Une masse de données désormais connue sous le nom de Uber Files a été transmise par le journal The Guardian à un groupe de journalistes qui l’a décortiquée et en a sorti différentes révélations.
L’une d’elle concerne l’existence d’un » kill switch « , ou court-circuit, qui a été utilisé pour empêcher l’accès à des données sensibles lors de perquisitions. Or, la filiale Uber France en a connu plusieurs en 2015 autour du sujet sensible du lancement du du service UberPop que la firme espérait lancer dans l’Hexagone mais qui ne verra finalement jamais le jour.
Une série d’emails révèle que le mécanisme a été utilisé en mars 2015 lors d’une de ces perquisitions, ce qui a conduit à la désactivation des ordinateurs et serveurs, rapporte la cellule d’investigation de Radio France, qui fait partie du consortium ayant analysé les documents.
Ce dispositif avait déjà été utilisé à plusieurs reprises en 2014, dès que des dirigeants et cadres étaient perquisitionnés et interrogés, de manière à ce qu’ils ne puissent fournir aucune information, même s’ils le voulaient.
Au moins une fois pourtant, le kill switch n’a pas pu être activé lors d’une perquisition à Bruxelles où les agents sont arrivés sans prévenir et ont ordonné aux salariés de s’éloigner des ordinateurs, permettant de récupérer des informations.
La réponse fut toutefois rapide avec le blocage des comptes des salariés et celui des ordinateurs saisis. A la suite de ces actions, Uber diffusera des recommandations et un véritable manuel anti-perquisition a été diffusé dans lequel il est notamment conseillé de ne conserver qu’un minimum de documents sur les ordinateurs et de verrouiller aussi vite que possible son compte tout en donnant l’apparence de vouloir coopérer.
Discrétion et efficacité
Dans divers autres cas, le kill switch s’avère très efficace et agace les autorités, qui menacent. Les échanges d’emails révèlent une sorte de jeu du chat et de la souris où il s’agit de faire semblant de coopérer, voire d’être surpris de ne pouvoir faire fonctionner les ordinateurs.
Ce kill switch existe-t-il toujours ? La direction d’Uber affirme qu’il a été désactivé depuis 2017 (avec le départ du cofondateur Travis Kalanick, remplacé par Dara Khosrowshahi) tout en soulignant qu’elle dispose d’outils de protection à distance des données, « comme de nombreuses entreprises« .
Elle réfute en outre toute tentative d’obstruction à la justice, préférant y voir un moyen de défendre sa propriété intellectuelle et les données de ses clients. Comme le note France Info, aucune poursuite n’a été engagée en France contre Uber à propos du kill switch et de ses conséquences, peut-être aussi grâce à sa nature très secrète.