Le verre à moitié plein. La startup nation se réveille en partie soulagée. Contrairement à ce qui était envisagé, le projet de loi de finances 2025 du gouvernement Barnier épargne le crédit d’impôt recherche (CIR).
Levier d’attractivité de la R&D française, cette niche fiscale permet aux entreprises de déduire de leur impôt sur les sociétés 30 % de dépenses qu’elles font apparaître dans leur bilan comme procédant de la recherche et développement.
Si le monde de la tech pousse un ouf de soulagement, la préservation du crédit d’impôt recherche ne fait pas que des heureux. Dans une tribune au Monde, un collectif de plus de deux mille universitaires et chercheurs estime que le CIR détériore l’écosystème français de recherche et de formation. Comment ? En privant de financement la recherche publique et l’université.
Les startups pénalisées
Pour autant, les startups ne sont pas complément épargnées par la rigueur budgétaire. Le crédit d’impôt innovation (CII) est purement et simplement supprimé. Ce dispositif permettait aux entreprises innovantes de moins de 250 salariés de déduire de l’impôt sur les sociétés 30 % des dépenses liées à « la conception de prototypes ou d’installation pilote de produits nouveaux ». 45 % des startups françaises en bénéficiaient selon France Digitale.
L’effort demandé des startups ne s’arrête pas là. L’article 7 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit la fin de l’exonération de cotisations sociales pour les jeunes entreprises innovantes. Cet avantage est désormais réservé aux PME de moins de huit ans. Et dirigées en partie par des chercheurs, note le site Contexte.
Sur X, le député Ensemble pour la République Paul Midy redoute « des conséquences délétères pour l’emploi et nos jeunes pousses ». Il et déposera « dès demain les amendements nécessaires pour annuler cette suppression et continuer à soutenir nos entrepreneurs ».
Des investissements en baisse et davantage fléchés
La note est également salée pour les grands programmes d’investissement. La mission « Investir pour la France de 2030 » voit ses crédits de paiement fondre à 4,3 milliards d’euros contre 5,7 milliards cette année. Par ailleurs, le gouvernement entend renforcer l’évaluation des projets faisant l’objet d’un soutien public.
« L’objectif est de maximiser la performance de l’investissement en pilotant plus directement les priorités stratégiques du gouvernement », comme ce dernier a pu le faire en 2024. Comment ? En augmentant les financements dédiés à l’IA dans la continuité de la remise du rapport de la Commission de l’intelligence artificielle.
S’ils prennent majoritairement la forme de subventions ou d’avances remboursables, les engagements du plan France 2030 peuvent également se traduire par des prises de participation en fonds propres. En 2025, un milliard d’euros sera dédié à l’alimentation des fonds d’investissement dédiés à la rupture technologique comme French Tech Souveraineté.
Le plan France Très Haut Débit amputé de moitié
Enfin, comme le redoutait l’industrie des télécoms, le plan France Très Haut Débit, qui vise à généraliser la couverture de la fibre optique sur tout le territoire, perd un peu plus de la moitié de son budget. Il avait déjà été amputé de 155 millions d’euros en février. Les autorisations d’engagement passent de 97 à 47 millions d’euros. Et les crédits de paiement de 464 à 247 millions d’euros.
« En 2025, les crédits de paiement seront principalement mobilisés pour les décaissements au titre des appels à projets « réseaux d’initiative publique » (RIP) et pour amorcer le déploiement de la fibre sur le territoire de Mayotte », indique le gouvernement. Une expérimentation à hauteur de 16,1 millions d’euros sera aussi lancée l’an prochain. Le but ? « Evaluer le coût des raccordements complexes dans le domaine privé ». Une maigre consolation.
Cette réduction de la voilure de plan France Très Haut Débit fera bondir de colère les acteurs de la filière. Depuis plusieurs trimestres, le déploiement de la fibre optique ne cesse de ralentir. Et cela rend difficilement atteignable l’objectif présidentiel d’une France 100 % fibrée d’ici à fin 2025.
La fibre optique est, par ailleurs, appelée à se substituer au réseau cuivre qui va être progressivement décommissionné d’ici 2030. Présidente de l’Arcep, le régulateur du secteur, Laure de La Raudière prévoit d’ores et déjà des reports de calendrier pour la fermeture commerciale de l’ADSL planifiée au 31 janvier 2026.