Véronique Torner, présidente de Numeum, a défini plusieurs priorités pour le secteur, dont la prise en compte des enjeux RSE. Les ambitions du syndicat patronal français des entreprises du numérique se traduisent-elles dans la pratique ?
La deuxième édition du baromètre AdVaes des prestataires du numérique écoresponsables fournit des éléments de réponse.
Premier enseignement, la part des entreprises ayant défini des objectifs de réduction d’impacts à 2030 progresse significativement.
88% disposent d’un responsable RSE au Comex
Entre 2023 et 2024, elle gagne 23 points, passant de 65% à 88%. Les fournisseurs sont notamment plus nombreux en proportion à avoir nommé en interne une personne en charge des sujets de RSE/ESG au Comex (+21 points).
Pour AdVaes, l’évolution observée traduit “une volonté claire de s’engager sur ces sujets et de les inscrire dans la stratégie à long terme de l’entreprise.” Autre illustration : 70% des membres du panel ont défini une feuille de route ESG ou l’élaborent.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la meilleure prise en compte de l’impact environnemental par ces acteurs, dont un renforcement de la réglementation au travers en particulier de la CSRD. 50% y sont en effet éligibles.
“Ce facteur influence indéniablement les pratiques”, analyse le baromètre. La pression du marché constitue un deuxième levier expliquant la tendance en cours. Réunis, ces deux facteurs dessinent largement les contours des stratégies RSE mises en place.
Des prestataires drivés par leurs intérêts et obligations
“Ils se sont focalisés sur les indicateurs pour lesquels les attentes étaient les plus élevées de la part de leurs parties prenantes et des réglementations, ainsi qu’aux incidences financières positives dans les actions conduites”, juge Emmanuelle Olivié-Paul, la présidente et fondatrice d’AdVaes.
De même, les entreprises du secteur donnent dans un premier temps la priorité aux “domaines pour lesquels les leviers d’atténuation d’impacts sont les plus forts et, quelque part, les plus faciles à activer.” En clair, elles s’alignent d’abord sur leurs obligations.
C’est néanmoins un point de départ positif. En revanche, sur les émissions et la consommation, la trajectoire dérape. “Tous les indicateurs d’évolution sont dans le rouge”, constate l’étude. Les émissions de GES croissent par exemple de 1,9%.
Quantité d’énergie consommée (+14,1%), consommation d’eau (+4,8%) et masse de DEEE collectés (+14,4%) sont également mal orientées dans la dernière édition du baromètre. Et les données sont confirmées par d’autres analyses d’AdVaes.
Consommation et déchets dérapent, mais la volonté demeure
Les engagements pris par le secteur du numérique sont-ils déjà remis en cause ? D’autres indicateurs suggèrent que non. Ainsi, les émissions du scope 1 baissent. De même, le recours à des énergies bas carbone et/ou renouvelables progresse.
De plus, “des processus d’économie circulaire se mettent en place” et les principes d’écoconception “se déploient plus largement.” Sur les équipements, les prestataires ont en outre augmenté d’un an au moins la durée de vie.
Quid de l’IA, qui se traduit chez les géants du numérique, par une explosion de l’impact environnemental ? Les prestataires interrogés se déclarent conscients “de la nécessité de limiter” ces effets liés aux usages de l’IA.
“64% d’entre eux intègreront cette dimension d’ici 2027. Ils ont aussi exprimé leur souhait d’évaluer l’impact associé pour différents usages, de la création de contenu à la génération de code, en passant par le traitement de documents”, précise encore le baromètre.