A Paris, le procès de deux prévenus illustre la petite cybercriminalité qui sévit sur Telegram

A Paris, le procès de deux prévenus illustre la petite cybercriminalité qui sévit sur Telegram


Décidément, la plate-forme Telegram occupe la justice parisienne, du PDG de l’entreprise à certains de ses utilisateurs les moins connus. Hasard du calendrier judiciaire, le lendemain de la mise en examen de Pavel Durov, le fondateur de l’application controversée aux 900 millions d’usagers, deux de ses utilisateurs français se sont retrouvés, jeudi 29 août, sur le banc des prévenus de la 13e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris.

Maxime L. et Mickaël M., tout juste trentenaires, sont en effet jugés pour une poignée de délits tournant autour du vol de données bancaires et de l’escroquerie. Plus précisément, les deux concubins sont accusés d’avoir animé trois groupes Telegram douteux autour du « carding », c’est-à-dire l’exploitation et la revente de coordonnées bancaires.

Une affaire instructive sur la façon dont la justice française peut enquêter sur la petite cybercriminalité qui sévit sur Telegram. Avec ses réussites, comme l’identification des deux mis en cause, mais aussi ses difficultés. En témoigne ce laborieux cheminement judiciaire : présenté pour la première fois en audience en décembre 2021, ce dossier, qui s’est soldé par l’identification de seulement sept victimes, n’est jugé qu’après de nombreux renvois et trois citations à comparaître.

Recherches en sources ouvertes

Les ennuis judiciaires de Maxime L. et Mickaël M. avaient commencé le 19 novembre 2020. Ce jour-là, l’un des brigadiers-chefs de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication se rend sur le forum DFAS (Dark French Anti System) pour faire de la veille. Il découvre sur ce marché noir francophone un nouveau fil de discussion. Un certain « ADN03M » y fait la promotion d’un groupe Telegram au nom évocateur, « Carding solidaire France ». Le même internaute signale également l’existence d’un deuxième groupe Telegram, « Carding shop France ». Deux canaux où deux centaines d’utilisateurs au total s’échangent des données bancaires volées.

L’enquête de l’Office central va être rapide. En effet, grâce à des recherches en sources ouvertes, les policiers remarquent qu’il existe déjà un ADN03M sur un site de jeux vidéo. Après une première réquisition judiciaire, les enquêteurs ont la certitude d’être sur la bonne piste et mettent la main sur une adresse e-mail hébergée sur Gmail. Une demande auprès de Google leur permet d’obtenir deux numéros de téléphone, ceux des deux mis en cause : ils sont interpellés en avril 2021.

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