Apple cherche à gagner du temps pour éviter d’avoir à ouvrir franchement son App Store à la concurrence en Europe. Le constructeur a remplacé sa structure byzantine de frais et autres obligations par une jungle encore plus touffue et impénétrable. En revanche, la firme à la pomme simplifie l’installation de boutiques alternatives et d’apps directement depuis internet.
La Commission européenne a tapé du poing sur la table le 23 avril dernier : Apple et Meta étaient reconnus coupables d’infractions au règlement sur les marchés numériques (DMA). En conséquence, les deux entreprises se voient infliger une amende (de 500 et 200 millions d’euros respectivement) et surtout, elles ont pour obligation d’apporter des modifications pour corriger les distorsions de concurrence.
La foire aux commissions
Dans un effort de dernière minute, Apple propose donc des changements. D’abord côté utilisateurs. À partir d’iOS 18.6 dont la version finale est attendue dans le courant de l’été, l’installation d’une boutique alternative ne sera plus un parcours du combattant remplis de messages anxiogènes visant à décourager celui qui veut installer l’Epic Games Store ou AltStore PAL sur son iPhone.
Le processus demandera d’autoriser l’installation de la boutique, puis de s’authentifier. Il fallait auparavant autoriser l’installation dans les réglages puis la confirmer à de multiples reprises, autant de friction empêchant le secteur des boutiques alternatives de véritablement décoller.
L’« expérience » d’installation est plus complexe pour les applications téléchargées depuis internet (sideloading). Il faudra en passer par plusieurs étapes de validation à la première installation ; ensuite, les apps du même développeur pourront s’installer de manière plus rapide et plus simple.
Du côté des développeurs, il y a aussi des changements. Les frais de technologie de base (CTF), cette taxe de 0,50 € par installation au-delà du premier million, cèdent la place à une commission de 5 % pour ceux qui n’ont pas signé l’addendum européen d’Apple. Les développeurs seront désormais soumis à une batterie de frais en tout genre pour ceux qui utilisent les liens d’achat externes autorisés par Apple dans leurs apps :
- frais d’acquisition initial de 2 % qui s’applique sur les ventes réalisées dans les 6 mois suivant la première installation (si la vente ne passe pas par le système d’achat intégré d’Apple) ;
- frais de services pour la boutique de 13 % qui s’applique sur les ventes de biens ou de services numériques réalisées après toute installation dans une fenêtre de 12 mois suivant l’installation (il est possible de les réduire à 5 %) ;
- commission de technologie de base (CTC) de 5 % sur les ventes réalisées depuis un lien externe d’une app, pour acheter du contenu ou souscrire à un abonnement sur le web.
Tout cela est modulé en fonction du choix du développeur de participer ou non aux différents programmes et paliers d’usage proposés par Apple. Tout cela est extrêmement complexe, ce qui explique pourquoi le constructeur organise des rendez-vous de 30 minutes en tête à tête avec les développeurs qui souhaitent y voir plus clair.
Ces changements suffiront-ils pour calmer l’ire de Bruxelles ? Du côté de la Commission, on explique que l’on va désormais demander leur avis aux principaux intéressés avant de revenir à la charge. Apple affirme son désaccord et projette de faire appel de la sanction. Manifestement, le dossier est loin d’être clos.
Pendant ce temps, aux États-Unis, Apple a été forcée par la justice à autoriser les liens vers des boutiques alternatives dans les apps. Et ce, sans commission ni frais, au grand désespoir du constructeur.
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Par : Opera