appel à communs pour créer un jumeau numérique de la France …

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L’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) est particulièrement actif ces derniers temps. Le 15 mai, il a lancé l’application mobile gratuite Cartes IGN. Elle lève «le voile sur les 90% du territoire (terres agricoles, forêts, plages…) invisibilisés par les applications des géants du numérique. Avec Cartes IGN, il est possible de connaître le type de culture d’un champ, les essences d’une forêt ou la composition d’une plage (sable ou galets).»

Construction de « géo-communs »

«Acteur des communs, l’IGN réunit avec cette application de nombreuses données produites par l’Institut, et/ou ses partenaires, allant des ministères en charge de l’écologie, de l’agriculture et de la forêt aux collectivités territoriales de toutes tailles, en passant par OpenStreetMap, les Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), l’Office national des forêt (ONF) ou encore les Parcs régionaux et nationaux.» «L’application vient se substituer à l’application Géoportail lancée en 2015 et téléchargée un million de fois. Les informations et services fournis sont appelés à s’enrichir au gré des futures mises à jour.»

Au salon VivaTech cette semaine, l’IGN a souligné son rôle aujourd’hui: celui de «l’un des grands opérateurs de la data en France» dans la construction de «géo-communs» «avec les partenaires publics, les collectivités territoriales, des acteurs de la recherche et de la société civile, des communautés d’entrepreneurs et des entreprises». Parmi ses annonces, l’une, en trio, porte sur un projet de jumeau numérique de la France:

L’IGN, le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) et l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) «lancent un appel à communs pour le Jumeau numérique de la France et de ses territoires, ouvert à tous les acteurs publics et privés désireux de s’associer au projet. Soutenu par France 2030 [plan de réindustrialisation présenté en 2021 par le gouvernement], cet appel doit permettre d’approfondir certains cas d’usage, de mutualiser les initiatives, de passer à l’échelle nationale des solutions partielles, ou encore de dessiner un futur socle technique partagé.»

Environnement : évaluer les impacts

«L’urgence des défis environnementaux place les politiques de gestion du territoire face à des enjeux inédits qui appellent le développement de nouveaux outils. En plus de disposer d’une description précise du territoire, il est désormais essentiel de pouvoir anticiper son évolution et de simuler différents scénarios de gestion en vue d’évaluer, voire de comparer, par anticipation, leurs impacts.

C’est l’objectif de la construction progressive d’un jumeau numérique de la France qui est proposée par l’IGN, le Cerema et Inria (…). Le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) a en effet donné mandat aux trois établissements pour façonner un projet de jumeau numérique de la France et de ses territoires avec l’appui de France 2030.»

Simulations, modélisations: « de nombreuses applications potentielles »

Ouvert jusqu’au 30 septembre, l’appel invite les acteurs publics et privés à rejoindre «l’équipe de France du Jumeau numérique que souhaitent impulser les trois institutions. Cela peut être pour exprimer son intérêt pour un cas d’usage, partager un retour d’expérience sur l’utilisation de jumeaux numériques locaux, ou proposer des solutions techniques à intégrer à l’outil.»

Ce jumeau numérique «a de nombreuses applications potentielles. Il peut permettre, par exemple, de simuler des scénarios sur les infrastructures et les biens menacés par l’érosion du littoral, avec des projections précises sur le nombre de logements, de personnes et d’équipements touchés; de croiser différentes dimensions de l’aménagement durable d’un territoire – cadre règlementaire, densification urbaine, gestion de la nature en ville, mobilité multimodale, accès aux services publics; d’anticiper l’effet du changement climatique sur les différents types de productions agricoles, notamment en fonction des pratiques mises en place, ou de détecter et prévenir les risques pour les cultures dus aux sécheresses, épisodes de gel, inondations et autres évènements extrêmes; de simuler l’évolution des forêts selon diverses hypothèses climatiques et d’anticiper les risques d’incendie de forêts; ou encore de tester et modéliser des scenarios d’épidémie ou d’épizootie.»

Interopérabilité et mutualisation

L’appel à communs «permettra de concilier une logique d’interopérabilité et de mutualisation à l’échelle nationale avec les besoins de jumeaux locaux ou thématiques. L’objectif est de bâtir un socle commun de données et de fonctionnalités et d’établir une dynamique collective qui facilitera le passage à l’échelle des initiatives de jumeaux numériques.»

Dans la présentation détaillée de l’appel, il est indiqué parmi «les conditions du succès»: «Bâtir un socle de données et de fonctionnalités open source qui permettent de passer à l’échelle des expérimentations locales et thématiques.»

Les défis techniques du projet ne sont pas minces: «Certes, le concept de jumeau numérique n’est pas nouveau – il existe déjà des doubles virtuels de villes et d’infrastructures. Mais l’échelle de ce projet, ainsi que ses capacités de simulation et d’analyse le rendent hors du commun. « Il n’existe actuellement aucun jumeau national aussi ambitieux que celui qu’on veut créer », assure Dimitri Sarafinof, coordinateur du projet à l’IGN. De ce fait, on pourra aborder des thématiques plus complexes, des processus sur le long terme et tenir compte des interconnexions entre différentes régions et différentes politiques publiques.»

« Prêt à l’emploi » dans deux ou trois ans

Pour Bénédicte Bucher, chercheuse au Lastig (Laboratoire en sciences et technologies de l’information géographique pour la ville et les territoires durables) et responsable de l’axe intégration et interopérabilité du jumeau, ce dernier «est un outil pour la transition écologique qui doit aider les sociétés à imaginer des futurs atteignables pour leurs territoires».

Dimitri Sarafinof «espère que dans deux ou trois ans, le jumeau sera prêt à l’emploi. Le projet vise néanmoins l’intégration de premiers cas d’usage dès les premiers mois.»

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