Imaginez que vous n’ayez plus besoin de clés, de carte bancaire, de badge ou de carte vitale. Que toutes ces informations soient stockées dans une puce électronique implantée sous votre peau. C’est ce que propose la technologie de la puce sous-cutanée, qui existe depuis plus de 10 ans et qui suscite toujours autant de fascination que d’inquiétude.
La puce sous-cutanée peut avoir des applications pratiques, comme remplacer les clés, les cartes ou les badges, mais aussi des risques, comme le piratage, le traçage ou la violation de la vie privée. Elle n’est pas encore très répandue en France, où elle suscite des débats sur son acceptabilité et sa réglementation.
Qu’est-ce qu’une puce sous-cutanée ?
Une puce sous-cutanée est un dispositif électronique qui peut être inséré sous la peau d’un animal ou d’un être humain. Elle utilise généralement la technologie RFID (radio-identification), qui permet d’émettre et de recevoir des signaux radio à courte distance. Elle peut être passive, c’est-à-dire qu’elle ne s’active que lorsqu’elle est sollicitée par un lecteur spécifique, ou active, c’est-à-dire qu’elle dispose d’une batterie et qu’elle peut transmettre des informations à travers de larges distances.
La puce sous-cutanée peut contenir une mémoire qui stocke des données numériques, comme un code composé de 15 chiffres qui identifie le porteur. Elle peut aussi être reliée à une base de données sécurisée sur Internet, qui contient des informations plus détaillées sur le porteur, comme son nom, sa date de naissance, son dossier médical, ses coordonnées bancaires, etc.
La puce sous-cutanée se pose à l’aide d’une seringue intradermique, sans anesthésie ni douleur. Elle est généralement implantée du côté gauche, au niveau de la gouttière jugulaire. Elle est inerte et biocompatible, autrement dit, elle ne provoque pas de réaction du système immunitaire. Elle est aussi indétectable à l’œil nu et imperceptible au toucher.
Un marché bien réel
Loin de la science-fiction, des entreprises proposent déjà des puces sous-cutanées comme DSruptive et sa « BeUno ». Cette dernière permet de mesurer en temps réel la température du corps pour donner de précieuses indications sur la santé de la personne qui la porte.
Parmi les autres marques connues, Dangerous Things implante des puces sous-cutanées depuis 2005. Spécialisée dans le « biohacking », elle propose deux types d’implants : puces RFID, pour les applications de contrôle d’identité et d’accès, et implants magnétiques pour les applications de détection de champ magnétique et d’interaction magnétique.
De son côté, la société WalletMor propose pour 249 € de vous implanter une puce RFID afin de payer sans contact. L’entreprise VivoKey va un peu plus loin en proposant aussi le déverrouillage des Tesla, le partage de données via NFC ou la configuration d’un mot de passe à usage unique à l’aide de n’importe quel smartphone.
Impossible également de ne pas évoquer Neuralink, l’entreprise d’Elon Musk qui travaille depuis des années sur un implant (N1). Ce dernier ferait la taille d’une pièce de monnaie et serait placé à la place d’un bout de la calotte crânienne. Une interface cerveau-machine qui nécessite une intervention chirurgicale d’un quart d’heure environ et qu’Elon Musk présente comme « une montre connectée qui remplace un bout de crâne ».
La puce sous-cutanée n’est pas encore très répandue en France, où elle suscite des débats sur son acceptabilité et sa réglementation.
En 2016, on estimait que plus de 300 Français avaient accepté de se faire implanter une puce sous-cutanée. Certains l’utilisaient pour remplacer leurs clés, leur carte bancaire ou leur carte de transport. D’autres l’utilisaient pour accéder à certains lieux, comme des hackerspaces ou des festivals.
En 2018, une rumeur circulait selon laquelle le gouvernement français avait l’intention de dématérialiser la carte vitale en transférant les informations des utilisateurs vers les puces sous-cutanées. Mais il s’agissait d’un canular, car aucun projet de ce type n’était en cours de réalisation en Hexagone.
Les risques liés à l’implantation de puces sous-cutanées
L’implantation de ces puces a beau présenter certains aspects pratiques, elle soulève également de nombreuses questions et des levées de boucliers de la part de ses détracteurs qui alertent sur les dangers de ces technologies.
Le premier danger est celui du piratage. La puce sous-cutanée peut être victime d’une attaque qui vise à voler, modifier ou effacer les données qu’elle contient. Elle peut aussi être infectée par un virus ou un logiciel malveillant, qui peut endommager son fonctionnement.
L’autre préoccupation concerne le traçage. Autrement dit, la possibilité de suivre les déplacements, les activités ou les habitudes du porteur, sans son consentement ou sa connaissance.
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Enfin, d’importantes questions de vie privée se posent. En effet, la puce sous-cutanée peut être utilisée pour collecter, stocker ou transmettre des informations personnelles du porteur, sans son accord ou son contrôle. Elle peut aussi être utilisée pour discriminer, stigmatiser ou exclure le porteur, en fonction de ses caractéristiques ou de ses préférences.
Que pensez-vous de cette technologie et êtes-vous prêt à l’utiliser ?
Source :
France Info