Dans les allées de la TwitchCon, événement organisé le week-end des 8 et 9 juillet à Paris par la plate-forme de diffusion de vidéos en direct Twitch, de nombreux efforts sont déployés pour que tous les festivaliers et festivalières se sentent les bienvenus. Ainsi, de grandes affiches mettent à l’honneur la diversité des profils, genres et origines des streameurs les plus célèbres, l’accessibilité au site et aux animations semble avoir été envisagée, les conférences sont interprétées en français, anglais mais aussi parfois en langue des signes. Sur son site, la plateforme, qui assure depuis plusieurs mois avoir renforcé ses règles en matière de sécurité, est catégorique : « Twitch vise à être un espace de rassemblement pour tous autour d’expériences communautaires partagées ».
Pourtant, nombre de vidéastes et joueurs ont déjà eu à dénoncer le racisme, l’homophobie, la transphobie, le sexisme, le validisme et nombre d’autres discriminations donnant parfois lieu à des campagnes de harcèlement, dans les espaces de commentaires en direct de Twitch et plus généralement dans la pratique du jeu vidéo en ligne. Encore en automne 2022, plusieurs joueuses françaises dénonçaient les comportements obscènes et illégaux de leurs spectateurs. Face aux commentaires racistes répétés « certaines joueuses de notre association ont fini par arrêter de jouer ou de faire du live », expliquait Delfea, du collectif français Afrogameuses lors d’un débat.
Streamers noirs, LGBTQIA +, joueuses, performers Drag… Plusieurs conférences de la TwitchCon cette année visaient à donner la parole aux communautés les plus exposées. Il s’agissait aussi de mettre un « coup de projecteur » (selon le titre de certains rendez-vous) sur la diversité des joueurs et joueuses, s’il fallait encore devoir prouver que, non, le jeu vidéo n’est pas réservé aux jeunes hommes blancs. Et encore moins depuis la pandémie de Covid19, qui a beaucoup contribué à l’explosion de la popularité de Twitch : nombre de participantes à ces conférences streament depuis moins de trois ans.
Conseils aux concernés et aux « alliés »
Au sein de ce public très divers, beaucoup de problématiques et griefs communs sont revenus dans les différents débats. « Parce que femme noire, je ne peux pas tout simplement jouer tranquillement aux jeux vidéo, être seulement reconnue comme une joueuse », lance en début de discussion sur les streamers noirs CreativelyAnzy, de l’association anglaise Melanin Gamers, qui promeut, comme Afrogameuses, la diversité et l’inclusion dans l’industrie vidéoludique. Elle ajoute : « le gaming dit toxique est vu comme la norme, on se bat contre ça ». Des comportements qui ne sont pas l’apanage des spectateurs, mais qui sont également imputables aux autres joueurs, rencontrés dans des parties multijoueurs. « A chaque fois qu’on se connecte, on sait qu’on va s’exposer à de la haine […] J’aime la compétition, mais ce n’est pas du tout la même chose que de mentionner ma race que mes compétences », tient à dire DarkKnight. A propos de compétences, Agent estime avoir dû atteindre un niveau « bien au-dessus de la moyenne pour commencer à se sentir légitime ».
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