Baromètre : quels usages numériques deux ans après la crise sanitaire ?

Baromètre : quels usages numériques deux ans après la crise sanitaire ?


Montre, aspirateur, balance, robot ménager… les objets qui envahissent notre quotidien sont de plus en plus connectés. C’est ce qui ressort de l’édition 2022 du Baromètre du numérique, publiée, entre autres, par l’Arcep et l’Arcom, les autorités de régulation des télécoms et de l’audiovisuel.

Le nombre de propriétaires d’un de ces appareils dédiés à la domotique, à la cuisine, à la santé ou à la sécurité a progressé de 7 points en deux ans. 40 % des Français détiennent au moins un objet connecté et même 27 % une enceinte connectée qu’elle soit pilotée par Alexa d’Amazon ou OK Google.

Pour autant, le smartphone reste indétrônable. Nous sommes 87 % à en détenir un (+ 3 points par rapport à 2020). Paradoxalement, le téléphone mobile nous sert moins à téléphoner (78 %) qu’à envoyer des messages (89 %) ou à naviguer sur internet (92 %).

La qualité de service des réseaux mobiles est jugée correcte par 85 % des répondants. Une satisfaction globale qui cache des disparités territoriales. 16 % des usagers des communes rurales se déclarent insatisfaits de la qualité du réseau mobile lors de leurs appels vocaux, contre 10 % au niveau national. Cette toutefois près de 10 points de moins par rapport à la dernière enquête en 2019.

La fibre et le câble dépassent l’ADSL

En ce qui concerne connexion internet fixe à domicile, la fibre optique et le câble ont dépassé l’ADSL. 56 % des Français bénéficient désormais d’un accès en très haut débit. Là encore, le lieu d’habitation a une incidence. 72 % des habitants en agglomération parisienne sont connectés à la fibre ou au câble contre 34 % dans les communes rurales. 92 % de ces abonnés à la fibre optique apprécient la qualité leur connexion contre 85 % tous réseaux confondus. Un niveau de satisfaction qui, cette fois, ne varie pratiquement pas selon la taille des communes.

Après une hausse du nombre d’internautes entre 2019 et 2020, la proportion de personnes se connectant au moins occasionnellement à internet est stable en 2022 à 92 %. Accro, plus d’un Français sur deux (58 %) dit, en revanche, ne pouvoir se passer d’internet plus d’une journée sans que cela lui manque.

En revanche, le baromètre note que les personnes âgées (70 ans et plus) qui, durant la crise sanitaire, ont utilisé internet pour maintenir le contact avec leurs proches se connectent moins depuis (63 %, – 8 points entre 2020 et 2022).

Les ados redécouvrent l’ordinateur

La Covid a aussi généralisé le recours à l’ordinateur. Ses nouveaux usages gagnés pendant la pandémie pour travailler, suivre les cours ou se divertir sont visiblement restés. 62% des Français utilisent quotidiennement leur ordinateur, soit 15 points de plus par rapport à 2019.

Si la hausse de l’usage quotidien de l’ordinateur est portée par les seniors – 76 % chez les 60-69 ans – l’étude observe une réelle percée chez les adolescents. Avec les habitudes prises pendant la crise sanitaire, l’engouement pour les jeux vidéo en ligne et la messagerie Discord, 59 % déclarent s’en servir tous les jours (+ 18 points par rapport à 2019).

Le e-commerce, qui a connu un essor inégalé en 2020 au moment de la crise sanitaire, se pérennise en 2022. Huit personnes sur dix (77 %) déclarent avoir effectué au moins un achat en ligne au cours de l’année. Soit un point de plus par rapport à il y a deux ans.

Les téléviseurs, un enjeu environnemental majeur

La TV est également de plus en plus connectée. 83 % des Français équipés d’un téléviseur et possédant une connexion fixe à domicile reçoivent la télévision via la box de leur opérateur sur au moins un poste.

Un choix motivé par la qualité de réception (53 %), la diversité des services proposés (39 %) et l’accès direct à des abonnements de vidéo à la demande (38 %). En revanche, l’écoute de la radio via internet reste une pratique minoritaire (35 %) face à la réception traditionnelle par la bande FM ou sa version numérique (DAB+).

Ce suréquipement n’est pas sans poser un problème à l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique en creusant notre bilan carbone. Le baromètre rappelle que les terminaux – téléviseurs, smartphones, ordinateurs, tablettes – représentent de 65 à 90 % de l’impact environnemental du numérique.

Pour cette édition 2022, il s’est concentré sur les téléviseurs dont l’empreinte carbone est la plus élevée en raison de la taille de leurs écrans. Alors que l’allongement de la durée de ce type d’équipement est un enjeu clé, les marges de progression restent élevées. Près de la moitié des répondants détiennent leur téléviseur principal depuis moins de cinq ans et seulement 20 % le possèdent depuis plus de 10 ans.

Inclusion numérique et accessibilité

Le baromètre fait, par ailleurs, un focus sur la fracture numérique de la société. Si deux ans après le début de la crise sanitaire, 56 % des Français estiment mieux maitriser les outils du numérique, cette proportion tombe à 43 % chez les retraités et 38 % des non diplômés tandis qu’elle s’envole à 71 % chez les cadres et les professions intellectuelles.

A l’heure de la transformation digitale, 48 % (+ 13 points) des individus éprouvent au moins un frein pour concrétiser pleinement les promesses du numérique. Cela peut passer par l’absence ou la difficulté d’accès à internet (9 %) ou d’équipement (11 %) mais aussi par le manque de maîtrise des outils (25 % contre 18 % en 2020).

La dématérialisation des services publics qui se généralise depuis deux décennies n’améliore pas la donne. 54 % (+ 14 points) des Français éprouvent au moins une forme de difficulté les empêchant d’effectuer des démarches en ligne.

Cela ne concerne pas que les populations les plus éloignées du numérique. Nés avec un smartphone dans la main, les digital natives sont paradoxalement à la peine. 76 % des 18-24 ans affirment ne pas toujours arriver à effectuer leurs démarches en ligne (+ 13 points), contre 53 % des 70 ans et plus (+ 10 points), et 48 % des 40-59 ans (+ 17 points).

Pour surmonter ces difficultés, l’autoformation et le cercle familial ou amical sont plébiscités au détriment de la formation en entreprise ou l’accompagnement personnalisé dans un lieu dédié.

Bilan contrasté pour le télétravail

L’accessibilité des appareils numériques participe aussi de cet enjeu d’inclusion numérique, notamment pour les personnes en situation de handicap. Le réglage de la luminosité (83 %) et le zoom de l’écran (80 %) sont les fonctionnalités les plus utilisées tandis que l’audiodescription ou l’inversion des couleurs sont exploitées par seulement près d’un tiers des sondés.

Enfin, le baromètre revient sur la généralisation du télétravail, née également de la crise sanitaire. Là encore, le bilan est contrasté. 85 % des pratiquants estiment que le télétravail a un impact positif sur leur vie personnelle, et 78 % sur leur vie professionnelle.

Les femmes ont une perception encore plus positive du travail à distance. En supprimant les temps de trajet et en offrant la possibilité de rester au domicile, il réduit les charges domestiques et parentales qu’elles ont encore à assurer « de manière disproportionnée ».

Revers de la médaille, la diffusion du télétravail rend les frontières entre les sphères privées et professionnelles plus poreuses. 60 % des personnes en emploi ont déjà utilisé, pour des raisons professionnelles, des équipements numériques en dehors de leurs horaires de travail habituels, soit une augmentation de 19 points par rapport à 2013, et 35 % le font régulièrement (+ 11 points). Une hyperconnexion qui expose dans la durée à des risques de stress, de fatigue et de surcharge mentale.





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