Ces 100 000 transactions douteuses que Binance aurait dû (aussi) signaler

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Il ne suffit pas de faire, il fallait tout faire. Selon la justice américaine, Binance, le leader des plateformes d’échanges de crypto-actifs, a largement failli dans ses obligations de signalement des transactions suspectes. C’est l’une des raisons de l’amende colossale de 4,3 milliards de dollars qui vient d’être prononcée contre la firme.


La sanction a été assortie de la démission forcée de son charismatique patron Changpeng Zhao, qui a plaidé coupable pour mettre fin aux poursuites. Le communiqué judiciaire signale ainsi le transit sur Binance à des fins de blanchiment de “centaines de millions de dollars” douteux.

 



Ces flux provenaient de gangs de rançongiciels, de marchés noirs en ligne ou de diverses escroqueries. Certes, comme le signale la justice américaine, Binance a bien demandé à ses utilisateurs de renseigner leur identité. Mais seulement à partir d’août 2021, et laissant aux anciens clients trop discrets la possibilité de faire des transactions jusqu’en mai 2022.

Efforts de communication 

Pourtant, ces dernières années, Binance n’avait ménagé ses efforts pour montrer qu’elle coopérait avec les polices du monde entier pour détecter les flux de crypto illicites. Ce cybergendarme du centre de lutte contre les criminalités numériques, rencontré en juin 2022, estimait d’ailleurs que la plateforme se conformait bien à ses obligations réglementaires.


La firme de Changpeng Zhao avait notamment raconté en juin 2021 comment elle avait contribué à l’enquête sur Fancycat. Ce gang était soupçonné d’avoir blanchi plus de 500 millions de dollars de rançons. L’entreprise avait expliqué avoir identifié une activité suspecte.



Elle avait ensuite trouvé, avec des entreprises spécialisées dans l’investigation sur les blockchain TRM Labs et Crystal, des liens avec le ransomware Petya et le groupe de cybercriminels Cl0p. En France, plusieurs affaires judiciaires avaient également été facilitées par la coopération de Binance. Comme par exemple l’affaire Platypus, ce siphonnage d’une plateforme de finance décentralisée qui est en cours de jugement à Paris.

Flux importants 

Toutefois, ces succès étaient visiblement l’arbre qui cachait la forêt. L’acte d’accusation qui vient d’être dévoilé mentionne par exemple le transfert depuis le marché noir Hydra vers Binance de l’équivalent de 106 millions de dollars en bitcoins entre août 2017 et avril 2022. Des virements émis pourtant par un petit nombre d’adresses, alors que la mauvaise réputation du marché noir n’était plus à faire.



De même, pendant un an, les flux vers le mixer BestMixer ont également été particulièrement intenses, avec un volume s’élevant à 275 millions de dollars. Des échanges finalement stoppés par la fermeture de ce service par les Pays-Bas, en mai 2019.
Le communiqué du Trésor souligne enfin que Binance, déjà épinglée sur ce sujet par Reuters, n’avait pas signalé de nombreuses transactions liées à des gangs de rançongiciel.



Ce genre de cybercriminels, le fléau numérique du moment, auraient ainsi blanchi sur la plateforme plusieurs millions de dollars de rançons liées à au moins 24 souches différentes de programmes malveillants. Soit en tout plus de 100 000 transactions suspectes passées bien trop facilement sous le radar de Binance, et qui lui valent désormais cette amende colossale.



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