Dans le jeu vidéo, l’archéologue est plus qu’un amateur de vieilleries, c’est un archétype qui a pris quelques rides

Dans le jeu vidéo, l’archéologue est plus qu’un amateur de vieilleries, c’est un archétype qui a pris quelques rides


Lundi 9 décembre, avec Indiana Jones et le Cercle ancien, l’archéologue baroudeur enfile de nouveau son blouson en cuir et son chapeau de feutre pour une nouvelle aventure en jeu vidéo, la première depuis une quinzaine d’années. D’autres, de Nathan Drake à Lara Croft, n’ont cependant pas manqué d’occuper le créneau entre-temps, créneau sur lequel « Indy » n’a de toute façon jamais été seul : depuis la sortie de la trilogie cinématographique originale (1981-1989), les aventuriers de son acabit se sont succédé sur nos écrans.

Si l’archétype préexiste au septième art, il faudra effectivement attendre le succès des Aventuriers de l’arche perdue (1981) pour voir poindre le premier vrai personnage du genre en jeu vidéo. Pitfall Harry, héros bien nommé de Pitfall! (sorti en 1982, soit un an après le premier Indiana Jones) n’a certes pas de fouet, mais il se balance de lianes en lianes pour ne pas tomber dans les marais et les sables mouvants qui se dressent entre lui et les trésors qu’il convoite. « L’aventurier façon Indiana Jones, sans attaches, qui est prêt à sacrifier la construction d’un foyer pour parcourir le monde, c’est un idéal dans les années 1980 et un mythe qui est parfait pour mettre à profit toutes les possibilités du jeu vidéo, analyse Loïse Bilat, maîtresse d’enseignement en communication à la Haute Ecole pédagogique de Fribourg et codirectrice de l’ouvrage Le héros était une femme… (éditions Antipodes, 2011). L’interactivité est formidable pour dépeindre le dépassement de soi, l’avancement d’une quête, ou représenter la capacité à agir sur le monde. »

« Pitfall! » sur Atari 2600, est un précurseur de jeu vidéo où l’on incarne un aventurier façon Indiana Jones.

A la suite de Pitfall !, traduisant la même volonté de surfer sur l’engouement provoqué par l’archéologue incarné par Harrison Ford, débarquent dans les années 1980 une palanquée d’aventuriers plus ou moins restés dans les mémoires – mais tous plus virils et endurcis les uns que les autres : Panama Joe (Montezuma’s Revenge, 1984), Rockford (Boulder Dash, 1984), ou encore, un peu plus tard, le héros éponyme de Rick Dangerous (1989). Sans oublier Indiana Jones lui-même, qui revient dans des adaptations de ses aventures. « Le jeu vidéo ne naît pas du vide. Il est en contact avec toute une série de productions culturelles, au même titre que le cinéma, qui a été influencé par la littérature, rappelle Selim Krichane, directeur du Musée suisse du jeu, spécialiste de la relation entre le jeu vidéo et le cinéma. Si ce médium s’en empare, c’est clairement dans une logique de contamination, de partage et d’adaptation qui est inhérente aux industries du divertissement. »

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