ci ou fais ça ». Laissez les gens gérer comme ils veulent, la plupart du temps, ils sont majeurs et vaccinés.
L’avantage de Bluesky est que certains outils de X (anciennement Twitter) ont été intégrés dès le départ : masquer et bloquer. La façon dont les personnes utilisent leur compte ne vous convient pas ? Vous pouvez masquer et ne plus suivre.
Une des raisons pour lesquelles Twitter est devenu toxique ne tient pas qu’au rachat par Elon Musk. C’est qu’au nom d’une pseudo-sortie des bulles algorithmiques, les gens se sentent obligés de commenter et de suivre des débiles. Sur mon compte personnel, je n’ai pas de contenu problématique : je suis des gens dont j’apprécie le fil dans sa globalité et pour ceux que je ne pouvais plus encadrer, je me suis désabonnée ou j’ai masqué.
Arrêtez de rêver
Le rêve d’un réseau sans publicité, il existe : il s’appelle Mastodon, qui repose sur des serveurs décentralisés et vous savez quoi ? Comme c’est géré individuellement, ça ne fonctionne pas toujours très bien.
Bluesky deviendra un réseau social publicitaire à un moment donné, car il faut payer les serveurs, les techniciens, les modérateurs, les designers, etc. Il y aura donc une course à la visibilité. Vous n’êtes pas chez vous, dans votre salon.
Pour le moment, il y a une pause, car l’outil est en phase d’acquisition de public et quand on cherche à capter un public, on fait dans l’open-bar. Dès que les outils statistiques officiels arriveront, le vent commencera à tourner. Les entreprises arriveront et avec elles, les influenceurs.
On rêve tous d’un réseau social qui nous ressemble, mais, les gens sont tous différents et ce qui a plombé Twitter, ce sont d’abord les gens. Musk a joué un rôle, mais il a pris la place que les gens ont bien voulu lui laisser, tout comme les contenus haineux.
Sobriété sociale
Quelque part, ce qu’on regrette, c’est le côté réellement social des réseaux sociaux. Aux débuts de Twitter, on est nombreux à s’en être servi pour faire connaissance en ligne, pour ensuite se retrouver dans le monde réel. Je fais partie de la génération qui a connu les apéros Twitter. On ne se connaissait pas vraiment, mais on se retrouvait autour d’un verre.
Aujourd’hui, les apéros ont été remplacés par des Space, des Twitch, des visioconférences, bref du dématérialisé à 100 %. Or, on est généralement plus calme et plus pondéré dans le monde réel que sur le Web. On se soucie, consciemment ou inconsciemment, du regard des autres.
Avec la course au reach, la pondération imposée par les normes sociales a laissé la place à l’émotion, à la réaction éruptive, à l’outrance et nos médias, au lieu de calmer le jeu, en ont rajouté une couche. Ils ont transformé la moindre flatulence écrite de pseudo-influenceurs en sujet d’actualité, digne du 20 h.
Dernière victime et non des moindres : les politiques. Ils sont progressivement en train d’arriver sur Bluesky, espérant capter un auditoire nouveau et je sais d’avance que certains vont nous sortir « vous êtes X à me suivre, merci ! ». Je suis ravie de voir qu’ils ont du temps pour améliorer leur reach mais, jamais pour discuter des sujets de fond.
Les techs vous le diront : l’outil n’est jamais le problème, les gens sont le problème. Ne vous bercez pas d’illusions et si vous voulez que les choses s’améliorent, commencez par vous demander comment vous pouvez les améliorer à votre niveau.