Alternative souveraine à Starlink, Eutelsat s’envole en Bourse

Alternative souveraine à Starlink, Eutelsat s’envole en Bourse



+268 %. En l’espace de cinq jours, la croissance du cours de Bourse d’Eultelsat est spectaculaire. L’action de l’opérateur franco-britannique de satellites s’échangeait ce mercredi 5 mars à 4,78 euros, soit une valeur multipliée par quatre par rapport à la cotation du jeudi 27 février. Comment expliquer une telle envolée ?

Une déclaration d’un porte-parole d’Eutelsat à Reuters a mis le feu aux poudres. L’opérateur européen se dit prêt à suppléer le désengagement prévisible de Starlink en Ukraine suite à la décision de l’administration Trump de suspendre son aide militaire. Pour mémoire, Starlink est la propriété d’Elon Musk, grand « ami » du président américain.

« Nous avons déployé et continuons d’exploiter des centaines de terminaux à travers l’Ukraine et la mer Noire », déclare ce dirigeant d’Eutelsat. Il ajoute que la société a joué un rôle clé dans la région depuis le début de la guerre, en fournissant un accès à internet par satellite indispensable pour assurer la communication des troupes au sol.

« Les tensions entre les États-Unis et l’Europe mettent en péril la dynamique des ventes de Starlink en Europe et OneWeb est la seule autre option en orbite terrestre basse », observe, pour sa part, Stéphane Beyazian, analyste chez Oddo BHF.

Issu du rapprochement du français Eutelsat et du britannique OneWeb en 2023, Eutelsat Group présente l’originalité de disposer à la fois d’une flotte de 35 satellites géostationnaires (GEO), positionnés à 36 000 km d’attitude, et d’une constellation en orbite basse (LEO) composée de plus de 600 satellites.

En attendant la constellation de l’UE

Arithmétiquement, Eutelsat ne peut lutter en capacité face à la mégaconstellation de 7 000 satellites de Starlink. Mais son positionnement GEO-LEO offre une alternative crédible en attendant Iris², la future constellation multi-orbites de l’Union européenne dont l’opérateur est partie prenante.

Alors que le gouvernement de Giorgia Meloni envisage de recourir à la constellation de satellites d’Elon Musk, Eutelsat est seul à même de renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe en matière de connectivité spatiale.

Une manière aussi de se mettre à l’abri des sautes d’humeur et des frasques du multimilliardaire. Elon Musk avait confirmé avoir interféré dans le conflit en cours en désactivant Starlink lors d’une offensive ukrainienne en Crimée.

Dans ce contexte, Eutelsat montre les muscles. Il multiplie ces dernières semaines les partenariats. Associé à Airbus et Mediatek, l’opérateur européen a indiqué avoir conduit les premiers tests à l’échelle mondiale d’une liaison 5G non terrestre. Un pied de nez au service concurrent Direct-to-cell de Starlink.

Orange et Eutelsat se déploient en Afrique et au Moyen-Orient

A l’occasion du MWV, Orange indique s’être associé à Eutelsat pour réduire la fracture numérique en Afrique et au Moyen-Orient. Leur offre d’internet par satellite doit connecter des zones isolées en Jordanie, Côte d’Ivoire, au Sénégal et en République démocratique du Congo. « Avec l’objectif de l’étendre progressivement à tous les pays de la région », indique Orange.

Orange est déjà un client du satellite Konnect VHTS d’Eutelsat. L’opérateur l’utilise pour fournir des services haut débit à ses abonnés en France. Conçu par Thalès Alenia Space et lancé en septembre 2022 par Ariane 5, Konnect VHTS se présente comme plus gros satellite de communication européen jamais conçu.

Ces dernières annonces devraient doper les revenus d’Eutelsat. Une bonne nouvelle car, note Les Echos, Eutelsat peine à digérer l’absorption de OneWeb.  « A l’occasion des résultats semestriels publiés fin février, Eutelsat a dû passer de nouvelles dépréciations financières, plongeant les comptes dans le rouge », précise le quotidien économique.

Lors de ses résultats, le groupe indiquait tabler désormais sur des prévisions d’investissements entre 500 et 600 millions d’euros, « soit une diminution d’environ 200 millions d’euros par rapport aux estimations précédente. »

L’opérateur profitait de cette publication financière pour procéder à des changements au sein de son Conseil d’administration. L’ancienne ministre française Fleur Pellerin a notamment présenté sa démission. Autre français, le président du Conseil, Dominique D’Hinnin, quitte également son poste. De son côté, Michel Combes, ancien patron d’Alcatel-Lucent et SFR, fait son entrée en qualité d’administrateur indépendant.

Crédit photo : Eutelsat



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