à contre-courant, ce professeur oblige ses étudiants à utiliser l’IA

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Alors que la plupart des écoles interdisent l’utilisation de ChatGPT, ce professeur a plutôt décidé d’apprendre à ses étudiants à se servir de l’intelligence artificielle.

Depuis son déploiement en novembre dernier, ChatGPT a connu un succès fulgurant. En l’espace deux mois, le chatbot intelligent a passé le cap des 100 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde. Comme on pouvait s’y attendre, de nombreux étudiants s’appuient sur l’intelligence artificielle générative pour écrire leurs devoirs à leur place. Par exemple, un professeur lyonnais s’est rendu compte que la moitié de ses élèves ont utilisé ChatGPT pour rédiger un essai. C’est loin d’être un cas isolé.

Des interdictions en cascade

Face à la multiplication des cas de tricheries, certaines écoles sont montées au créneau pour interdire l’usage de l’IA. Début janvier, plusieurs établissements new-yorkais prestigieux ont formellement prohibé le chatbot. Le département de l’Éducation de la ville de New York a même pris la décision de bloquer l’accès à ChatGPT sur ses ordinateurs et sur son réseau interne. Même approche du côté de l’Institut d’études politiques de Paris. Depuis quelques semaines, la direction de Sciences Po interdit « l’utilisation, sans mention explicite, de ChatGPT, ou de tout autre outil ayant recours à l’IA ».

En cas d’infraction, l’institut prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à « l’exclusion de l’établissement, voire de l’enseignement supérieur ». Dans ce contexte, OpenAI, la start-up à l’origine de ChatGPT, a même lancé un outil qui permet d’identifier les textes imaginés par son robot conversationnel. Encore faillible, l’outil facilite la détection de textes entièrement générés par ChatGPT. Il est cependant aisé de réduire l’efficacité du détecteur en retravaillant les textes produits par l’IA.

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L’apprentissage de l’IA

À l’opposé de la plupart des professionnels de l’éducation, Ethan Mollick, professeur à l’université Wharton de Pennsylvanie, a choisi de ne pas lutter contre la vague ChatGPT. Dans un long billet publié sur Substack, l’enseignant, spécialisé dans le management et l’entrepreneuriat, explique avoir obligé ses étudiants à se servir des outils basés sur l’IA :

« J’ai réclamé l’utilisation de l’IA de manière légèrement différente dans trois cours distincts d’entrepreneuriat et d’innovation de premier cycle et de niveau master ».

Il a notamment demandé à une classe d’exploiter ChatGPT de manière intensive. Sous la houlette du professeur, les étudiants se sont servis du chatbot pour générer des idées, produire des contenus écrits ou coder des applications. Par ailleurs, ils se sont appuyés sur des IA génératives d’images, comme Dall-E ou Midjourney, pour créer des montages utiles dans leurs projets. Ethan Mollick a même donné des devoirs qui forçaient les élèves à se servir d’intelligences artificielles.

Pour préparer ses étudiants, l’enseignant a longuement détaillé les différents outils disponibles sur la toile, en imaginant des cas d’utilisation spécifiques. Dans certains cours, le professeur a présenté les différents IA, sans mettre en avant le moindre scénario d’usage. Il souhaitait ainsi pousser les élèves à faire preuve d’une certaine créativité.

Par le biais de ces exercices, Ethan Mollick voulait surtout apprendre à ses étudiants à se servir correctement de ChatGPT. À ses yeux, la plupart des usagers ne s’y prennent pas correctement. Leurs requêtes sont mal formulées, ce qui explique les résultats médiocres générés par le chatbot.

« Les premières tentatives de presque tout le monde pour utiliser l’IA sont mauvaises », constate l’universitaire.

Comme on l’a remarqué lors de nos propres expérimentations, il faut fournir une grande quantité d’informations, de contexte, de détails et d’instructions à ChatGPT pour obtenir le texte voulu. Les requêtes trop générales, avec peu de précisions, produisent des résultats génériques. Ethan Mollick l’a constaté en corrigeant les copies de ses élèves. Les étudiants ayant utilisé des requêtes basiques ont obtenu des textes médiocres. Le professeur a alors invité ses pupilles à multiplier les questions à ChatGPT pour enrichir leurs productions.

Trois façons d’écrire avec ChatGPT

Les étudiants ont ainsi opté pour trois approches différentes. Certains ont répété la requête, en ajoutant à chaque fois de légères variations. D’autres ont inclus des restrictions et des recommandations liées à la tonalité du texte. Par exemple, ils ont demandé à ChatGPT de rédiger l’essai en se mettant à la place d’une consultante en gestion qui s’adresse à un professeur de stratégie et d’entrepreneuriat. Ces précisions ont amélioré la justesse du texte.

Enfin, certains étudiants ont préféré se servir de ChatGPT comme d’un simple assistant à l’écriture. En clair, ils ont demandé au robot de corriger le texte produit jusqu’à ce qu’il coïncide avec leurs objectifs. Ils ont notamment réclamé la suppression d’un paragraphe, l’abandon d’une phrase, l’ajout d’une tonalité différente, ou l’intégration d’exemples. C’est cette approche qui a donné les meilleurs résultats.

Pour un texte optimal, les élèves ont été obligés de se pencher de près sur le texte généré par ChatGPT… à la manière d’un professeur qui corrige une copie. D’après Ethan Mollick, cette façon de fonctionner est très utile d’un point de vue pédagogique. Il recommande donc à ses pairs d’incorporer sans attendre les outils basés sur l’IA à leurs cours.

Source :

Substack



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