La société israélienne de cybertechnologie NSO, fabricant du controversé logiciel d’espionnage Pegasus, a annoncé dimanche 21 août une « réorganisation » de ses activités, le départ de son PDG et sa volonté de recentrer ses ventes sur les pays membres de l’OTAN. « Shalev Hulio [sera] remplacé par Yaron Shohat, actuel directeur des opérations qui présidera à la réorganisation », a précisé la société dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse.
« La compagnie se réorganise afin de se préparer à sa prochaine vague de croissance. Et Yaron [Shohat] est la bonne personne, arrivée au bon moment », a déclaré Shalev Hulio dans un communiqué. « NSO va s’assurer que ses technologies de pointe seront utilisées de manière juste et louable », a renchéri Yaron Shohat, qui a rejoint la société en 2018.
Selon le média économique israélien Calcalist, NSO prévoit de licencier une centaine de ses 700 employés dans le cadre de cette réorganisation. NSO n’a pas confirmé ces chiffres, mais a expliqué qu’elle souhaitait « rationaliser ses opérations », afin de « demeurer l’une des plus grandes sociétés de cybertech au monde », et concentrer ses ventes « aux pays membres de l’OTAN ».
Espionnage d’avocats et de militants des droits humains
A l’été 2021, NSO s’était retrouvée sous le feu des projecteurs après qu’un consortium de médias coordonnés par l’organisation française Forbidden Stories, dont Le Monde, a révélé que les numéros de téléphone d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise avaient été espionnés via son logiciel Pegasus. Parmi les cibles françaises se trouvaient des ministres, des avocats et des journalistes. Pegasus, particulièrement invasif et discret, permet d’enregistrer tout le contenu d’un téléphone, y compris les messages échangés via des applications sécurisées.
Depuis ces révélations et celles qui ont suivi, la firme NSO répète avoir obtenu les licences pour exporter son logiciel et que ce dernier, destiné au contreterrorisme et à la lutte contre la criminalité, pourrait avoir été « détourné » de son usage par certains clients.
Reste que ces révélations et une dette contractée au préalable par le groupe ont amputé sa trésorerie. Surtout, l’entreprise a été placée sur la « liste noire » du département du commerce américain, ce qui interdit toute relation commerciale entre NSO et des sociétés américaines – une décision prise par l’administration Biden après une enquête qui a révélé que des personnels d’ambassades américaines avaient été ciblés par Pegasus.