Les réseaux sociaux ne devraient pas « harceler leurs usagers » ni « violer la loi en les réduisant au silence et en les intimidant », accuse Andrew Ferguson, le nouveau patron de l’agence régulant la concurrence aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC). De quoi justifier à ses yeux l’ouverture d’une enquête publique, annoncée jeudi 20 février par voie de communiqué.
Les Américains sont appelés à témoigner sur la manière dont les plateformes ont « limité leur aptitude à partager des idées ou des affiliations librement et ouvertement » et rendre compte des « procédures internes déroutantes et imprévisibles » dont ils estiment avoir été victimes, « parfois sans possibilité d’appel ». Les républicains se plaignent, en effet, depuis des années de la modération des contenus sur les réseaux sociaux, estimant qu’il s’agit surtout de « censure » à leur encontre.
L’administration Trump a particulièrement dans son viseur un texte législatif-clé, connu sous le nom de « section 230 », qui exonère les sites participatifs de quasiment toute responsabilité sur le contenu posté par les usagers et les protège des poursuites s’ils suppriment rapidement les contenus illégaux qui leur sont signalés. Andrew Ferguson a ciblé cette loi au cours d’une interview donnée à la chaîne Fox Business, assurant qu’elle avait « besoin d’une très sérieuse réforme » et que « la cour suprême pourrait probablement résoudre le problème en réduisant [son] champ d’application ».
« Une application vigoureuse du droit de la concurrence »
Au cours de la même interview, le nouveau président de la FTC a promis de « mettre les Big Tech au pied du mur », citant notamment Meta (la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp) ainsi que Google (propriétaire de YouTube) et Amazon, dont le fondateur, Jeff Bezos, possède l’influent quotidien Wall Street Journal. « Les entreprises peuvent s’attendre à une application vigoureuse du droit de la concurrence au cours des deux prochaines années », a insisté Andrew Ferguson.
Beaucoup de patrons des Gafam ont tenté de montrer leur allégeance après l’élection de Donald Trump, en donnant notamment des sommes généreuses pour financer la cérémonie d’investiture du nouveau président. Mark Zuckerberg, le fondateur de Meta, s’est rendu à la résidence du milliardaire de Mar-A-Lago à plusieurs reprises avant d’assister à sa cérémonie d’investiture, le 20 janvier, aux côtés d’autres grands patrons de la tech comme Tim Cook (Apple) ou Sundar Pichai (Google). Quelques jours avant, Meta annonçait un relâchement de la politique de modération des contenus haineux sur ses réseaux sociaux, supprimant des restrictions portant sur les discours sur l’immigration ou le genre.
En 2021, à la suite de l’assaut mené sur le Capitole par ses partisans, Donald Trump avait été banni de X, Facebook, Instagram et YouTube. Ses différents comptes ont depuis été rétablis et l’homme d’affaires a dans le même temps créé son propre réseau social, Truth Social.