Si les IA génératives ont déferlé sur le monde à la suite de ChatGPT et préparent d’importants bouleversements dans presque tous les secteurs d’activité, Yann LeCun, grand spécialiste de l’intelligence artificielle et responsable des développements IA chez Meta, avait souligné que la technique de modèle de langage utilisée pour animer les robots conversationnels n’avait rien de révolutionnaire.
Malgré ses réponses parfois fulgurantes aux requêtes, le robot conversationnel ne fait que restituer le contenu de son apprentissage par des techniques prédictives, sans réelle capacité de raisonnement.
Son fonctionnement reste essentiellement celui d’une machine puisant dans une grande base de données des réponses organisées en fonction des attentes du demandeur.
Cela peut conduire aux fameuses hallucinations des IA qui se mettent à forger des réponses fantaisistes ou à créer des références imaginaires, conduisant à affaiblir la qualité des réponses fournies. Cela demande également d’énormes ressources physiques et de grande quantités d’énergie.
Les modèles de langage déjà dépassés
Yann LeCun cherche autre chose. Son but est de créer une IA dont le fonctionnement se rapprocherait de celui de l’intelligence humaine. Dans le sillage du salon VivaTech de Paris, il a présenté un type d’intelligence artificielle I-JEPA (Image Joint Embedding Predictive Architecture) capable de se créer un modèle interne du monde extérieur comme pourrait le faire le cerveau humain.
Plutôt que de se focaliser sur les détails, ce qui demande énormément de puissance de traitement, ce nouveau modèle s’appuie sur des concepts d’ensemble et des représentations internes abstraites devant lui apporter à terme une capacité de raisonnement et de planification que ne possèdent pas les IA génératives actuelles, ainsi qu’une capacité d’auto-apprentissage naturelle, comme un esprit humain.
Se rapprocher du fonctionnement de l’esprit biologique
L’approche a plusieurs avantages : L’IA JEPA pourra être plus rapide et moins énergivore que les modèles de langage qui ne constituent finalement qu’une étape imparfaite et dont Yann Le Cun affirme qu’ils ne seront déjà plus utilisés dans cinq ans, même si le potentiel de sa propre approche ne s’exprimera pas avant plusieurs années de travaux…voire donnera lieu à d’autres évolutions et concepts pour finir par égaler voire surpasser l’intelligence humaine.
Meta va proposer JEPA en open source et s’appuyer sur la communauté de chercheurs et de spécialistes de l’IA pour faire évoluer et améliorer le projet.
L’intervention de Yann LeCun vient aussi rappeler que, tout en restant discret dans l’euphorie ambiante autour de l’intelligence artificielle, Meta reste bien aux avant-postes d’un secteur dont personne ne sait encore jusqu’où il emmènera l’humanité, pour le meilleur et pour le pire.