ce qu’il faut savoir avant de s’inscrire sur le concurrent de Twitter

ce qu’il faut savoir avant de s’inscrire sur le concurrent de Twitter


Expérience vouée à l’échec ou alternative crédible à X (anciennement Twitter) ? Depuis son lancement au printemps, Bluesky attire de plus en plus d’utilisateurs – du moins ceux qui arrivent à s’y faire inviter. A quoi ce nouveau réseau social ressemble-t-il ? Qui est derrière ? Quelle différence avec Twitter ou Mastodon ? Qu’entend-il accomplir ? On répond à toutes vos questions.

Qu’est-ce que c’est que ce nouveau réseau social ?

Bluesky reprend quasiment à l’identique l’interface de Twitter. On peut y poster de courts messages, des « posts » de 300 signes et des images, et s’abonner aux comptes d’autres utilisateurs. Sans surprise, on peut « reposter » le message de quelqu’un d’autre pour le partager avec ses propres abonnés, ou encore le « liker » pour signifier son adhésion.

Le site comptait 100 000 utilisateurs à la fin du mois de mai, ils y sont désormais 1,6 million. Une forte hausse, à mettre toutefois en perspective : il y a encore 225 millions de comptes actifs sur X – un chiffre toutefois en baisse – et Mastodon, une autre alternative à Twitter, lancée en 2016, recense 14 millions de comptes (dont 1,7 million de comptes actifs).

Est-ce que je peux m’y inscrire dès maintenant ?

Bluesky est encore en phase de test et limite volontairement le nombre de comptes par un système d’invitations. Pour rejoindre la plate-forme, il faut s’inscrire sur liste d’attente ou obtenir un code auprès d’un des utilisateurs déjà présents. Ceux-ci reçoivent, tous les dix jours environ, un des fameux sésames à distribuer.

Exemple de codes d’invitation Bluesky que les utilisateurs reçoivent régulièrement.

On y recense cependant déjà quelques gros comptes, notamment de médias comme le Washington Post, le New York Times, Bloomberg ou la radio publique américaine NPR. Le Monde est également présent sur Bluesky, mais, comme le précise astucieusement sa biographie, n’y poste rien.

Mais que diable font ces gens sur Bluesky ?

Le réseau social a connu des vagues d’inscriptions souvent corrélées aux annonces du très clivant Elon Musk, propriétaire de X. Elles se sont accélérées avec le début de la guerre entre Israël et le Hamas, tandis qu’étaient largement diffusées sur X des images et vidéos violentes du conflit, parfois manipulées, rarement modérées.

Dans les mois qui ont précédé, les premiers utilisateurs de Bluesky louaient déjà son ambiance bon enfant, qui rappelle, selon ces nostalgiques, le « Twitter des débuts ». D’autres, justement, lui reprochent cette légèreté et un certain entre-soi. Bluesky est aussi réputé plus simple d’utilisation que Mastodon, plate-forme comparable par de nombreux aspects mais à l’interface moins directement calquée sur celle de Twitter.

C’est donc comme Twitter, mais sans personne dessus ?

Bluesky reprend, pour le moment, les fonctionnalités fondamentales de Twitter, mais beaucoup d’options, généralement considérées comme basiques, en sont encore absentes. Les gif animés et les vidéos ne fonctionnent pas pour le moment, les équipes du service reconnaissant qu’ils n’auraient encore pas les moyens de les modérer. Il n’est pas non plus possible d’envoyer des messages privés ou de faire un sondage.

Mais, même à l’état de prototype, Bluesky n’est pas non plus juste « Twitter en moins bien ». Ainsi, si sur X l’algorithme décide, selon des critères assez nébuleux, du contenu que vous verrez, Bluesky permet à tout un chacun de créer et de partager ses propres algorithmes – ici baptisés « feeds ».

Le Monde

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S’abonner

Il est ainsi possible de s’abonner à différents feeds et de naviguer de l’un à l’autre comme on changerait d’onglets sur son navigateur Web. Parmi les plus populaires, citons « Top skeets FR », qui montre les posts francophones les plus populaires, « Followers », qui permet de voir ce que postent ses abonnés, « What’s science » qui met en avant les contenus scientifiques, ou encore « Blacksky », dont l’ambition est d’amplifier les messages des utilisateurs noirs de la plate-forme.

A noter qu’il est aussi tout à fait possible de se passer de ces feeds et de simplement suivre, sans algorithme ni publicité, les posts de ses abonnements.

Pourquoi entend-on dire que Bluesky est une émanation de Twitter ?

En 2019, Jack Dorsey, alors PDG de Twitter, charge une équipe conduite par Parag Agrawal d’imaginer une technologie capable de faire fonctionner des réseaux sociaux de manière décentralisée, connectés et néanmoins autonomes. Un des intérêts théoriques de cette technologie, baptisée « protocole AT » : permettre une modération plus efficace, exercée au niveau de chaque réseau, plutôt que par une autorité centrale. Bluesky est alors une version simplifiée de Twitter compatible avec le protocole AT – il en deviendra la vitrine.

Car, en 2021, alors que Parag Agrawal remplace Jack Dorsey à la tête de Twitter, Bluesky prend le large et devient une entreprise indépendante. Sa présidente en est aujourd’hui Jay Graber, même si Jack Dorsey garde une place au conseil d’administration. Bluesky reste financé par Twitter jusqu’à la fin de 2022 et son rachat par Elon Musk.

Profil de Jay Graber sur Bluesky, le réseau social dont elle est PDG.

Pardon de vous interrompre, mais c’est quoi cette histoire de décentralisation ?

Il est impossible aujourd’hui pour des utilisateurs de plates-formes comme Twitter, Facebook ou YouTube d’interagir directement : les réseaux de ce genre tournent en vase clos. Les prosélytes des réseaux sociaux décentralisés souhaitent mettre au point un protocole qui permettrait de communiquer d’une plate-forme à l’autre, de la même façon qu’on peut avoir une boîte mail « @gmail.com » et échanger avec les propriétaires d’adresses « @laposte.net » ou « @orange.fr » de façon totalement transparente.

Bluesky n’est pas le premier à explorer cette voie avec son protocole AT. En réalité, une technologie concurrente, ActivityPub, permet depuis des années aux utilisateurs des réseaux sociaux Mastodon, Misskey ou de la plate-forme de streaming vidéo PeerTube de communiquer entre eux. Une approche qui a séduit jusqu’à Facebook : Threads, son nouveau réseau social officiellement encore indisponible en Europe, a vocation à rejoindre cette galaxie décentralisée. Au firmament d’une autre galaxie, celle du protocole AT brille pour l’heure une seule étoile : celle de Bluesky. Les ingénieurs derrière le projet l’ont néanmoins promis : au début de 2024, AT pourra accueillir lui aussi tout un tas d’applications.

Mais à quoi bon lancer une nouvelle technologie, plutôt que de travailler de concert avec celle déjà existante ? Pour les développeurs de Bluesky et d’AT, la réponse est simple : ils mettent en avant leur volonté d’offrir aux utilisateurs un contrôle inédit de leurs données personnelles. L’idée est que chacun en sera vraiment propriétaire et pourra, s’il décide par exemple de quitter Bluesky pour rejoindre un de ses futurs concurrents, les emporter avec lui. Une médaille qui a son revers : pour l’heure, Bluesky protège très peu les données de ses utilisateurs, et beaucoup d’informations normalement cachées y sont publiques.

Que devient Jack Dorsey dans tout ça ?

L’encombrant Jack Dorsey (il soutient activement Robert F. Kennedy Jr., candidat complotiste à la Maison Blanche) n’est pas le PDG de Bluesky mais figure bien à son conseil d’administration. Il a toutefois supprimé son compte Bluesky en septembre et n’a plus posté non plus sur Twitter depuis.

Il utilise, en revanche, quotidiennement Nostr, une technologie de réseau social décentralisée concurrente des protocoles ActivityPub et AT s’appuyant ouvertement sur la blockchain. Certains ont vu dans une de ses prises de position publiques – « La seule solution est de bâtir sur des protocoles décentralisés comme Nostr et le bitcoin » – comme un désaveu implicite de Bluesky. Les développeurs de ce dernier assurent, en effet, que, si le protocole AT sera compatible avec la blockchain et que leurs concurrents pourront s’en saisir s’ils le souhaitent, Bluesky, lui, n’en fera pas usage.

C’est bien beau tout ça, mais comment se finance Bluesky ?

C’est la grande question. Pour le moment, aucun modèle économique ne se dessine. Tout juste peut-on s’y payer un nom de domaine personnalisé et infalsifiable. Car si les noms d’utilisateur sur Bluesky sont construits sur le modèle « @XXX.bsky.social », il est possible d’utiliser un nom de domaine possiblement plus élégant, ce qui a, en outre, l’avantage de prouver que l’on est bien la personne, le média ou le service que l’on prétend être.

Ainsi, le nom d’utilisateur du journal Le Monde sur Bluesky n’est pas @lemonde.bsky.social, mais @lemonde.fr, indiquant que les administrateurs du compte sont les mêmes que les propriétaires du nom de domaine www.lemonde.fr.

J’ai trop hâte de vous suivre, ça se passe où ?

On peut accéder à Bluesky par l’application officielle disponible sur iOS ou Android, ou sur le site Bsky. app. D’autres outils alternatifs existent, tels que le site Deck.blue, qui reproduit l’expérience du Tweetdeck de Twitter, ou encore l’application GreySky, qui permet déjà de poster des gif animés. Mais, bien sûr, avant cela, il va vous falloir trouver un code d’invitation.





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