A Mayotte, le difficile rétablissement des réseaux télécoms

A Mayotte, le difficile rétablissement des réseaux télécoms


Le passage dévastateur du cyclone Chido, le samedi 14 décembre, a provoqué un véritable blackout sur Mayotte. Cinq jours après cette terrible catastrophe, l’île est toujours coupée du monde, privée de l’essentiel de ses réseaux de télécommunications. La tempête a mis à terre un grand nombre de pylônes et d’antennes-relais. Et quand les infrastructures ont résisté, elles sont affectées par les coupures d’électricité.

Dans un premier bilan, les trois opérateurs télécoms présents ont dressé un état des lieux catastrophique avec des réseaux quasiment à l’arrêt. Orange a déploré 51 antennes hors service sur 54 et 99 % des Livebox de ses abonnés déconnectés. Opérateur codétenu par les groupes Axian et Iliad (maison mère d’Iliad), Only évaluait, lui, que plus de 90 % de ses infrastructures étaient inopérantes.

De son côté, SFR annonçait que 58 antennes étaient endommagées sur les 67 disponibles sur l’archipel. Cinq jours après, la situation ne s’améliore que très lentement. Dans son dernier communiqué en date du 19 décembre, l’opérateur du groupe Altice indique que 57 sites sont toujours hors service, principalement en raison de pannes électriques. Sur son site, il affiche la carte des antennes encore opérationnelles et leurs zones de couverture.

Câbles sous-marins intacts

Comme l’indique Orange, les câbles sous-marins n’ont pas, eux, été endommagés. Mis en service en 2012, LION 2 (Lower Indian Ocean Network), un câble long de 2 700 km qui relie, dans l’Océan Indien, l’archipel à la Réunion et au Kenya, est toujours en état de fonctionnement.

Pour autant, cette situation de blackout ne fait qu’aggraver la situation des Mahorais et Mahoraises. Dans les circonstances dramatiques qu’ils subissent, les réseaux de télécommunications sont vitaux pour gérer la situation de crise et rester en contact avec leurs proches.

Dès ce week-end, les opérateurs ont mobilisé leurs équipes techniques pour rétablir des moyens de communication de base dans les zones les plus densément peuplées. Mercredi soir, Orange annonçait le déploiement, dans les prochains jours, d’« une force d’intervention avec une quarantaine de personnes aguerries aux situations d’urgence ».

L’internet satellitaire, réseau de secours

En attendant le rétablissement des réseaux, des solutions alternatives sont mises en place. Orange a ainsi envoyé six SafetyCases. Ces « valises » de 70 kg embarquent tout l’équipement nécessaire pour déployer une connectivité d’urgence. Déployables en trente minutes, elles offrent, via une technologie satellitaire, un wifi sécurisé avec 10 à 14 heures d’autonomie.« Ces équipements seront utilisés sur certains sites prioritaires et d’autres sont destinés aux besoins des pouvoirs publics et pour la gestion portuaire », précise l’opérateur historique.

En février 2023, Le Journal de Mayotte se réjouissait que Starlink couvre le 101ème département français. Elon Musk, patron de SpaceX et donc de Starlink, n’a en revanche pas proposé son aide aux Mahorais en livrant des kits de connexion comme il l’avait fait à d’autres occasion, dont tout récemment avec l’ouragan Hélène qui a dévasté la Floride en octobre.

La future constellation européenne de satellites Iris² a, entre autres vocations, de doter l’Union européenne d’une solution souveraine de connectivité pour gérer de telles crises humanitaires. Plus généralement, le cyclone Chido, comme à chaque catastrophe naturelle, remet en avant la question de la résilience des infrastructures télécoms.

Avant Chido, Alex, Irma et Ciaran

Il y a un peu plus d’un an, la tempête Ciaran avait privé de téléphone ou d’accès internet plus d’un million et demi de Français. L’ouragan Irma en 2017 et la tempête Alex avaient déjà laissé plusieurs régions sans communication. Avec le réchauffement climatique, ce type d’événement est malheureusement appelé à se multiplier.

Une étude de 2023 d’InfraNum, la fédération des acteurs de la filière télécoms, et de La Banque des Territoires évoquait différentes pistes pour sécuriser les infrastructures numériques. Les poteaux de téléphonie ou d’électricité servant de support pour assurer la desserte des câbles étant particulièrement sensible aux intempéries, il s’agit de procéder à leur enfouissement.

D’autres actions sont préconisées comme sécuriser les armoires techniques et les nœuds de raccordement optique (NRO), déplacer les infrastructures implantées en dehors des zones inondables et/ou accidentogènes. Coût du chantier selon le scenario retenu : de 7 à 17 milliards d’euros.

Crédit photo : Google Earth



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