La Grande École du Numérique tire sa révérence. Le projet initié par François Hollande en 2015 a annoncé mardi dans un communiqué avoir « achevé sa mission ». Elle cesse d’exister sous sa forme actuelle, celle d’un groupement d’intérêt public.
Cette décision a été prise par le gouvernement, et les missions de cette organisation seront confiées à France Travail et aux ministères de tutelle de la structure.
Le site continuera à fonctionner le temps d’assurer la transition.
Financer les formations
Derrière le nom de Grande École du Numérique (GEN), il n’y avait pas vraiment d’établissement unique. L’organisation désignait en réalité un groupement d’intérêt public chargé, à partir de 2015, de labelliser et de financer le développement de formations dans le domaine du numérique.
Le réseau, qui regroupait des administrations publiques et des acteurs privés, a procédé dans ses premières années à plusieurs campagnes de labellisation et de financement des formations.
Dans son communiqué, la Grande École du Numérique rappelle son bilan, qui compte « plus de 1000 formations amorcées », et « près de 45000 apprenants venus de milieux précaires formés. » Un premier bilan en 2018 montrait néanmoins que sur l’ensemble des étudiants formés par les écoles du réseau, les femmes restaient peu nombreuses et que le nombre de CDI signés par les diplômés en sortie d’école était très bas.
Des subventions distribuées un peu trop librement
Mais cette mission initiale a connu de nombreux revers. Comme le rappelait en 2021 un rapport de la Cour des Comptes, entre 2017 et 2019 « la mise en œuvre des missions du GIP apparaît grevée de nombreuses lacunes, voire d’irrégularités, que les origines chaotiques du groupement n’expliquent que partiellement. »
L’analyse dénonce un « système de conventionnement critiquable », pêchant à la fois par son recours systématique aux subventions au détriment des procédures de commande publique. Et par « une gestion peu protectrice » des fonds confiés.
En outre, la Cour des Comptes s’inquiétait du manque de garde-fous offerts par la gouvernance du projet. Notamment en matière de prévention des conflits d’intérêts parmi les dirigeants. Au total, la Cour des comptes estimait « qu’en trois ans, le GIP a financé la formation de près de 28 000 stagiaires, en majorité peu ou pas diplômés, pour un montant total d’environ 48 M€. »
Limiter la casse
Face à ce constat, l’ambition du projet a donc été revue à la baisse à partir de 2021. Suivant les recommandations de la Cour des comptes, le gouvernement a donc décidé de revoir les missions de la GEN.
Le groupement recentre alors son activité sur la labellisation des formations et sur l’identification des nouveaux métiers du numérique, à travers la création d’un observatoire et d’un moteur de recherche recensant les offres de formations en France.
Mais son rôle dans la distribution des subventions à destination des organismes est alors considérablement réduit. Seule une enveloppe de 4 millions d’euros est alors allouée dans le cadre d’un appel à projet Innovation visant à financer des projets en lien avec l’insertion professionnelle par le numérique.