Le groupe Altice France, maison mère de l’opérateur SFR, a vu ses recettes reculer de 6,2% au premier trimestre malgré un léger rebond de son nombre d’abonnés au téléphone mobile, a-t-il annoncé dans un communiqué publié mardi, selon l’AFP. L’entreprise a également confirmé dans un autre communiqué avoir demandé son entrée en procédure de sauvegarde accélérée devant le tribunal des affaires économiques (ex-tribunal de commerce) de Paris.
Selon La Tribune, c’est l’administrateur judiciaire Frédéric Abitbol qui doit prendre en main la procédure de sauvegarde.
Au cours des trois premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires du groupe a baissé à 2,38 milliards d’euros (-5,8% à périmètre comparable). Dans le même temps, son bénéfice opérationnel (Ebitda) a reculé à 678 millions d’euros (-11,8%).
Rebond des abonnés sur le mobile
Sur le seul segment mobile, les ventes ont baissé de 9,5%, à 829 millions d’euros. Le groupe explique ce repli par la baisse de son nombre d’abonnés. Mais il dit avoir rebondi en comparaison de la fin de l’année dernière pour l’établir à 19,4 millions fin mars.
Le segment du fixe et celui du service dédiés aux professionnels ont aussi vu leurs revenus décroître, de respectivement 3% et 4,2%.
Le groupe de Patrick Drahi est toujours lourdement endetté. Altice France à conclu en début d’année un accord avec les principaux détenteurs de sa dette. Elle atteignait près de 24 milliards d’euros au troisième trimestre 2024, et devrait s’établir à 15,5 milliards d’euros à l’issue de la transaction.
30 milliards d’euros ?
En contrepartie, Altice France doit céder à ses créanciers 45% de son capital. Elle devrait également leur verser 1,6 milliard d’euros en cash.
Dans le même temps, l’opérateur SFR fait l’objet de rumeurs depuis plusieurs semaines concernant une éventuel rachat.
Selon Bloomberg, Altice France envisage une vente de l’opérateur, valorisé à 30 milliards d’euros.
« On ne régule pas le marché de détail »
Il existe plusieurs possibilités concernant ce dossier. Soit un rachat par un concurrent, soit un démembrement entre plusieurs concurrents français. Ou encore un rachat par un fonds ou un opérateur étranger. Il serait donc possible que le marché français passe à nouveau de 4 opérateurs (une exception en Europe depuis l’arrivée de Free en 2012), à 3 opérateurs.
A ce titre le régulateur, l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep), a indiqué la semaine dernière n’avoir rien contre un retour à cette configuration de marché. « On met en place des règles pour que les marchés soient ouverts, concurrentiels et au bénéfice des consommateurs » à dit sa présidente Laure de La Raudière selon Média Services avant d’ajouter « on ne régule pas le marché de détail ».
La présidente de l’Arcep a également mentionné ne pas s’attendre en cas de passage de quatre à trois opérateurs a plus d’investissements dans un secteur qui peine à fibrer l’ensemble du territoire. Il y aura toutefois des économies d’échelle à réaliser juge t-elle.
Orange empêché
Reste que le dossier de cession est rendu plus complexe encore par son examen obligatoire par l’Autorité de la concurrence.Elle doit déterminer si les conditions de la vente ne créent pas de position dominante ou monopolistique sur le secteur.
Dans cette perspective, Orange, premier opérateur telco français, a annoncé qu’il ne sera pas « à la manœuvre », mais que cela ne l’empêcherait toutefois pas d’agir en cas de vente à la découpe.
Le groupe Iliad reste lui prudent. Thomas Reynaud, son directeur général, a laissé entendre que si une consolidation permettait « de diffuser [le] modèle [de Free] à plus de Français », alors le groupe serait « au rendez-vous » indique Freenews. Bouygues Telecom, de son côté, reste semble t-il dans la course.
Le fonds français Ardian s’intéresse lui aux réseaux de SFR assure de son côté BFM. Ardian a déjà racheté les réseaux fixe et mobile de l’opérateur islandais Siminn, en 2021.
Une cure d’amaigrissement en cours
SFR compte 6 600 salariés, soit moitié moins que les 16 000 salariés lors de son rachat en 2014.
Le groupe n’est plus coté en Bourse depuis 2021. Il connaît depuis plusieurs années des difficultés, notamment liées au poids de sa dette. Mais aussi au scandale de corruption impliquant l’ex-dirigeant de sa filiale portugaise et cofondateur du groupe.
Altice France a déjà entamé une cure d’amaigrissement, en cédant son activité médias, et ses centres de données.