L’équilibre est parfois délicat à trouver. Prenez Apple. Développer des outils de protection de la vie privée lui assure les bonnes grâces de la CNIL. Mais abuser de ces outils pour discriminer la concurrence le met en délicatesse avec l’Autorité française de la concurrence.
Elle s’apprête à prendre une décision concernant l’outil App Tracking Transparency d’Apple selon Reuters, qui restreindrait le pistage des utilisateurs sur les produits Apple.
L’Autorité soupçonne Apple d’avoir utilisé cet outil pour imposer des conditions injustes aux entreprises tierces qui souhaitent diffuser des publicités ciblées.
Un sujet en cours depuis 2023
Apple pourrait écoper d’une amende, doublée d’une obligation de revoir le fonctionnement d’ATT pour laisser plus de possibilités pour le pistage publicitaire des utilisateurs.
Apple avait déjà eu à faire à l’autorité sur ce même sujet en 2023. L’autorité avait publié une déclaration faisant état de ses inquiétudes à l’égard du programme App Tracking Transparency.
Le dispositif s’est notamment attiré les critiques de plusieurs associations françaises de professionnels de la publicité en ligne. Elles avaient déposé plainte en 2020 contre le dispositif déployé par Apple.
Confidentialité vs concurrence
En Allemagne, Apple a récemment été inculpé par l’autorité locale de la concurrence pour avoir abusé de sa position dominante au travers d’App Tracking Transparency. Le régulateur là bas a en effet estimé que le constructeur abusait de cet outil pour « rendre bien plus difficile pour les éditeurs d’applications concurrentes d’accéder aux données nécessaires à l’affichage de publicité. » Apple est sommé de se conformer aux recommandations de l’autorité, sous peine de se voir infliger des amendes supplémentaires.
Apple défend de son côté un outil qu’il estime nécessaire pour protéger la vie privée de ses utilisateurs. Mais aussi imposer des standards élevés en matière de protection des données sur son écosystème. Mise en place en 2021, App Tracking Transparency est une fonctionnalité qui permet d’imposer à une application de récolter le consentement de l’utilisateur avant de récolter les données. Et ce tout en offrant à l’utilisateur un aperçu plus détaillé des données récupérées par chaque application.
Les critiques de ce programme rappellent qu’Apple avait initialement tardé à se soumettre aux mêmes obligations que celles imposées aux éditeurs tiers. Et que les restrictions imposées par Apple favorisent mécaniquement ses propres applications face aux autres.